Luc 9,27-36
Transfiguration de Jésus : de la Gloire à la Nuée
Évangile du dimanche 16 mars
Dans cet évangile, c’est la glorieuse Transfiguration de Jésus qui élève Moïse et Élie vers les nuées du Ciel ; leur donnant accès à ce Royaume d’où la voix du Père se fait entendre. Bientôt ce sera la gloire de sa Résurrection qui y convoquera ses disciples, et la foule de ses élus.
Données introductives sur Luc 9,27-36
| Évangile du dimanche 16 mars 2025 : | 2ème dimanche de Carême - Année C |
|---|---|
| Synopse de cet évangile : |
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| Niveau d’enseignement : | 2ème niveau : Enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres) |
| Collier évangélique : | Collier central |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
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L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 9, versets 27 à 36
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- En vérité Moi Je vous le dis : Il y a parmi les hommes qui sont debout ici, et qui sont loin d’avoir goûter à la mort, qui auront à être des témoins oculaires de ce qui a lieu dans le Royaume de Dieu.
- Or il en fut ainsi, huit jours après ces paroles, quand Jésus prit à part Simon, Jacques et Jean, et monta sur une montagne pour prier.[1]
- Et quand Il fut en prière, ils virent que Son visage s’était mis à changer et que Ses vêtements étaient devenus blancs et resplendissants.
- Et voici qu’Il enseignait[2] à deux hommes, qui étaient Moïse et Élie.
- Et ayant été rendus visibles à eux dans la Gloire, ils[3] étaient en train de parler précisément de Son départ qui s’accomplirait à Jérusalem.
- Étant comme accablés de sommeil, Simon et ceux qui étaient avec lui se réveillèrent et ils virent Sa Gloire et leur [celle de Moïse et Élie] divinisation
- et ce fut alors au moment de se séparer que Simon dit à Jésus : Maître il est bon pour nous d’être ici, laisse-nous faire trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse et une pour Élie ; il ne maîtrisait pas ce qu’il disait !
- Au moment où il disait ces mots, une nuée vint sur eux et les recouvrit et il furent effrayés quand ils virent Moïse et Élie entrant dans la nuée.
- Et une voix forte vint de la nuée pour dire :"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le".
- et quand la voix se fut tue, Jésus était là , seul, et eux se turent et ils ne dirent à personne en ces jours-là ces choses dont ils avaient été témoins oculaires.
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Commentaire et contexte de cet Évangile
Un moment de bascule dans les esprits
L’épisode de la Transfiguration décrit sans doute un moment capital dans l’évolution de la conscience religieuse du peuple juif ; dans sa façon d’envisager, aussi bien les choses de la vie que la réalité de la mort. Et il n’est pas étonnant que les trois évangiles synoptiques l’aient fixé à peu près dans les mêmes termes et donc avec un égal souci de fidélité. Dans l’évolution des mentalités, cet événement marque en effet un moment de basculement où, par ses Paroles et par ses Actes, le Sauveur a renouvelé en profondeur la vision que le peuple hébreu se donnait du monde d’après la vie.
En apparaissant dans Sa gloire et en accompagnant Moïse et Élie vers le Royaume du Père, Jésus a en effet ouvert aux hommes cet insondable mystère qu’est l’au-delà de la vie terrestre ; leur révélant ce qu’il se passera pour eux, lorsque, s’étant abandonnés à la mort, ils se retrouveront au shéol[1], puis « dans le sein d’Abraham » ; en compagnie de tous les sages et de tous les justes de l’Histoire des enfants d’Abraham.
Des prophètes et des apôtres qui se font écho
A ce titre, il est significatif que la tradition rapportée par Luc mette en présence six personnages qui sont tirés, pour moitié de l’Ancien et pour moitié du Nouveau Testament ; et que ces personnages se fassent écho deux à deux.
En haut de la montagne et autour de Jésus qui leur parle se trouvent deux figures majeures de l’Ancienne Loi : Élie et Moïse. Tandis qu’en contrebas sont groupés trois des premiers apôtres ; ceux que le Maître a choisis pour l’accompagner en cette circonstance singulière. Il y a Jacques et Jean qui sont les deux fils de Zébédée ; et puis il y a Simon-Pierre qui n’est alors qu’un débutant dans la foi[2].
Un jour prochain ces trois disciples seront appelés à jouer dans l’histoire du Salut un rôle analogue à celui que Jésus et les deux prophètes auront joué avant eux.
- Simon conduira l’Église à travers les tribulations de son histoire ; de la même façon que Moïse a conduit le peuple hébreux, à travers les aridités de l’Exode.
- Jean fera une sublime expérience de la vie mystique qui lui vaudra d’être comparé à Élie ; ce prophète qu’un char de feu éleva directement dans le sein du Père.
- Enfin, Jacques sera le premier martyr de la jeune Église. Et c’est à ce titre que Luc lui fera l’insigne honneur de le comparer à Jésus Lui-Même ; dans le rôle de l’Agneau Immolé.
A ce sujet, lire notre commentaire sur Marc 8,27-35 : Jésus se révèle à ses disciples : Il sera le Messie souffrant.
De la Gloire de Jésus aux Nuées du Ciel
C’est un peu à une expérience de mort imminente (EMI) que fait penser le texte de Luc ; à une expérience un peu indécise que l’homme ne peut faire que lorsqu’il est sur le point de passer de vie à trépas. On pense à ce fameux tunnel de lumière sur lequel les services de réanimation des hôpitaux ont maintenant recueilli le témoignage de quantité de patients ; à l’intensité de cette clarté qui ne blesse pas leur regard, à la paix qu’ils disent en avoir éprouvée. Un tel phénomène ne fait-il pas penser à la « gloire » qui transfigure les vêtements et le corps de Jésus, et à cet éblouissement dans lequel Moïse et Élie sont comme absorbés, pour être transportés dans la Nuée lumineuse où la voix du Père se fait entendre ?
La résurrection de la fille de Jaïre en est un exemple.
Ce que les disciples ne peuvent pas encore comprendre
En leur permettant d’être les témoins oculaires de cette scène qui est inconcevable pour leur raison humaine, Jésus confronte ses disciples à une réalité surnaturelle qui les dépasse totalement et dont ils ne peuvent que pressentir la présence. De même qu’ils ne pourront pas comprendre ce que peut signifier l’expression « ressusciter de la maison des morts », ils ne peuvent pas du tout imaginer à quel genre de mission Jésus se prépare ; une mission qui commencera à Jérusalem, passera par le Calvaire, et aura son accomplissement après la Résurrection et sur cette montagne ; laquelle Résurrection permettra la manifestation définitive de Sa gloire, puis la pleine révélation de ce Royaume de Dieu dont les nuées du Ciel sont l’image.
En proposant de monter trois tentes, c’est cette incompréhension que Simon manifeste. Il le fait dans un réflexe tout humain et finalement assez normal. Comment pourrait-il comprendre que la scène qu’il lui est donné de voir n’est finalement que le début d’un mystère infiniment plus grand, pour ne pas dire la partie visible d’un gigantesque iceberg surnaturel ?
Le moment qu’ils sont en train de vivre est si extraordinaire que le futur Chef de l’Église voudrait bien le pérenniser ; en retenant Jésus et les deux prophètes et en les obligeant en quelque sorte à rester sur cette terre avec eux.
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