Luc 6,17-26
Bienheureux les pauvres, le Royaume de Dieu est pour eux

Par-delà les bonheurs et les malheurs de la vie, Jésus appelle à un renoncement qui ouvre sur les Béatitudes. Ce sera la plus audacieuse nouveauté du Christianisme.
Dans cet évangile, et à la suite de l’introduction faite par Matthieu, Luc développe un enseignement qui s’inscrit dans le cadre des missions ; lesquelles rencontreront des oppositions intérieures et des persécutions.
Données introductives sur Luc 6,17-26
Évangile du 16er février 2025 : | 6ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C |
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Synopse de cet évangile : |
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Complément d'information : | Marie Mère de l’Église page 550 |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : | Collier lévitique (Malpanoutha) |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 6, versets 17 à 26
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Jésus descendit avec eux et se tint debout dans un terrain ouvert où se réunirent beaucoup de ses disciples. Et beaucoup plus se réunirent encore des nations de la région, venant de toute la Judée, et venant de Jérusalem, et venant de la zone côtière de Tyr et Sidon.[1]
- Ils étaient venus pour entendre sa Parole et être guéris de leurs maladies et de leurs infirmités. Et ceux qui étaient tourmentés, par ce qui venait des esprits mauvais, étaient libérés.
- Et toute cette foule s’efforçait de s’approcher pour Le toucher car une Force jaillissait de Lui, qui les guérissait tous.
- Et Il tourna les yeux vers ses disciples et dit :
« Bienheureux les pauvres ! le Royaume de Dieu est pour eux, - Bienheureux vous qui avez faim aujourd’hui car vous serez rassasiés,
Bienheureux vous qui pleurez aujourd’hui car vous rirez. - Bienheureux serez-vous quand les fils des hommes vous haïront et vous rejetteront, vous outrageront et rejetteront votre nom comme maléfique à cause du Fils de l’Homme.
- Réjouissez-vous en ce jour-là et bondissez de joie car votre récompense sera grande dans le Ciel, car c’est ainsi que leur pères agissaient contre les prophètes.[2]
- Mais malheur à vous qui êtes riches, car vous avez votre consolation,
- Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim,
Malheur à vous qui riez maintenant, car vous pleurerez et vous vous lamenterez. - Malheur à vous quand ils se mettront à dire que vous êtes bien au-dessus d’eux - les enfants des hommes - car ce fut ainsi que leurs pères ont fabriqué des prophètes du mensonge.
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Commentaire et contexte de cet Évangile
De la « pêche miraculeuse » au « sermon sur la montagne »
Neuf mois séparent le « sermon des béatitudes » de la première « pêche miraculeuse » ; neuf mois au cours desquel la Parole du Sauveur s’est répandue dans tout le pays d’Israël, à la façon d’une trainée de poudre.
Elle y a suscité un grand nombre de conversions, mais aussi quantité de controverses et de conflits ; toutes choses qui ont eu pour effet d’agiter les esprits et de créer une ambiance peut-être un peu moins paisible qu’elle ne l’avait été au tout début de la prédication.
Pour premiers collaborateurs, Jésus était venu chercher quatre pêcheurs du lac de Tibériade. D’abord Simon et son frère André, puis Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Pour faire d’eux des pêcheurs d’hommes, Il les avait tirés de la tranquillité de leurs maisons et de leurs villages, et c’est sans hésitation qu’ils avaient tout quitté pour Le suivre. Tout cela se passant avec discrétion et dans une ambiance paisible.
Jésus attire des foules venues des douze tribus et de la diaspora d’Israël
Or maintenant, avec le sermon des béatitudes, c’est une foule considérable et bigarrée que le Seigneur attire à Lui pour lui dispenser son enseignement. Elle est composée de toutes sortes d’hommes et de femmes qui appartiennent à toutes les tribus d’Israël. Les uns viennent de Jérusalem et des montagnes de Judée, les autres des rivages de Tyr et de Sidon. Ils n’ont pas hésité à faire ce long voyage ; les uns pour voir le Seigneur et pour pouvoir peut-être « toucher le bas de Sa tunique » ; les autres, peut-être, par simple curiosité.
Depuis le méplat de la montagne
Cette foule, Jésus ne la réunit pas à l’endroit où il a rencontré Simon, sur le rivage enchanteur de la mer de Galilée. C’est-à-dire sur ce petit Eden qu’on appelle « le jardin du roi ». Il la convoque sur les monts, appelés les Cornes d’Hattin, et qui dominent ce site. Cet espace ouvert donne vue sur un immense panorama sillonné par une multitude de routes qui relient entre eux les chefs-lieux des différentes tribus d’Israël. Il est assez vaste pour accueillir en même temps plusieurs milliers de personnes ; et propre à inspirer à l’esprit le désir de prendre de la hauteur et de voir au loin.
La formation des disciples... et des disciples des disciples
L’enseignement que Jésus entend donner à cette foule est d’une singulière importance. C’est en effet un enseignement de base que tous ses disciples devront apprendre à assimiler et à transmettre et qui constitue le cœur même de la Bonne Nouvelle. Il structurera entièrement leur vie spirituelle et morale ; et il inspirera leurs actions.
Cela suppose évidemment que sa transmission s’opère d’une façon stricte et efficace ; ce qui - en raison du nombre élevé des participants - ne saurait se faire dans l’improvisation.
C’est pour cela que Jésus invente et met en place un système pédagogique extrêmement sophistiqué ; une pratique collective d’apprentissage qui permettra à ses disciples de mémoriser ses Paroles et à ses missionnaires de les transmettre à la foule avec une absolue fidélité.
Outre qu’il sera dispensé tout au long de l’année et fera alterner les « écoles d’été » et les « écoles d’hivers », cet enseignement donnera lieu à des sessions de différents niveaux qui se succéderont pour former un véritable cursus. Ainsi s’adapteront-elles à la formation des cadres de l’Église et de ses missionnaires ; qu’il s’agisse de ses évêques, de ses prêtres où tout simplement de ses diacres qui devront entraîner les nouveaux convertis à mémoriser la Parole de Dieu et à se l’échanger les uns les autres dans une relation de cœur-à-cœur.
De Matthieu à Luc
Pour bien comprendre ce qu’a pu être le souci pédagogique de Luc quand il a rédigé son sermon des béatitudes, il convient de comparer son texte avec celui que Saint Matthieu nous a laissé par ailleurs. Etant le premier en date, ce texte a pu lui servir de modèle.
Toujours très soucieux de s’inscrire dans la tradition d’Israël, Lévi-Matthieu a donné à sa composition la forme d’une « malpanoutha » : mot araméen désignant ces enseignements magistraux de référence que l’on fixait oralement et que l’on mettait en ordre avec le plus grand soin. C’était de petites sommes que l’on réservait à la formation des lecteurs de haut niveau ; et notamment de ceux qui allaient devenir les prêtres et les évêques de la future Église.
Comparé à ce texte, le récit que fait Luc semble être des plus elliptiques. Il a l’air d’avoir été compressé pour présenter une forme à la fois très simple et très parlante ; bien adaptée à cette première formation des diacres.
Significativement, l’évangile de Luc se focalise sur l’opposition de quatre bonheurs et de quatre malheurs ; c’est-à-dire sur l’affirmation d’un paradoxe qui sonne comme un oxymore et constitue ce qui est peut-être la proposition la plus audacieuse et la plus déroutante de tout l’Évangile ; celle qui donne à l’homme la clé de cette mystérieuse béatitude qu’il devra rechercher toute sa vie, avec foi et obstination, au-delà de ce qu’il a naturellement tendance à considérer comme le bonheur et le malheur.
Bienheureux les pauvres ! le Royaume de Dieu est pour eux,
Bienheureux vous qui avez faim aujourd’hui car vous serez rassasiés,
Bienheureux vous qui pleurez aujourd’hui car vous rirez …
... Bienheureux, Bienheureux, Bienheureux
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