Luc 24,1-12
Le tombeau vide de Jésus : un vivant disparu des morts ?

Pour bien comprendre cet épisode de la découverte du tombeau vide, et saisir toute la richesse de ses allusions, la liturgie nous propose deux textes qui se font écho et se complémentent : d’une part l’évangile de ce Dimanche (Luc 24,1-12) qui est l’écho des femmes et de Pierre, et d’autre part un passage de Jean (20,3-9) où Pierre se révèle être le témoin le plus précis.
Données introductives sur Luc 24,1-12
Évangile du dimanche 20 avril 2025 : | Résurrection du Seigneur - Année C |
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Synopse de cet évangile : |
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Complément d'information : | Marie Mère de l’Église pages 583 et 586 |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : | Colliers de la Résurrection |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 24, versets 1 à 12
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- [1]À l’aurore du premier jour de la semaine, alors qu’il faisait encore sombre, elles vinrent au tombeau et elles apportèrent les aromates qu’elles avaient préparés, et étaient avec elles d’autres femmes.
- Et elles trouvèrent la pierre qui avait été rejetée loin du tombeau.[2]
- Et elles entrèrent, et elles ne trouvèrent pas le Corps de Jésus.
- Et ce fut pour elles encore plus d’étonnement car deux hommes se tinrent alors debout devant elles en vêtements éblouissants.
- Et elles furent effrayées et baissèrent leur visage vers la terre et ils leur dirent : pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?
- Il n’est pas ici. Il s’est relevé ; rappelez-vous ce qu’Il vous avait bien dit quand Il était en Galilée :[3]
- "Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains d’hommes pécheurs, qu’Il soit crucifié et qu’Il se relève le troisième jour".
- Et elles se souvinrent de Ses paroles.
- Et elles revinrent du tombeau et elles dirent toutes ces choses aux onze[4] et à ceux qui étaient là[5].
- Ces choses qui furent dites aux apôtres l’étaient par Marie-Madeleine, Jeanne, Marie la mère de Jacques, accompagnées d’autres [femmes].
- Leurs paroles brûlantes sur ce qu’elles avaient vu furent prises comme venant de folles et ils ne les crurent pas.
- Alors Pierre se lève et court jusqu’au Tombeau, et s’étant penché il voit seulement le linceul retombé à plat et s’en allant il fut bouleversé en lui-même par quelqu’Un allant devant lui.[6]
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Commentaire et contexte de cet Évangile
Le premier de ces textes, Luc 23 1-12, est un modèle de composition orale. Il est propre à être facilement mémorisé et de nature, par sa concision, à provoquer un choc dans l’esprit de celui qui l’écoute.
C’est en effet de façon très directe, et sans fioritures inutiles, qu’il rapporte le témoignage des trois femmes dont l’identité nous est révélée par un houtama[1]. Cette marque désigne Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques comme les femmes disciples qui ont fixé leurs témoignages et les ont cristallisés dans les perles qui ont servi à composer ce récitatif. Cette triple signature sert à certifier qu’elles ont bien été les témoins directs de l’évènement extraordinaire qu’elles rapportent ; de cet évènement qui, en un temps très bref, a été pour elles la cause de trois étonnements successifs ; pour ne pas dire de trois sidérations.
- Première cause d’étonnement : arrivées de grand matin, elles ont trouvé la grosse pierre qui fermait l’entrée du tombeau curieusement basculée sur le côté ; alors qu’elles s’apprêtaient à la rouler elles-mêmes[2].
- Deuxième cause d’étonnement : à peine entrées dans le tombeau et d’un premier coup d’œil, elles voient le linceul affaissé sur lui-même et, tout de suite, elles constatent que le corps de Jésus n’est plus là, et elles déduisent qu’il a été enlevé.
- Troisième cause d’étonnement : alors qu’elles étaient encore sous le choc de cette découverte et comme tétanisées par l’émotion, elles ont vu deux jeunes hommes en habits de lumière qui leur ont adressé d’étranges paroles ; lesquelles paroles venaient comme des réponses à des questions qu’elles n’avaient même pas eu le temps de leur poser :
« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici. Il s’est relevé ; rappelez-vous ce qu’Il vous avait bien dit quand Il était en Galilée ».
Écho dans Jean 20,3-9
Vient ensuite le supplément de Jean, témoignage qui devient particulièrement émouvant quand on pense au "Suaire de Turin" :
- Et Simon sortit avec l’autre disciple et ils vinrent au Tombeau.
- Et ils se mirent à courir tous deux ensemble mais le disciple courut plus vite que Simon[1] et vint le premier au tombeau.
- Alors, en s’inclinant, il vit les linges de lin reposés à plat mais toutefois il n’entra pas.
- Alors vint ensuite Simon et il entra dans le tombeau et il vit les linges de lin ainsi reposés
- et le sudarium, qui avait été disposé autour de sa tête, se tenait non pas de la même manière que le linceul mais encore enroulé et laissant l’auréole qu’il formait en place.[2]
- C’est alors qu’entra aussi ce disciple premier arrivé au tombeau, et il vit et il crut[3].
- En effet, n’était pas encore compréhensible pour eux ce qui avait été mis dans les Écritures : Il aurait à se relever à partir des morts.

"Suaire de Turin"
Attention à la confusion courante : le "Suaire de Turin" est un linceul en lin alors que le sudarium, dont nous parlons dans ce commentaire, est un suaire en coton d’Égypte dont la trace, qui pourrait faire penser à des cheveux longs, est visible autour du visage du Christ.
La course au tombeau
Au témoignage des femmes, saint Jean donne un complément qui concerne deux hommes : lui-même qui est spirituellement le plus inspiré des disciples, et Simon-Pierre à qui Jésus va bientôt confier les clefs de Son Église.
À peine avertis par les femmes, les deux apôtres prennent à la course le chemin du sépulcre. Pierre part en tête mais il est vite dépassé par Jean dont on sait qu’il était un « marathonien » hors pair. Son métier n’était-il pas de livrer à Jérusalem les poissons frais qu’on pêchait à Tibériade ? (soit une course d’environ 100 kilomètres !)
Ainsi le « disciple bien aimé » est-il le premier à glisser un œil à travers la porte du tombeau et à constater que les choses sont bien comme les femmes le leur ont dit ; qu’elles ne sont pas folles comme ils l’ont cru tout d’abord, eux et leurs compagnons. Toutefois, respectueux de la préséance dont il sent déjà que Simon va être investi par le Seigneur, il se garde d’entrer le premier et laisse à son condisciple l’honneur de constater par lui-même la réalité de l’évènement.
Et Simon, le cœur tout brûlant d’amour, de constater que le linceul qui recouvrait le corps de son Maître n’a été ni replié, ni roulé en bouchon, ni jeté à terre. Il semble plutôt s’être affaissé sur place après la disparition incompréhensible du corps qu’il contenait. Maintenant il repose à plat sur la dalle du tombeau et ne recouvre que le sudarium qui est enroulé et forme une bosse à l’emplacement où la tête de Jésus reposait.
La sépulture d’un prince
La pièce de tissu que l’on appelait sudarium était habituellement d’une qualité assez médiocre. Elle servait aussi bien aux hommes qu’aux femmes, pour se garantir du soleil et essuyer la sueur et la poussière de leur front. Mais elle était aussi utilisée dans les rituels funéraires pour envelopper la tête du mort et tenir sa bouche fermée.
La coutume était de la rouler, un peu comme les scouts ont coutume de le faire avec leur foulard, et de la disposer, à la manière d’un oreiller, derrière la nuque du cadavre. C’est ce qui est très visible sur le suaire de Turin, de part et d’autre du Visage de Jésus.
Cet oreiller formait alors, autour de la tête, une sorte d’auréole que l’on enrichissait, dans le cas des sépultures princières grecques, avec de fines tiges de bois dorées. On les piquait à l’intérieur, si bien qu’elles formaient une couronne rayonnante évoquant un astre lumineux. Ainsi on peut se demander si la présence de ce sudarium dans la tombe de Jésus n’était pas une allusion symbolique à sa qualité de prince d’Israël.
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