Jean 17,20-26

Pour qu’ils soient Un ; comme le Père et le Fils dans la Trinité

Évangile du dimanche 1^er juin

Dans cet évangile, Jésus livre aux hommes le secret qui leur permettra d’avoir part à la vie même de Dieu. Et Il le fait avec un rare souci pédagogique, en les initiant à cette transmission de « cœur à cœur » qui caractérisera la catéchèse orale de la première Église.

Données introductives sur Jean 17,20-26

Évangile du dimanche 1^er juin 2025 :	7^e Dimanche de Pâques - Année C
Synopse de cet évangile :	Luc 11,2 Marc 6,1 Matthieu 6,9 Jean 1,14 & 10,30 et 38 & 14,3 & 14,20
Niveau d’enseignement :	3^e niveau : enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres)
Cette perle est la 50^e perle du filet de Jean (Cf. p. 483 du livre "Les colliers évangéliques"). Elle fait partie du résumé (Jn 17,1-26) de l’enseignement global de Jean ; ce résumé est la prière de Jésus au Père qui conclut ainsi Son enseignement avant Sa Passion.

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 17, versets 20 à 26

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

^[1]Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui, par leur parole, croiront en Moi^[2].
Afin qu’eux tous soient "Un" ; comme Toi - Mon Père - et "Moi en Toi", pour qu’eux aussi soient "Un en Nous" ; afin que le monde croie que c’est Toi qui M’as envoyé.
Et la gloire que Tu M’as donnée, Je la leur ai donnée, afin qu’ils soient Un, comme Nous sommes Un.
Moi en eux, et Toi en Moi, afin qu’ils soient parfaitement Un, et que le monde connaisse que Tu M’as envoyé et que Tu les as aimés comme Tu M’as aimé.
Père, Je veux que là où J’irai [après la Résurrection], ceux que Tu M’as donnés viennent aussi avec Moi afin qu’ils voient Ma gloire^[3] ; la gloire que Tu Me donneras parce que Tu M’as aimé avant même la fondation du monde.
Mon Père, Tu es toute Justice^[4] et le monde ne l’a pas compris ; mais Moi Je l’ai compris et ceux-là ont compris que Tu M’as envoyé.
Je leur ai fait connaître Ton Nom, et Je Le leur ferai connaître afin que l’amour dont Tu M’as aimé soit en eux, et que Je sois en eux.

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Une lecture « spatialisée »

Dans cet évangile, c’est en homme de culture orale que Jésus évoque la « procession de l’Esprit-Saint » et le « mystère de la Trinité ». L’enseignement qu’Il y donne s’adresse en effet à des fils d’Israël qui, dès leur enfance, ont appris l’art de mémoriser et d’explorer en tous sens la Parole de Dieu ; et à se servir pour cela de ces singuliers outils de méditation et de rumination mentale que sont les « damiers », « filets », « colliers » et autres « parcours de remémoration ».
Ainsi appelait-on, dans le monde de la Bible, les procédés oraux de composition et d’apprentissage de la Parole que les lévites étaient chargés d’enseigner aux fidèles.

Leur principe consistait à spatialiser mentalement le contenu des textes, afin de pouvoir appréhender leur contenu d’une façon plus large, et de les explorer plus facilement et plus en profondeur. Une telle pratique permettait une récitation méditative et « plurielle » des textes ; une rumination qui multipliait les échos et renvoyait constamment l’esprit des auditeurs à d’autres mots du récitatif, à d’autres chapitres du livre ou à d’autres pages des Saintes-Écritures.

Yod hé wav hé : quatre syllabes pour dire Trois !

Pour bien comprendre ce que Jésus nous révèle relativement à la Sainte Trinité, il convient d’avoir à l’esprit le « tétragramme » ; c’est-à-dire « le mot imprononçable » que les auteurs bibliques ont forgé pour désigner l’insondable Mystère de Dieu ; ou pour parler plus précisément, la mystérieuse circulation d’Amour qui s’opère, entre le Père et le Fils, dans la communion de l’Esprit-Saint.

Ce mot qui résonne un peu comme une énigme, comporte quatre lettres hébraïques (qui se prononcent en quatre syllabes) dont l’association rend paradoxalement possible la représentation spatiale d’un système trinitaire. L’une des lettres – le « hé » – y figurant en effet deux fois : « Yod - Hé - Wav - Hé ».

Conformément au tour d’esprit des hommes de la Bible, c’est-à-dire d’un peuple nomade habitué à chercher sa route dans le désert en prenant les quatre points cardinaux pour repères, cette représentation utilise le support de deux axes perpendiculaires :
- un axe vertical qui a le « Yod » et le « Wav » à ses extrémités, et qui correspond à l’axe Nord-Sud
- un axe horizontal qui est constitué par le « hé » ; lequel « hé » se divise en deux pour s’étirer entre les deux directions (celle de l’Est et celle de l’Ouest)

Ainsi obtient-on le schéma d’une circulation Trinitaire ; laquelle part du « Yod » (qui est le Père) pour descendre vers le « Wav » (qui est le Fils), en passant par le « hé » (qui est l’Esprit) ; pour ensuite remonter du « Wav » vers le « Yod », en passant à nouveau par le « hé » (qui ainsi fait procession le long de l’axe, entre le Père et le Fils).

Image d'illustration — Le tétragramme du Yod Hé Wav Hé

La vie conjugale comme petite Trinité

Cette circulation trinitaire est le modèle que Jésus entend donner aux hommes pour leur permettre de s’immiscer dans le mystère de la Trinité et de configurer leur vie à la Sienne. Ils pourront ainsi nouer entre eux de véritables liens d’amour, propres à sanctifier tous les aspects de leur vie, et en particulier de leur vie conjugale.

Il est intéressant à ce sujet de se pencher sur l’interprétation que donne de ce fameux tétragramme une exégèse chrétienne ancienne. Elle attribue un caractère masculin et procréateur au « hé » par lequel l’Esprit descend du Père vers le Fils ; et un caractère féminin et fécond à celui par lequel Il remonte du Fils vers le Père ; invitant ainsi tous les époux à chercher le modèle de leur amour humain dans cette circulation de l’Amour divin ; et ainsi à devenir parfaitement « Un », comme le Père et le Fils sont « Un » dans la vie du Saint-Esprit.

Jésus l’unique lien entre Dieu et les hommes

C’est seulement par l’Incarnation de Jésus que les faibles lumières de l’homme peuvent devenir partie prenante de l’inaccessible Lumière de la Trinité ; que le passage est rendu possible entre le langage de Dieu et celui des hommes et que l’Amour infini du Créateur peut se refléter dans le cœur de ses créatures.

Notons que ces versets ne sont qu’une partie de la cinquantième perle (conclusive) de l’évangile de Jean et que trois autres parties seront commentées les prochains dimanches.

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Pierre Perrier

le 24 mai 2025

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