La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 17,11-19

Jésus guérit 10 lépreux dont un hérétique : le Samaritain

Évangile du dimanche 12 octobre

par , académicien

Menacés dans leur identité par les trois grands empires qui se partagent le monde antique, les Israélites ont tendance à se replier sur eux-mêmes. Jaloux de la mission que Yahvé leur a confiée, ils développent une mentalité obsidionale que le christianisme va bousculer en ouvrant la tradition de Moïse aux nations païennes ; ce que les prêtres, les scribes, les pharisiens et tous ceux qui aspirent à accaparer le pouvoir ne pourront pardonner à Jésus.

Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :

Plus qu’un étranger, c’est un hérétique que Jésus guérit avec le Samaritain. Son amour s’ouvre ainsi à tous les hommes et Il invite l’Église à étendre sa compassion au-delà de ses propres enfants. Les Hébreux n’ont pas le monopole de la miséricorde.
D’ancienneté, l’hérésie samaritaine procédait du refus par les rabbis d’Israël de laisser se développer une liturgie particulière dans la tribu de Manassé (celle des Samaritains) ainsi qu’un temple particulier.

Données introductives sur Luc 17,11-19

Évangile du dimanche 12 octobre 2025 :

28e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :

Matthieu 8,4

Niveau d’enseignement : 1er niveau : catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Colliers évangéliques :
  • Collier de la Miséricorde
  • Tresse de Pierre

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023) et Marie Mère de l’Église (2025).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 17, versets 11 à 19

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Ceci eut lieu alors que Jésus pérégrinait [à la frontière] entre la Galilée et la Samarie, en allant à Jérusalem.
  2. Et comme Il était tout près d’entrer dans un certain village, il y avait dix hommes lépreux et qui se tenaient debout à [bonne] distance.[1]
  3. Et ils criaient à haute voix et disaient : « Jésus, notre rabbi, aie de la compassion [fraternelle][2] pour nous. »
  4. Et quand Il les vit, Il leur dit : « Allez montrer vos plaies aux prêtres.[3] » Et, pendant qu’ils y allaient, elles furent purifiées.
  5. Alors un seul parmi eux, quand il vit qu’il était purifié, revint vers Lui en glorifiant Dieu à haute voix.
  6. Et il tomba sur sa face aux pieds de Jésus[4] en rendant grâce. Or il était Samaritain.
  7. Et Jésus reprit en disant : « Ceux qui furent délivrés de leurs plaies n’étaient-ils pas dix ? Où sont les neuf [autres] ?
  8. À part celui-ci qui vient des nations, et qui en donnera le récit[5], n’y en a-t-il pas un autre parmi eux pour rendre gloire à Dieu ? »
  9. Et Il lui dit : « Relève-toi, et va : la foi qui est en toi est [maintenant] don de Vie en toi. »

Revecez Etphata par email
grâce à notre lettre :

Commentaire et contexte de cet Évangile

Jésus vient célébrer la Miséricorde

La scène que rapporte cet Évangile s’est probablement déroulée au cours de l’année 29, et à l’occasion de la fête des Tentes (Souccot). C’est-à-dire à ce moment de l’année liturgique où, en faisant mémoire de sa libération du pays d’Égypte et de son départ pour la Terre Promise, le peuple hébreu a coutume de célébrer le Pardon et la Miséricorde de son Dieu.
Pour éviter d’être reconnu et arrêté au cours de cette célébration, Jésus se rend à Jérusalem en toute discrétion. Mais Il ne continue pas moins à y développer son enseignement avec obstination ; son souci étant alors de préparer les esprits à Sa Passion qui approche et à Sa Résurrection dont ses disciples sont encore bien loin de pouvoir comprendre en quoi elle consistera.

Un sommet d’enseignement

Tout ce qu’Il leur a dit au cours des trois années de sa vie publique, Il le récapitule et l’organise avec un sens aigu de la pédagogie ; et en insistant particulièrement sur la révélation de la Miséricorde divine qui est le cœur même de son message et que Son Père veut désormais étendre à l’humanité tout entière.
C’est, peut-on dire, à une sorte de sommet que l’enseignement de Jésus est élevé en la circonstance. Transmis aux 12, puis aux 72 et puis aux 500, il sera appris par cœur lors des prochaines « sessions d’été »[1], pour être finalement « canonisé » par la Vierge Marie ; Marie, la Mère du Roi et la Mère de mémoire qui initiera les disciples aux subtilités de la composition orale et dirigera en personne la mémorisation et la mise en forme des quatre évangiles ; de ces évangiles qui, contrairement aux textes de la Torah, ne seront pas réservés aux seuls enfants d’Israël, mais offerts à l’ensemble des nations de la Terre.

Le basculement d’Israël vers les Nations

La compassion que Jésus manifeste à travers l’épisode que Luc rapporte dans ce texte ne lui est pas seulement inspirée par la situation misérable de ces lépreux que les rabbis considèrent comme des personnes « impures » et que les prescriptions du Lévitique condamnent à une cruelle mise à l’écart.[2] Elle relève aussi d’une obligation de solidarité familiale qui fait partie des prescriptions de la loi mosaïque. Dans l’esprit des Judéens et notamment pour des Pharisiens, elle est donc exclusivement réservée aux purs enfants d’Israël.

En guérissant un Samaritain en même temps que 9 israélites « de souche », Jésus bouscule donc quelque peu les habitudes de pensée de ses coreligionnaires et Il met à mal l’ordre social qui doit régner sur la terre d’Israël. Mais surtout Il anticipe sur un basculement qui s’opère lentement dans leurs mentalités et qui va bientôt ouvrir la tradition de Moïse à l‘ensemble des peuples païens.

Bientôt, nombre d’incirconcis viendront partager l’héritage spirituel que se réservaient jusque-là les enfants d’Abraham ; tandis qu’à l’instar de Nicodème, beaucoup de Judéens, un temps fascinés par la philosophie grecque, reviendront s’abreuver à la tradition d’Israël ; à une tradition vivante que le Christ aura refondée dans sa mort et dans sa résurrection.

Un lieu doublement significatif

Quand on la met en perspective avec ce basculement qui est sur le point de se produire en direction des nations païennes, la proclamation de la Miséricorde du Dieu d’Israël par un Samaritain qui rend publiquement grâce pour sa guérison, revêt évidemment une grande portée symbolique. Et il faut d’ailleurs remarquer que le lieu où l’évènement se produit n’est pas choisi indifféremment. Situé quelque part au-delà de Jéricho, sur les chemins qui vont de la Samarie à la Galilée, il a en effet deux raisons d’être choisi.

  1. La première raison est d’ordre pratique. Il s’agit d’une zone de grand trafic commercial où se côtoient les trois principaux empires de l’époque : l’empire central qui se déploie autour de la Mésopotamie, l’empire romain qui a déjà investi tout le pourtour du bassin méditerranéen et l’empire de Chine vers lequel conduisent les routes de la soie et où la langue araméenne n’est pas une inconnue[3]. C’est en somme un monde cosmopolite et un carrefour de cultures dans lequel les Hébreux ne peuvent pas éviter le contact des nations étrangères et où ils doivent particulièrement se protéger contre l’influence « des Baals et des Astartés », c’est-à-dire des cultes étrangers et idolâtres.
  2. La deuxième raison est symbolique. Cette zone par laquelle le judaïsme semble vouloir quitter sa terre d’Israël pour aller à la rencontre des nations païennes et de leurs cultures est précisément l’endroit par lequel Josué a fait entrer les Hébreux dans la Terre Promise. C’est à l’endroit même où il a été mis à l’écart des nations que le Peuple élu est renvoyé par Dieu vers les nations … pour leur apporter le salut qu’Il destine à toute la terre.

La Miséricorde du Dieu d’Israël manifestée à travers un hérétique

Eu égard à la mentalité des juifs de son temps et singulièrement à celle des prêtres, des scribes et des pharisiens, c’est-à-dire de tous ceux qui aspirent à accaparer le pouvoir et à contrôler la vie religieuse et politique, le fait que la Miséricorde divine soit manifestée à travers un étranger revêt un caractère scandaleux, voire subversif et ne peut qu’exacerber l’hostilité dont Jésus est l’objet. Celui qu’on a vu partager son repas avec des publicains et des pécheurs, Celui qui se permet de remettre leurs fautes aux femmes adultères et aux larrons, Celui qui opère des guérisons le jour du sabbat, ne commet-il pas un péché tout aussi grave quand il partage avec des étrangers une Parole que Dieu a réservée à « son peuple Israël »… et à lui seul... mais à l’exception de ses hérétiques ?

Annoncer la Bonne Nouvelle... nous concerne tous

Invitez vos proches à découvrir ce contenu en leur communiquant l'adresse de cette page (copier l'adresse) ou directement grâce à ces liens pour WhatsApp , Facebook , X (Twitter) , LinkedIn et sinon par email. Nous comptons sur vous.

 

Revecez Etphata par email
grâce à notre lettre :

Image d'illustration

Guérison de dix lépreux

James Tissot entre 1886 et 1894

Brooklyn Museum


Flashcode2url

Pour réagir ou partager cette page, retrouvez-la sur votre écran :
URL courte : https://etphata.org/154

Accueillir l'Évangile de ce Dimanche :

Luc 17,5-10 - Augmenter sa foi rend le serviteur disponible - Évangile du dimanche 5 octobre

Image d'illustration

L’enseignement que Luc rapporte dans cet évangile et que Marie a sans doute tressé elle-même à partir des témoignages des fidèles, Jésus le dispense pour répondre à une demande expresse de ses apôtres. Il concerne l’attitude que devront adopter ceux qui recevront la charge de conduire la Mission. Il leur faudra faire preuve d’une disponibilité sans limite et n’attendre aucune récompense sur ... Lire la suite >>


Marie Mère de l'Église

Et moi j'ai vu et je rends témoignage

Image d'illustration

Un argumentaire raisonné pour un nouveau regard sur l’histoire de l’Église et des évangiles. Ce livre vient à la suite de Marie Mère de Mémoire et propose nombre de références rendant justice à la qualité des textes canoniques dans la langue de Jésus et mettant en évidence l’organisation de l’Église mise en place par Jésus ainsi que le rôle discret mais essentiel de Marie. Lire la suite >>


Église des origines

Les bonnes nouvelles du Vatican

Image d'illustration

Nous sommes heureux de vous annoncer deux bonnes nouvelles concernant la recherche sur l’Église des origines. D’une part, la sortie par les presses du Vatican des actes du colloque organisé en 2021 sur le thème de l’histoire des premiers siècles de l’Église. Colloque auquel, comme vous le savez, nous avions largement contribué. D’autre part, dans une lettre publiée ce 21 novembre 2024, ... Lire la suite >>



Un message, un commentaire ?

Vous êtes nouveau sur le site : S'inscrire.

Vous connecter avec vos identifiants personnels :

mot de passe oublié ?


Image d'illustration

Pierre Perrier

Rue de Mouchy - Versailles

Formulaire de contact