La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 10,25-37

La parabole du bon Samaritain

Évangile du dimanche 13 juillet

par , académicien

Avec la parabole du bon Samaritain, l’évangile ne nous livre pas seulement un enseignement moral à mettre en pratique entre les hommes. Il nous ouvre à la compréhension d’un Dieu qui n’est qu’Amour et sait pardonner aux méchants aussi bien qu’aux bons.

Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :

La traduction habituelle depuis le grec nous fait croire que Dieu aurait pitié de nous alors qu’en réalité Il agit par Miséricorde nous incitant à une attitude de compassion propre à inspirer une action vis-à-vis de notre prochain. Le mot grec éléos n’évoque quant à lui aucune action mais seulement de l’émotion.
Le grec de la Koïné qui est utilisé pour les traductions a été inventé de toutes pièces, depuis la Renaissance, par l’école allemande. C’est une compilation des différents dialectes grecs (Thessalie, Ionie, Athènes, etc.) qui n’a jamais été parlée aux premiers siècles.[1]

Données introductives sur Luc 10,25-37

Évangile du dimanche 13 juillet 2025 :

15e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :
Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Colliers évangéliques :
  • Collier de la Miséricorde
  • Collier des controverses

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023) et Marie Mère de l’Église (2025).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 10, versets 25 à 37

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Et voici qu’un scribe se leva, et pour Le tenter, Lui dit : « Enseignant[1] qu’ai-je à faire pour que m’échoie la vie éternelle ? »
  2. Mais Jésus lui dit : « Dans la Loi comment est-ce mis en Écritures ? Et comment les lisez-vous ? »
  3. Il répondit et Lui dit : « Tu aimeras profondément le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme et de toute ta force et de toute ta pensée raisonnable, et ton prochain comme toi-même. »
  4. Jésus lui dit : « Tu dis de façon correcte, fais cela et tu vivras. »
  5. Mais lui voulant se justifier dit à Jésus « Et qui est mon prochain ? »
  6. Jésus lui dit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho et il tomba sans défense sur des bandits qui le dépouillèrent et le rouèrent de coups. Il se trouva alors à peine conscient quand ils s’en allèrent.[2]
  7. Et il advint qu’un prêtre descendait seul sur cette route, et il le vit mais s’éloigna.
  8. Et de surcroît, un lévite arriva en ce lieu, et il le vit mais s’éloigna.
  9. Alors un homme, un Samaritain qui était en voyage, vint à passer par là, et il le vit et il fut très ému.[3]
  10. Et il s’approcha et il banda ses plaies en ayant versé sur elles du vin puis[4] de l’huile et il l’installa sur son âne et le conduisit à une hôtellerie et il prit soin de lui.[5]
  11. Et au lever du jour il donna deux deniers à l’aubergiste et lui dit : "Prends soin de lui et s’il en faut plus, je te le donnerai à mon retour."
  12. Lequel de ces trois-là vois-tu comme le prochain de celui qui était tombé entre les mains de ces bandits ? »
  13. Alors celui-ci lui dit : « Celui-ci qui a été plein d’amour profond envers lui. »
    Jésus lui dit : « Va, toi aussi, et fais de même. »

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Jésus enseigne en rabbi

Pour rapporter ces paroles, qui sont celles de Jésus Lui-même, Luc transmet dans cet évangile (dont il est seulement le secrétaire) une structure extrêmement rigoureuse. Elle comporte un total de cinq éléments bien distincts qui se succèdent et se font écho de façon ordonnée et logique.
Le premier de ces éléments rapporte la controverse qu’un docteur de la loi propose à Jésus ; non sans caresser du reste l’espoir de le mettre en difficulté. L’objet du débat est de savoir : « Qui est le prochain de l’homme ? » Placé à la fin du récitatif, le cinquième élément en donne logiquement la conclusion et, si l’on peut dire, la morale : « Le prochain de l’homme, c’est celui qui a fait preuve de miséricorde à son égard. »

Une controverse entre spécialistes du droit ?

Entre ces deux éléments, le corps du texte livre l’enseignement de Jésus ; un enseignement dont il n’est pas indifférent de constater qu’il ne consiste pas en un exposé théorique mais qu’il prend au contraire la forme d’une parabole. En effet la question est posée par un docteur de la Loi qui s’adresse à Jésus comme on s’adresse à un malpana, c’est-à-dire à un enseignant qui n’a pas encore le titre de « rabbi ». En fait, il s’agit d’un entretien entre deux connaisseurs du droit et de la Torah. De sorte que l’on pourrait logiquement s’attendre à une réponse qui ferait référence aux innombrables prescriptions juridiques dont les rabbis d’Israël avaient coutume d’encombrer l’esprit et la vie de leurs disciples.[1]

Jésus propose une parabole

Or Jésus choisit de répondre sur un mode très différent. Il propose en effet à son interlocuteur le récit d’une sorte de « fait divers » qui l’obligera à réagir, non pas de façon théorique et en prenant de la distance, mais en s’impliquant lui-même dans l’histoire, par l’imagination ; et en y mettant, si possible, un peu de son cœur.

Cette parabole que Jésus imagine en bon pédagogue qu’Il est, se développe elle-même en trois étapes.

La première est une sorte de casting dans lequel sont présentées les identités et les attitudes morales de chacun des quatre protagonistes : c’est-à-dire de la victime, du prêtre, du lévite et enfin de ce fameux Samaritain que Jésus ne craint pas de donner en exemple à ses coreligionnaires ; et cela en dépit de la loi qui interdit aux juifs d’avoir des relations avec les Samaritains, considérés comme impurs.

Distribution des rôles

En peu de mots, Jésus brosse le portrait moral de chacun des personnages.

À propos de la victime, il faut d’abord remarquer que le texte ne dit rien de sa personnalité, sinon qu’il s’agit d’un homme. Est-il juif ou païen, homme libre ou esclave, c’est ce qu’on ne saura pas. Mais, pour autant, ce silence ne laisse pas de faire sens. Il signifie à l’évidence que la miséricorde doit s’étendre à tous les hommes sans aucune distinction ; qu’elle ne doit être réservée ni aux membres d’une même famille, ni aux habitants d’un même pays, ni aux fidèles d’une même religion. Affirmation dont on imagine sans peine à quel point elle a dû paraître scandaleuse à l’époque de Jésus, eu égard à la mentalité et aux mœurs des hommes de l’Antiquité.

Le prêtre est quant à lui un docteur et un observant fidèle de la Loi de Moïse. Aussi est-on en droit de penser que son indifférence à l’égard de ce blessé qu’il fait mine de ne pas voir, est motivée par la crainte de contracter une impureté rituelle ; laquelle l’empêcherait de remplir ses devoirs religieux, et d’aller se mêler aux célébrations du Temple de Jérusalem, alors qu’en réalité il vient de le quitter ! Il est l’exemple même de ces « pharisiens hypocrites » dont le cœur a été asséché par l’orgueil du savoir.

Le lévite, pour sa part, n’a pas pareille excuse à alléguer. Contracter une impureté ne l’empêcherait nullement de remplir la mission qui incombe à la tribu de Lévi : aller enseigner la Loi et les Prophètes dans les 11 autres tribus d’Israël, en se mêlant à la famille des enfants d’Abraham ; à cette grande famille dont ne font évidemment pas partie les Samaritains qui ont coutume d’honorer Dieu sur le mont Garizim et n’ont leur place ni au Temple de Jérusalem, ni dans les maisons du peuple élu.

Or, en se portant au secours du blessé, et en prenant à sa charge les frais de sa convalescence, le Samaritain le traite comme s’il s’agissait d’un membre de sa propre famille. Il l’englobe implicitement dans un « nous » domestique au sein duquel on se doit une assistance réciproque et où l’on pourrait dire que la compassion tient aux entrailles, ce qui est le sens du verbe araméen ܕܸ݁ܐܬ݂ܪܲܚܲܡ "raham". Comme l’amour d’un père s’activant pour un fils blessé.

Une Miséricorde à l’image de Dieu

La formule de la parabole par laquelle Jésus oblige son interlocuteur à se projeter dans l’évènement qu’elle rapporte, et à se mettre à la place de la victime, a un autre mérite qui n’est pas moins important quand il s’agit de comprendre et de ruminer la Parole de Dieu. Elle permet en effet de donner à l’enseignement plusieurs niveaux de lecture. Et notamment, pour ce qui concerne l’évangile qu’il nous est donné de méditer, de faire un parallèle entre la miséricorde dont fait preuve le bon Samaritain et que Jésus nous demande d’avoir les uns pour les autres, et la Miséricorde que Dieu dispense Lui-même à toutes ses créatures ; cette Miséricorde infinie qu’Il veut accorder à tous les hommes et qui se manifestera encore plus dans le Shéol, là où les défunts auront une dernière chance de choisir entre la Ciel et la damnation éternelle.

Elle y sera offerte aux bourreaux aussi bien qu’à leurs victimes … à condition que ceux-ci acceptent de se repentir et d’être pardonnés ; comme le fit cet authentique assassin qui, cloué sur le bois de la Croix, devint en un ultime instant, le « bon larron »… et le premier homme racheté par le Sang et la Miséricorde du Christ.

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Le bon Samaritain

Vincent van Gogh - 1890


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