Marc 6,1-6
Nazareth rejette son roi : Jésus est-il le fils d’un charpentier ?

Héritier de Marie et Joseph, Jésus réunit sur sa tête les deux Royaumes d’Israël mais le Royaume qu’il annonce dans cet évangile, et qui est celui du Père, « n’est pas de ce Monde ».
Données introductives sur Marc 6,1-6
Évangile du 7 juillet 2024 : | 14ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B |
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Synopse de cet évangile : |
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Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc
chapitre 6, versets 1 à 6
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et partant de là[1], Jésus s’en alla vers son chef-lieu[2] et ses disciples le suivirent.
- Et quand ce fut le sabbat, Il commença à enseigner dans la synagogue. Et beaucoup de ceux qui l’entendirent étaient émerveillés et ils disaient : « d’où lui viennent tout ceci et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? De ses mains se manifestent des actes de puissance »[3].
- « N’est-il pas le charpentier, fils de Marie, frère[4] de Jacques, et de Josèphe, et de Jude, et de Judas, et de Simon ? »
- Et Jésus leur dit : « ce n’est que dans son chef-lieu, dans sa maison et sa parenté qu’un prophète ne reçoit que du mépris ».
- Et Il n’a plus fait un seul acte de puissance excepté quelques malades auxquels Il imposa les mains :
- Et Il leur fit remarquer leur manque de foi et Il partit enseigner dans les villages alentours.
Commentaire et contexte de cet Évangile
Le royaume brisé
On ne peut comprendre le choix que Dieu fait de Nazareth et le rôle singulier que ce village a joué dans l’histoire d’Israël si on n’a pas à l’esprit les conditions dans lesquelles il a vu le jour ; à savoir le conflit qui, après le règne grandiose de Salomon et la construction du Temple de Jérusalem, a divisé le peuple hébreu et amené la constitution de deux royaumes concurrents ; celui du sud et celui du nord.
En prenant le pouvoir à Jérusalem, David avait voulu mettre en place un système politique permettant aux Hébreux de prendre part au grand commerce qui se faisait alors entre les nations. Pour cela, il s’était inspiré du modèle politique mésopotamien ; lequel consistait en la confédération d’une cinquantaine de petits royaumes indépendants, ayant chacun son souverain, ses lois et ses coutumes, mais cohabitant sous l’autorité régulatrice d’un « Roi des rois ».
En s’inspirant de ce modèle, David avait projeté une sorte de système confédéral. Il associait les douze tribus d’Israël autour du même sanctuaire et d’un seul Grand-Prêtre ; vaste projet que Salomon devait mener à son terme, en faisant entrer Israël dans la confédération mésopotamienne et en accumulant ainsi des richesses considérables qui allaient lui permettre d’édifier le grand Temple.
Malheureusement, Salomon fit aussi « ce qui déplaît à Dieu ». Il attira à sa cour des femmes étrangères et toléra le culte d’autres divinités ; autant d’abominations qui troublèrent les esprits et provoquèrent notamment la révolte des Galiléens. Ceux-ci décidèrent de faire sécession et demandèrent à Nathan - le propre frère de Salomon - de devenir leur roi. Ils l’installèrent sur le mont Garizim où ils construisirent un nouveau temple. Fait de briques séchées par le soleil torride, il fut comme un équivalent de Sion ; de sorte qu’à partir de ce moment, l’unité du peuple hébreu cessa de se faire autour de Jérusalem.
Les deux états résultant de cette sécession avaient une même structure. Elle comportait trois éléments : un temple, un palais où demeurait le roi et un espace réservé aux artisans d’art qui travaillaient pour la gloire du sanctuaire, mais dont les productions faisaient aussi l’objet d’un actif commerce. A Jérusalem, le palais et les ateliers occupaient la colline de Sion tandis que le Temple se trouvait sur le mont Moriah, à l’endroit même où la tente de la Rencontre avait été amenée.
Nazareth : la « Maison des princes »
Pour mettre leurs souverains à l’abri des canicules de l’été, les habitants de la Galilée construisirent aussi, sur les montagnes alentour, un petit refuge appelé Nazareth ; nom qui signifie « maison des princes ». On désignait ainsi l’endroit où devaient être formés ceux des enfants royaux qui pouvaient être appelés à régner un jour.
Or il faut voir qu’en tant que fils de Marie, Jésus avait deux raisons de fréquenter cet endroit. Son grand-père Joachim le faisait descendre en ligne directe de Nathan et donc du roi David. Quant à sa grand-mère, Anne, elle appartenait à une famille de lévites et descendait d’une prestigieuse lignée de Grand-Prêtres.
La famille royale du nord étant tombée en quenouille avec Marie (Joachim n’avait pas de fils pour lui succéder) Jésus se trouvait donc être à la fois l’héritier légitime de la dynastie royale et le successeur possible des Grands-Prêtres.
En donnant sa cousine en mariage à Joseph, Zacharie ouvrait discrètement la perspective d’un règlement de la querelle dynastique et donc d’une réunification des deux royaumes. Car le père adoptif de Jésus était lui-même un descendant de David ; et même le légitime héritier du royaume du sud. Après que son père ait été assassiné par Hérode, comme les principaux membres de la famille royale, Joseph était venu se réfugier à Nazareth où il n’avait certainement pas manqué de fréquenter la « maison des princes ».
A l’instar de Marie, Il y exerçait l’un de ces artisanats d’art qui se pratiquaient à côté du Temple. Tandis que la jeune fille se consacrait au tissage et confectionnait des vêtements de luxe destinés à la liturgie, il pratiquait lui-même le métier, non de simple charpentier, mais plutôt d’ébéniste. C’est du moins ce qu’on peut inférer en se reportant au texte araméen. Il fait nettement la distinction entre le mot « nagara » qui signifie à la fois le charpentier et « l’homme de peine », et le mot « nara » qui en est la contraction et désigne un artisan très qualifié, ayant accompli un long parcours de formation.
Un roi qui ne veut pas être roi
En réglant la crise dynastique et en réunifiant le royaume d’Israël, le mariage de Joseph et de Marie était évidemment de nature à combler de bonheur tous les habitants de Nazareth et de la Galilée. Aussi peut-on s’étonner qu’ils aient réservé un aussi mauvais accueil à Jésus. La raison de cette attitude est simple. Au lieu de se déclarer roi et de jouer le rôle qu’on attendait qu’Il jouât dans le monde, Jésus agissait en prophète. Il guérissait les malades et Il enseignait ; annonçant un nouveau royaume qui serait sans commune mesure avec les royaumes de la terre.
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par Pierre Perrier
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Le Christ enseignant dans la synagogue de Nazareth
Gerbrand van den Eeckhout
Huile sur toile - 1658
Galerie nationale d’Irlande, Dublin

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16 novembre 2024 , par Erik
Bonjour Monsieur,
Dans votre commentaire vous écrivez au § "la maison des princes" que :"en donnant sa fille en mariage à Joseph, Joachim ouvrait par ailleurs la perspective d’un règlement de la querelle dynastique".
Ceci laisse entendre que Joachim vivait encore au moment de la promesse de mariage de Marie, or il me semble que selon la tradition Joachim était mort à ce moment là et que c’est le grand prêtre qui a organisé le mariage de Marie.
Qu’en est-il exactement ?
En vous remerciant par avance.
16 novembre 2024 , par Pierre Perrier
Cher Monsieur,
Je vous remercie de votre attention et je corrige le commentaire. Il s’agit bien entendu de Zacharie qui n’est pas le père de Marie mais son cousin par alliance par sa femme Élisabeth.
11 janvier , par Erik
Bonjour Monsieur,
Dans le commentaire que fait Pierre Perrier de Mc 6,1-6 il évoque :
1) la royauté de Nathan (fils de David) sur la Samarie
2) l’ascendance davidique en ligne directe de Joachim (père de Marie) via ce même Nathan
3) l’ascendance sacerdotale d’Anne (mère de Marie)
==> Pour chacun de ces trois sujets, existe-t-il des références bibliques ou à d’autres textes authentifiés ou bien cela relève-t-il de traditions orientales que l’Eglise catholique latine ne prend pas en compte ?
Merci d’avance des éléments pourront m’être donnés.
Cordialement.
Erik
17 janvier , par Pierre Perrier
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour vos fréquentes remarques. Concernant celles-ci, je vous invite à découvrir le Quatrain de Marie que nous avons développé dans La Mémoire en Damier (cf. p. 371 à 395) et précisé, avec références, dans Marie Mère de l’Eglise avec les origines princières de Jésus (cf. p.225 à 260).