La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Jean 8,1-11

La Miséricorde de Jésus pour la femme adultère

Évangile du dimanche 6 avril

En refusant d’appliquer la lapidation à la femme adultère, Jésus semble curieusement contrevenir à une loi que Moïse a lui-même instituée, comme étant nécessaire au bon ordre de la société. S’Il agit de la sorte, c’est en fait pour ouvrir le cœur des hommes à une exigence morale beaucoup plus haute : celle de la Miséricorde divine. Cela dans un contexte de controverses et de tentative de faux témoignages.

Données introductives sur Jean 8,1-11

Évangile du dimanche 6 avril 2025 :

5ème dimanche de Carême - Année C

Synopse de cet évangile :

Sans équivalent dans les autres évangiles mais ces versets sont à inclure entre les versets 1 et 2 du chapitre 19 de Matthieu (collier des controverses).

Complément d'information : Marie Mère de l’Église page 382
Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Colliers évangéliques :
  • Collier de la Miséricorde
  • Collier des controverses

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-Même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 8, versets 1 à 11

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. [1]Alors Jésus alla au Mont des Oliviers,
  2. puis dès le matin, Il revint au Temple et tout le peuple[2] vint pour être auprès de Lui. Et dès lors, s’étant assis, Il leur donne son enseignement.
  3. Alors s’assirent des scribes[3] et des pharisiens[4] pour que soit présentée une femme qui avait été saisie en plein adultère. Ils la placèrent[5] debout au milieu[6].
  4. Ils Lui disent : "Enseignant[7] voici que cette femme a été saisie dans ce qui s’est révélé être un adultère.
  5. Or selon le commandement de la Loi de Moïse elle devrait être exécutée, mais toi, comment justifierais-tu de l’échapper à la sentence ?[8]"
  6. Ils disaient cela alors qu’ils essayaient de pouvoir ainsi l’accuser, mais Jésus s’étant baissé s’était mis à écrire de son doigt sur la terre.
  7. Comme ils continuaient alors à l’interroger, Il se releva, et leur dit : "Que celui d’entre vous vous qui est sans péché soit le premier à jeter une pierre contre elle."
  8. Et se rabaissant à nouveau il se remit à écrire sur la terre.
  9. Alors ceux-là qui l’avaient accusée sortirent l’un après l’autre en commençant à partir des plus âgés et ils abandonnèrent la femme qui resta seule, là, au milieu.
  10. ce fut alors que Jésus se relevant lui dit : "Femme où sont-ils ceux qui t’accusaient ? pour te condamner, aucun homme ?"
  11. Alors celle-ci lui dit : pas d’homme Seigneur, alors Jésus lui dit : "Moi non plus Je ne te condamne pas, va et désormais ne recommence plus à pêcher !"

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Jésus déroge à la loi mosaïque

Á l’origine, Saint Jean n’a pas fait figurer ce témoignage dans « son filet » ; c’est-à-dire dans la structure qui a présidé à la savante composition de l’ensemble de son évangile. Il y a été introduit plus tardivement. Peut-être est-ce là le signe d’une hésitation de la part des apôtres à canoniser un évènement dans lequel Jésus semble contrevenir aux lois édictées par Moïse ; et notamment à cette loi, propre à la tradition orientale, qui vouait les femmes adultères à l’horrible supplice de la lapidation.
De cette loi cruelle, Jésus ne conteste pas explicitement la légitimité mais Il invite plutôt à la tempérer ; comme Hillel conseillait de le faire, en procédant avec clémence et en appliquant aux jugements cette Miséricorde que Dieu brûle de manifester à toutes ses créatures, mêmes les plus pécheresses ; quitte pour cela à les laisser déroger à quelques-uns des préceptes de cette loi mosaïque dont Shammaï et les pharisiens étaient alors les zélateurs intransigeants et pointilleux.

Application miséricordieuse d’une loi sévère

Dans les pratiques juridiques d’Israël, cette aspiration à la Miséricorde affleure un peu partout[1]. Elle se laisse notamment deviner à travers deux coutumes singulières, que les accusateurs de la femme ne devaient certainement pas ignorer.

La première de ces coutumes trouve une illustration dans ce témoignage de Jean. Elle voulait qu’un seul vote contraire fût suffisant pour renverser l’unanimité d’un jugement de cour et pour sauver la vie d’un prévenu. C’est ce qu’il se passe ici avec les pharisiens. Ils sont d’abord unanimes à réclamer la mort de la malheureuse ; mais il suffit que - touché par la réponse de Jésus - un seul d’entre eux refuse de « jeter la pierre » pour qu’ils changent tous d’avis, « les uns après les autres », et qu’ils soient aussi unanimes pour gracier la coupable qu’ils l’avaient été pour la condamner.

La deuxième coutume avait cours en Israël depuis des temps anciens. Jérôme Zagdanski la rapporte dans son livre « L’impureté de Dieu ». Elle voulait qu’un jugement prononcé par un tribunal à l’unanimité de ses membres fût aussitôt révoqué en doute et automatiquement annulé. On considérait en effet qu’à être trop implacable dans son argumentation, et à ne laisser place à aucune de ces ambiguïtés qui sont inhérentes à la nature humaine et à sa faiblesse, un jugement finit par perdre son crédit et laisse planer un doute qui doit bénéficier à l’accusé.

Ainsi, en Israël, une condamnation pouvait-elle être annulée, non seulement parce que les juges qui la prononçaient n’étaient pas tous d’accord entre eux, mais aussi parce qu’au contraire, ils l’étaient trop ! C’était en somme deux prétextes pour épargner la vie du coupable, et deux voies ouvertes à la Miséricorde.

Ces deux exemples montrent à quel point les traditions inspirées au peuple juif par la méditation de la Torah étaient animées par cet esprit de Miséricorde qui est l’empreinte même du Dieu d’Israël.
En fait si Jésus prend des libertés avec les sévères règlements édictés par Moïse, c’est parce que son cœur divin et débordant d’amour ne manquerait pas d’étouffer dans le cadre de lois explicitement formulées et implacables ; même si ces lois sont au demeurant parfaitement justes et ont été accordées aux hommes par Dieu Lui-Même.

Au-delà de la loi de Moïse, Jésus renvoie aux Dix Paroles de Dieu

Pendant toute la scène que rapporte l’évangile de Jean, Jésus trace avec le doigt des signes sur le sable. Le texte ne précise pas ce qu’Il écrit mais on a tout lieu de penser qu’il s’agit des « 10 commandements » consignées dans le Décalogue : Exode 20,12-17 et Deutéronome 5, 16-21.
Chacune des dix lignes que comporte ce texte commence par la même lettre marquant la négation, un - la - en écritures sémites. Elle est très reconnaissable, même de loin et peut agir comme un aide-mémoire pour ces grands connaisseurs de l’Écriture que sont les pharisiens.
Ainsi, en même temps qu’Il manifeste sa Miséricorde à l’égard de cette pécheresse que la loi de Moïse voue au supplice, Jésus renvoie ceux qui voudraient le Lui infliger à ce qu’il y a de plus fondamental dans la Loi ; du moins quand on ne l’a pas édulcorée pour la rendre compatible avec la mentalité des hommes et « la dureté de leurs cœurs ».[2]

«  la tu ne commettras pas de meurtre,
la tu ne commettras pas d’adultère,
la tu ne commettras pas de vol,
la tu ne commettras pas de faux témoignage,
... »

Voilà les mots que le Seigneur a sans doute tracés sur le sol à l’attention de ces justiciers qui réclamaient une application sévère et « à la lettre » de la Loi mosaïque.

Certes, l’adultère est condamnable par la loi mosaïque, car c’est un acte qui appauvrit la valeur du mariage ; dans l’exégèse du temps de Jésus, ce mot adultère est aussi compris analogiquement : tout ce qui dégrade l’Alliance que Dieu a fait avec son peuple est adultère, car il dégrade sa relation avec Lui.

Et en écrivant le « la tu ne commettras pas de faux témoignage », sans doute renvoie-t-Il les pharisiens à l’intention profonde de leur cœur, qui est moins de punir une coupable que de Lui nuire. En effet, les pharisiens sont probablement venus pour Lui tendre un piège et le faire condamner. Ils ne volent pas, ne tuent pas, ne commettent pas d’adultère, mais ne préparent-ils pas un faux témoignage pour le perdre ?

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Le Christ et la femme adultère

par Pieter Brueghel l’Ancien - 1565

Institut Courtauld - Londres


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