La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 14,1-14

Quiconque s’élève sera abaissé et les derniers seront premiers

par , académicien

Ce n’est pas sans véhémence que Jésus s’adresse aux pharisiens et qu’Il leur reproche leur ambition. Elle constitue pour eux et pour ses propres disciples un risque mortel contre lequel Il doit absolument les mettre en garde.

Données introductives sur Luc 14,1-14

Évangile du dimanche 31 août 2025 :

22e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :

Matthieu 12,11 et 23,6 et 23,12

Complément d'information : Marie Mère de l’Église pages 184, 273, 285, 302, 551 et 539. Voir aussi dans Les colliers évangéliques p.413.
Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Collier évangélique : Collier des diacres

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 14, versets 1 à 14

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. [1]Et voici que Jésus entra dans la maison du premier parmi les chefs des pharisiens[2] pour manger le pain lors d’une journée de sabbat, et eux se mirent à L’observer.
  2. [3]Et voici qu’il y avait là un homme qui retenait en lui de l’eau[4] et qui était juste en face de Lui.
  3. Et Jésus prit la parole et dit aux scribes et aux pharisiens : « Est-ce licite lors d’un sabbat de faire une guérison ? »[5]
  4. Mais ils gardèrent le silence, et Il le prit en main, le guérit et le laissa partir.[6]
  5. Et Il leur dit : « Lequel d’entre vous, si son fils[7] ou son bœuf tombe dans un puits le jour du sabbat, ne l’en retirerait-il pas aussitôt ? »par contre la Vulgate révisée à Bethléem par st Gérôme a pu se laisser contaminer par la tradition locale du boeuf et de l’âne . La vertus latina Brixianus la plus proche de l’araméen a bien le fils mais pas la Vercellensis ni la Vulgate de Gérôme ; certes en grec seulement la confusion en grec entre fils et âne uios/onos fut plutôt erreur de lecture en cette langue sur texte écrit couplée à la tradition grecque locale antérieure à Gérôme ?.
  6. Et ils ne purent Lui répondre de façon cohérente.[8]
  7. Et Il leur dit une parabole faisant allusion aux invités qui étaient là, car Il portait son attention sur ceux qui choisissaient les places de devant pour s’asseoir.[9]
  8. « Quand vous êtes invité à une fête de mariage, ne vous asseyez pas devant, de peur qu’il n’y ait un invité qui soit plus honorable que vous,
  9. et que votre hôte vienne en vous disant : "Donnez cette place à cet homme". Et alors, vous rougirez d’avoir à vous relever pour aller à une place plus modeste.
  10. Mais quand vous serez invité, allez vous asseoir à la dernière place de sorte que, lorsque vient celui qui vous a invité, il vous dise : "Mon cher ami, venez plus haut pour mieux vous asseoir" ; et il vous sera rendu gloire devant tous ceux qui seront attablés avec vous.
  11. Parce que tous ceux qui s’élèvent d’eux-mêmes seront abaissés et tous ceux qui s’abaissent d’eux-mêmes seront relevés. »
  12. Mais Il dit aussi à celui qui invite : « Lorsque tu donnes [une invitation] à déjeuner ou à souper : n’invite ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes riches voisins de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille.
  13. Mais toi, lorsque tu fais une invitation, appelle pauvres, estropiés, boiteux, aveugles.
  14. Et tu seras bienheureux. En effet, ils n’ont pas de quoi rendre mais cela te sera rendu à la résurrection des justes.

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Les pharisiens ; des convives indélicats

Cet évangile qui correspond à la dernière perle du collier des diacres, contient non seulement une critique sévère adressée par Jésus aux perfides pharisiens qui cherchent à Le perdre et ont l’habitude de Lui poser des questions piégées, mais aussi un avertissement qu’Il donne à ses propres disciples, afin que ceux-ci n’aillent pas suivre le mauvais exemple de ces adversaires fanatiques auxquels Il n’hésitera pas à donner le qualificatif, à la vérité bien peu amène, « d’engeance de vipère ».

La parabole qui ouvre le texte donne à ce sujet un sens on ne peut plus limpide. L’attitude du « convive indélicat » qui, sans en être prié, vient s’asseoir à la première place du banquet fait évidemment penser au comportement de tous ces élèves pharisiens ambitieux et sans scrupule qui accaparaient les premières places dans les assemblées et les synagogues et qui n’hésitaient pas à y jouer des coudes pour se placer au plus près de leurs maîtres, et obtenir d’eux une reconnaissance et des promotions que leur valeur personnelle ne méritait pas forcément.

Les pharisiens remplacent les anciens lévites

Pour bien comprendre la portée de cet enseignement, il convient de replacer la naissance de la secte pharisienne dans le déroulé de l’histoire du peuple juif ; et en particulier dans le cadre de son Exil à Babylone.

Par souci de mieux contrôler le peuple frondeur qu’elles avaient soumis à leurs lois, les autorités de ce royaume jugèrent opportun d’inclure la quasi-totalité de ses lévites et de ses prêtres dans la déportation. C’était pour elles le moyen le plus sûr d’éradiquer les traditions religieuses et culturelles qui avaient fait la force du peuple hébreu, et pour éteindre en lui toute velléité de résistance.

Or, à l’issue de l’Exil, quand le peuple élu reprit le chemin de la Terre Promise, presque tous les membres de ce clergé ont fait le choix de vivre en diaspora et de rester dans l’Empire parthe ; de telle sorte que, devenus trop peu nombreux sur la terre d’Israël, les prêtres et les anciens lévites se virent rapidement remplacés par ces laïcs ambitieux dont la légitimité était aussi douteuse que la compétence. Contrairement aux descendants de la tribu de Lévi, qui recevaient leur mission par voie héréditaire et donc par la volonté directe de Dieu, les pharisiens n’étaient en effet que des « élus »[1] qui ne tenaient leur autorité que du suffrage populaire, et souvent grâce à des pratiques bien rodées mais quelque peu douteuses de cooptation et du copinage.

Le chef des pharisiens tend un piège à Jésus

Ainsi, à l’époque de Jésus, les pharisiens exercent-ils un réel pouvoir moral et religieux sur la société juive au sein de laquelle ils bénéficient de la sympathie des grands-prêtres et des docteurs de la Loi ; lesquels ne cessent d’encourager leur hostilité à l’égard de Jésus et de Ses enseignements.
Aussi est-ce pour Le mettre en infraction avec la Loi qu’un des chefs rumine une question perfide que Jésus anticipe, à la vue de la scène, et formule Lui-même : « Est-ce licite lors d’un sabbat de faire une guérison ? »

Question éminemment spécieuse, puisqu’elle revient à mettre sur le même plan un miracle qui ne peut procéder que de la puissance divine, et un simple acte médical auquel un praticien se livre pour guérir son client et qui est un travail comme les autres ; c’est-à-dire une œuvre à laquelle il est fait défense de se livrer le jour du sabbat. Jour de la semaine que tout bon israélite doit consacrer à Dieu.

Jésus répond à la fois par un miracle et par un jeu de mots

A la perfidie de cette question, Jésus répond de deux façons différentes.

La première façon consiste à produire un miracle évident. Il guérit l’homme hydropique que l’on a malicieusement placé sur sa route. Pareille guérison ne peut évidemment pas être considérée comme le résultat d’une action humaine qui tomberait ipso facto sous le coup de la Loi. À l’évidence, elle procède de la volonté d’un Dieu tout puissant qui n’a nullement besoin de Se soumettre aux lois qui régissent la vie de Ses créatures. Que l’on soit ou non en période de sabbat, le fait d’accomplir un travail pour Dieu ou en vue du Royaume de Dieu ne saurait en aucune façon aller à l’encontre de la volonté divine et des préceptes de la Torah ! C’est là un argument qui tombe évidemment sous le sens et qui laisse d’ailleurs les pharisiens sans voix.

Dans sa deuxième réponse, Jésus fait référence aux biens les plus précieux pour un Hébreu : son fils qui est sa descendance et la Torah qui est son héritage religieux ; toutes choses qui méritent bien qu’on travaille le jour du Sabbat.

Il faut savoir en effet que, pour désigner le bœuf, la langue araméenne utilise un vocable qui se prononce « torah » et auquel les anciens Hébreux avaient coutume d’attribuer trois niveaux de sens différents. Il désignait non seulement le bœuf lui-même, mais aussi sa peau ; une peau solide et blanche que l’on apprêtait avec soin pour en faire un précieux support d’écriture[2], propre à recevoir dignement les textes les plus sacrés de la Torah. Enfin, et par extension, le mot « torah » (et avec lui l’idée de bœuf[3]) désignait aussi la Torah elle-même.

Ainsi, en jouant à la fois sur une « métonymie » qui identifie le texte de la Torah à la peau de bœuf qui lui sert de support ; et sur « l’homonymie » qui, par simple assonance phonique, associe le bœuf au livre de la Torah, Jésus propose à ceux qui écoutent Son enseignement, d’entrer dans une réflexion qui porte sur la finalité et sur la dignité du travail humain ; lequel travail humain ne devra pas être ordonné aux seuls projets terre-à-terre des hommes, mais devra, au contraire et en toutes circonstances, être tourné vers le Royaume de Dieu et participer à l’accomplissement de Sa Justice.

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Guérison de l’homme hydropique le jour du sabbat

James Tissot


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