Luc 12,32-48

Les serviteurs avisés et les autres

Évangile du dimanche 10 août

Pour que l’Évangile soit annoncé parmi les hommes, il faudra que les premiers disciples - et surtout les femmes - préparent le terrain en semant la Parole de Dieu dans les familles. C’est ce terreau qui permettra aux diacres d’organiser le peuple de Dieu et de construire l’Église. Mais c’est Dieu Lui-même qui, par la grâce de Son Divin Fils, y fera lever des fruits.

Données introductives sur Luc 12,32-48

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 12, versets 32 à 48

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

32. ^[1]« Ne crains pas^[2], petit troupeau parce que Votre Père a voulu vous donner le Royaume.
33. Vendez vos possessions et fleurissez en aumônes : faites-vous des bourses qui ne fuient pas, là où le voleur ne dérobe pas et là où la mite ne détruit pas.
34. Car, là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
35. Que vos reins aient leur ceinture^[3] et qu’en vos mains soient vos lampes allumées.^[4]
36. Et vous, soyez pareils à des hommes qui attendent leur maître, à son retour d’une noce, pour avoir la joie de lui ouvrir aussitôt qu’il aura frappé.^[5]
37. Bienheureux ces travailleurs que leur Seigneur, quand Il viendra, trouvera vigilants. Amen Amen, Moi Je vous le dis : ne mettra-t-il pas sa ceinture et ne les fera-t-il pas s’asseoir afin de les servir religieusement ?
38. Et s’il revenait dans la deuxième ou la troisième veille et les trouvait ainsi, bienheureux ces travailleurs !^[6]
39. Ainsi en est-il du maître de la maison qui, veillant à la venue d’un cambrioleur, ne laisserait pas défoncer le mur de sa maison.
40. Donc vous aussi préparez-vous en prévision de ce temps, que vous ne connaissez pas, de la venue du Fils de l’homme. »
41. Simon Pierre lui dit : « Notre Seigneur, ce temps à venir dont parle cette parabole est-il pour nous seuls, ou déjà pour tous ? »^[7]
42. Jésus lui dit : « Quel est donc l’intendant, sage et de confiance, que son Maître établira chef^[8] de ses ministres afin que la portion de nourriture soit distribuée en son temps ?
43. Bienheureux le travailleur que son Maître trouvera ainsi au travail.
44. Moi Je vous dis en pleine cohérence qu’il l’établira sur tous ses biens.
45. Mais si ce travailleur se dit en son cœur "Mon Maître tarde à revenir" et qu’il commence à opprimer les travailleurs et les servantes et qu’il commence à manger et à boire et à s’enivrer,
46. Son Maître reviendra au jour où il ne s’y attendra pas et à l’heure qu’il ne pressentira pas et il le retranchera pour le mettre là où l’on met les personnes en qui l’on n’a plus confiance.
47. Voici un serviteur particulier qui connaissait la volonté de son Maître et qui s’est mis à faire des choses pas bonnes du tout, selon sa propre volonté ; il devrait être roué d’une quantité de coups.^[9]
48. Mais, celui qui, ne sachant rien a dit et fait des choses qui conduisent à des souffrances et à des blessures, il lui sera donné peu de temps à souffrir. Mais à celui qui en toute connaissance de cause a fait beaucoup de choses nuisibles, il lui sera tout décompté jusqu’à ce qu’il se sente responsable de ce qu’il savait.^[10]

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Enseigner le renoncement

La succession des Dimanches liturgiques du mois d’août nous donne à méditer trois textes du chapitre 12 de Luc. Ils sont tirés du collier des diacres et semblent être disposés de façon à se faire écho. Ils indiquent sur quels thèmes l’enseignement des missionnaires devra prioritairement mettre l’accent ; et de quelle façon ils devront se comporter pour accomplir leur travail ; un travail qui consistera à faire apprendre par cœur les Paroles de leur Maître et ainsi à préparer l’esprit des nouveaux disciples à les recevoir ; avec toutes les grâces que le Père ne manquera pas de leur envoyer par surcroît, pour en éclairer le sens et leur faire donner tout leur fruit.

Se détacher du monde et de soi-même

Le premier de ces trois évangiles, - celui du « propriétaire insensé » - insiste sur le détachement avec lequel les futurs disciples du Christ devront apprendre à considérer les richesses et les vanités de ce monde. Tandis que le deuxième évangile, celui de ce dimanche, fait l’éloge du comportement irénique et de l’esprit de discernement que les hommes devront désormais mettre en pratique dans leurs relations interpersonnelles. Pour suivre Jésus, il leur faudra apprendre à s’écouter les uns les autres avec bienveillance, et à éteindre à leur source les conflits qui couvent au sein des maisons et qui y dressent si souvent « les mères contre leurs filles » et « les fils contre leurs pères » ; risquant, par un effet de contagion, d’embraser la société tout entière.

Ce que les diacres devront en somme faire comprendre à leurs ouailles, pour les préparer à leur vie nouvelle, c’est la radicalité du choix qu’ils auront à faire s’ils veulent entrer dans ce Royaume pour lequel ils ont eux-mêmes tout quitté. Renoncer au monde et à soi-même, à ses richesses et à sa vanité. N’est-ce pas là le « b-a ba » de la vie chrétienne ?

Un filet entre les maisons

En même temps qu’il évoque l’engagement des diacres et qu’il fait sentir le caractère extrêmement exigeant de leur mission, l’évangile d’aujourd’hui laisse voir un aspect de l’organisation très stricte que Jésus a Lui-même mise en place, et avec beaucoup de soin, dans la première Église ; une organisation qui, portée par ces nouveaux lévites que sont les diacres, doit faire en sorte que sa Parole ne soit pas seulement perçue comme une idée généreuse et abstraite, ou comme une théorie philosophique, mais qu’au contraire elle lui permette de s’immiscer dans le cœur et dans la vie de ses futurs disciples, pour dialoguer en profondeur avec eux et les rendre participants de Sa propre Vie.

En 28, Jésus a chargé ses disciples (en l’occurrence les 12 puis les 72) de Lui préparer le terrain en se rendant dans toutes les tribus d’Israël, et en s’y faisant recevoir dans les maisons. Leur mission est d’y enseigner Sa Parole selon une pédagogie orale bien rodée qui passe par l’apprentissage par cœur des textes, soit par une fidèle transmission « de cœur à cœur » dans l’intimité de la vie familiale.
Ainsi, entre toutes les maisons où ils auront été reçus et où la Parole de Dieu aura trouvé un écho favorable, les diacres pourront-ils s’employer à constituer une sorte de filet qui sera lancé sur le peuple de Dieu… un grand filet destiné à l’évangélisation et semblable à celui qui sera bientôt projeté sur le monde entier, depuis la barque de Pierre.

Dans l’évangile que nous lisons aujourd’hui et qui se situe en mai 29, on voit Jésus préparer la recherche et l’enseignement de l’école suivante ; celle qui formera les 432 nouveaux diacres.

Jésus en visite d’inspection

La mission de ses disciples accomplie et le terrain préparé, Jésus se rend en personne dans les maisons amies. Il y rétribue avec justice le travail de chacun de ses serviteurs ; sans se priver de les corriger éventuellement. Et surtout Il invite les habitants à s’interroger sur leurs valeurs familiales, sociales, et sur leur cheminement spirituel.

Après quoi, Il se fait à son tour le Serviteur de ses serviteurs, en relayant le travail de ses diacres, afin de le faire fructifier par Sa Parole. Il se comporte en somme comme ce maître du domaine dont parle la parabole ; lequel fait asseoir les gens de sa maison puis, humblement, sa ceinture nouée autour de ses reins, leur sert lui-même la juste part de nourriture dont ils ont besoin.

L’exemple de Bethanie

Le repas de Bethanie est sans doute le plus bel exemple que l’Évangile nous donne de ces visites auxquelles Jésus avait coutume de se livrer pour faire grandir la foi de ses nouveaux disciples ; lui donner une dimension véritablement spirituelle.
Le comportement qu’il adopte vis-à-vis des deux sœurs de Lazare est en effet adapté à deux des phases que comporte un enseignement dans la foi.

Comme le diacre qui prépare l’esprit des hommes en leur faisant mémoriser la Parole avec toute la fidélité et toute la précision que permet la pratique de l’oralité, Marthe se livre à d’humbles tâches domestiques qui ont un caractère sacré et liturgique. Avec simplicité et zèle, elle prépare sa maison pour accueillir dignement la venue du Seigneur.
Elle se comporte en somme de la même façon que le diacre qui prépare les esprits à accueillir une Parole dont la plénitude du sens ne lui sera donnée que plus tard... et par Quelqu’un d’autre.

Marie‑Madeleine au contraire reste aux pieds de Jésus dans une écoute active et silencieuse. Elle recueille et rumine l’enseignement qu’Il lui dispense avec une grande attention, se permettant ainsi de faire la paix avec elle-même et avec Dieu.
Jésus, à son tour, s’est fait Serviteur et Il travaille à faire grandir le Royaume dans le cœur de sa servante..

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Luc 12,13-21 - Le grenier de l’homme insensé : une parabole sur la nature de la Mission - Évangile du dimanche 3 août

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