La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Marc 6,7-13

Par la vocation des douze, Jésus institue l’ordination des évêques

Commentaire d’Évangile

Malgré la brièveté de cet évangile, sa densité évoque autant l’ordination épiscopale et son caractère sacré, que sa mission : la fondation d’églises pour annoncer le Royaume de Dieu.

Comment à son habitude, Jésus organise son Église.

Données relatives à Marc 6,7-13 :
Évangile du 14 juillet 2024 :

15ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Synopse de cet Évangile :
  • Luc 9,1-6
  • Matthieu 9,35 & 10,5-16 & 11,7
Niveau d’enseignement : 3ème niveau : Enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres)
Collier évangélique :
  • Collier vocation-mission des Douze

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc
chapitre 6, versets 7 à 13

Note de lecture : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, cette traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Et il y eut pour les douze leur vocation[1].
    Elle commença par leur envoi, deux par deux, et Il leur fit don d’autorité sur les esprits immondes[2] pour qu’ils puissent les chasser.
  2. Et Il leur fit cette recommandation : ne rien emporter pour la route mais seulement un bâton[3] ; pas de sac ni de pain, ni même de piécettes[4] dans leur ceinture de voyage.
  3. Ne prenez pas deux tuniques mais prenez des sandales.[5]
  4. Et Il leur dit : « dans le lieu où vous avez à aller, une maison choisie pour vous sera votre base jusqu’à ce que vous repartiez de là. »[6]
  5. Et Il leur dit « si pour toutes les autres maisons de ce chef-lieu, on ne vous reçoit pas et on ne vous écoute pas, en repartant de là secouez la poussière de vos pieds pour témoigner de leur luxure. En vérité moi Je vous le dis à vous se sera moins grave pour Sodome et pour Gomorrhe, au jour du Jugement, que pour ce chef-lieu. »
  6. Et ainsi ils partirent et prêchèrent pour la conversion de tous :
  7. Et ils chassèrent beaucoup de démons et ils faisaient des onctions sacrées sur beaucoup de malades et ils étaient guéris.

Commentaire et contexte de cet Évangile

Une perte de sens caractéristique entre l’oral et l’écrit

Tant par sa brièveté que par la densité de son contenu, cette page d’évangile est caractéristique d’un texte de composition orale ;

Nombre de ceux qui étudient les sources de l’évangile écoutent nos critiques sur les versions grecque et latine et préfèrent désormais travailler sur les textes de langue araméenne. Cette évolution est heureuse mais elle le serait encore davantage s’ils tenaient compte des modes de ponctuation qui caractérisent ces textes de composition oral. Pour le comprendre, il faut considérer le mode de ponctuation dont ils sont l’objet dans les manuscrits liturgiques araméens d’origine. Celle-ci s’opère grâce aux points et aux croix que les copistes ont coutume d’introduire entre les paragraphes ou entre certaines phrases.

Leur première fonction est d’indiquer les endroits où le récitant doit reprendre son souffle, afin de rendre la proclamation de la Parole à la fois plus fluide plus facilement mémorisable. Mais ils servent aussi - et peut-être surtout - à attirer l’attention des auditeurs sur certains éléments de contenu qui appellent de leur part une compréhension particulièrement approfondie du sens. Ce sont en somme des signaux qui, en rompant le flux de la récitation, avertissent le lecteur que les phrases qu’il vient d’entendre possèdent un sens extensif qu’il lui faut interroger ; qu’elles sont placées où elles sont avec l’intention de faire écho à d’autres phrases contenues dans le corpus des enseignements de l’Église ; et qu’elles appellent de ce fait un surcroît de méditation, propre à en enrichir la compréhension de façon extraordinaire.
Aussi est-il regrettable qu’en Occident, l’étude des textes évangéliques ait été menée par des universitaires qui, n’étant généralement familiarisés, ni avec l’oralité, ni avec les liturgies des églises de l’Orient, ont totalement ignoré cette pratique qui est essentielle dans une société de culture orale ; et avec elle toute la profondeur qu’elle est de nature à faire découvrir dans les textes.
Celui que nous commentons aujourd’hui en est un bon exemple.

Fonder douze Églises dans douze chefs-lieux symbolisant les douze tribus d’Israël

Si le manuscrit où il est dit que Jésus allait enseigner dans les villages alentour avaient été privé de ses fameux points, ses contemporains s’en seraient tenus au mot-à-mot des versets et ils n’auraient pas été sensibles à des sous-entendus qui devaient être transparents pour un auditoire rompu aux pratiques de l’oralité ; à savoir que les villages dont parle l’évangéliste ne sont pas n’importe quels villages, mais douze chefs-lieux symbolisant chacun l’une des douze tribus d’Israël.
Le mode d’action indiqué ici par Jésus consiste à y fonder les premières Églises. Il s’agit d’églises locales, de nos actuels évêchés.

Le sacrement d’ordination des évêques obéit à un rituel bien précis

Il faut voir également que, faute de connaître cette pratique typiquement orientale, les exégètes d’aujourd’hui ont rarement été à même de comprendre que, derrière un énoncé passablement elliptique, le texte de Marc proposait en fait une citation abrégée d’un rituel institué par Jésus ; et un rituel avec imposition des mains qui correspond à une phase essentielle dans l’organisation très structurée que le Maître entendait donner à son Église. Il s’agissait en effet de mettre en place un cérémonial ayant pour but d’instituer des évêques ; c’est-à-dire de sacrer, parmi les prêtres, ceux qui seraient « envoyés » dans les chefs-lieux afin d’y prendre en charge une église locale ; autrement dit une tribu dans son chef-lieu.
Ainsi n’est-ce pas seulement l’appel des douze que le texte de Marc rapporte. En mettant chaque point à sa juste place, il laisse deviner, au-delà de son énoncé d’apparence banale, un évènement d’une singulière importance.

  1. Jésus appelle les douze. Ici Marc évoque la nature de la prêtrise. Celui qui s’y engage ne le fait pas à la suite d’un subtil discernement psychologique ou d’une adhésion réfléchie à une idéologie. C’est une vocation dont Jésus prend Lui-Même l’initiative et qui a par conséquent un caractère de sacralité ; c’est un appel qu’Il adresse avec force à celui qu’il a choisi et qui doit répondre « me voici », en y mettant toute sa foi ; comme répond aujourd’hui, à la l’appel de son évêque, l’ordinant qui va recevoir le sacrement et devenir un prêtre.
  2. C’est encore Jésus qui choisit les disciples dont Il a décidé de faire des apôtres, c’est-à-dire des missionnaires ; mot qui donne « shliâ » en araméen, et signifie à la fois « apôtre » et « envoyé ». La vocation des prêtres sera d’annoncer le Royaume  ; ce qu’ils feront en étant envoyés « deux par deux », afin que l’amour qui les unit soit une manifestation visible de l’amour de Dieu et de la mission de Son Eglise.
  3. Jésus donne aux Douze « l’autorité sur les esprits impurs ». Et ce faisant c’est le rôle singulier des évêques qu’Il institue. Car cette autorité qui relève du sacré c’est précisément la prérogative qui leur revient. Elle consiste à être directement aux prises avec le divin et ainsi, elle fait d’eux de nouveaux Chefs des Prêtres. C’est à eux en effet que reviendra la responsabilité de prononcer (ou de faire prononcer en leur nom) les paroles de consécration ou d’exorcisme ; de chasser les esprits mauvais ou d’appeler la descente de l’Esprit Saint. Et ils auront à connaître les rituels secrets, et ces paroles que Jésus a dites et qui ne sont pas rapportées dans les textes, mais qui sont implicitement contenues dans le rituel et font partie, dans chaque tribu, du « trésor de l’Église ».

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Les douze apôtres

Icône du XIVe siècle

Musée Pouchkine, Moscou.

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