La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Jean 6,24-35

Pain de vie et eucharistie :
Jésus est le signe du ciel donné par le Père

Commentaire d’Évangile

Contrairement aux trois autres évangélistes, Jean ne décrit pas le rituel que Jésus institue au cours de la Cène. Son souci est d’en faire comprendre le sens profond. Aussi le passage qu’il nous est donné de méditer a pour objet la préparation des disciples à une juste compréhension de l’Eucharistie ; c’est dire de cette :

... « nourriture qui vous restera utile jusqu’à la vie éternelle et que le Fils de l’homme vous donnera de sa main avec l’emprunte de Dieu le Père ».
Données relatives à Jean 6,24-35 :
Évangile du 4 août 2024 :

18ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Niveau d’enseignement : 3ème niveau : Enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres)
Collier évangélique :
  • Collier eucharistique (Pain de Vie)

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 6, versets 24 à 35

Note de lecture : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, cette traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, et ses disciples non plus, ils montèrent dans des bateaux[1] et vinrent à Capharnaüm à la recherche de Jésus.
  2. Et lorsqu’ils le retrouvèrent de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-Tu venu ici ? »
  3. Jésus leur répondit et leur dit : « Amen, amen, Je vous le dis : vous Me cherchez, non pas parce que vous avez vu le signe, mais parce que vous avez mangé le pain[2] et que vous avez été comblés.
  4. Ne vous efforcez pas pour la nourriture qui périt, mais efforcez vous pour la nourriture qui vous restera utile jusqu’à la vie éternelle et que le Fils de l’homme vous donnera de sa main avec l’emprunte de Dieu le Père. »[3]
  5. Alors ils Lui dirent : « Comment s’efforcer de faire les œuvres de Dieu ? »
  6. Jésus répondit et leur dit : « C’est précisément l’œuvre de Dieu que vous croirez en Celui qu’Il a envoyé. »
  7. [4] D’autres Lui dirent : « Quels signes feras-Tu pour que nous voyons et croyons en Toi et quelle forme de visitation[5] cela sera pour nous ? »
  8. Tel qu’il a été écrit, nos pères ont mangé la manne dans le désert : le pain venant du ciel leur a été donné à manger.[6]
  9. Jésus leur dit : « Amen, amen, Je vous le dis : Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui va vous donner le pain sacré venant du ciel.
  10. en effet son pain divin est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. »
  11. Alors ils Lui dirent : « Notre Seigneur, que ce pain là nous soit toujours donné. »
  12. Et Jésus leur dit : « Je suis le pain de vie : celui qui Me mange n’aura plus faim et celui qui croit en Moi n’aura plus soif, jamais. »

Commentaire et contexte de cet Évangile

A lire ce texte, on devine toute la profondeur et surtout la singulière structuration que Jésus y a Lui-Même imprimée et que l’Apôtre Jean restitue avec grande fidélité, en bon récitant de culture orale.

C’est avec grand soin que ce texte met l’institution de l’Eucharistie en perspective avec d’autres textes retenus dans le canon de l’Eglise ; non seulement avec l’épisode de la manne[1] ; mais aussi avec les récits des deux multiplications des pains qui se placent comme en symétrie par rapport à notre texte d’aujourd’hui, et dont il convient de méditer le sens en cherchant à comprendre en quoi ils diffèrent l’un de l’autre et comment ils se complémentent.

Une multiplication pour les Juifs et une autre pour les Gentils

Notons que ces deux miracles ont lieu au cours de quoubala que Jésus organise Lui-Même dans les moindres détails et selon une rigoureuse méthodologie qui servira de modèle à l’organisation des foules infiniment plus nombreuses qui formeront bientôt l’Eglise. Les hommes s’assoient en formant de longues files ; les familles viennent se grouper autour d’eux ; les apôtres leur apportent la nourriture ; une nourriture qui vient du ciel et qui est de nature à combler.

La première multiplication des pains a lieu sur une montagne ; là où Jésus a coutume de donner à ses plus proches disciples un enseignement de niveau supérieur. Elle est située sur la partie occidentale de la mer de Galilée, près de la route qui va à Jérusalem. Jésus y a réuni le petit groupe de ses apôtres avec leurs familles. Conformément à la tradition juive, Il est tenu de leur offrir un quoubala de deuil, c’est-à-dire un repas qui célébrera la mort de Jean-Baptiste dont Il est le plus proche cousin.

Mais le groupe ainsi formé est bientôt rejoint par une foule bien plus nombreuse ; une foule que les disciples n’ont pas prévue et que Jésus va également devoir nourrir …. en opérant un miracle. Elle est composée de disciples que le défunt a baptisés dans les eaux du Jourdain et de quantité d’Hébreux fidèles qui ont entendu parler des signes que Jésus opère sur les corps malades et qui voudraient bien, eux-aussi, faire grandir leur foi et bénéficier d’une telle guérison.
En somme cette première multiplication des pains est réservée au Peuple élu, à de pures enfants d’Israël qui ont été élevés dans la connaissance de la Loi et des Prophètes et qui ont appris à réciter par cœur la Parole de Dieu.

La deuxième multiplication vise un public sensiblement différent. L’endroit où elle a lieu est tourné vers la Décapole ; c’est-à-dire vers une région où le trafic commercial est bien plus important et varié qu’en Galilée et où se mêlent donc quantité d’hommes et de femmes de cultures différentes. Venus de Mésopotamie, du monde grec ou même de la lointaine Asie, ce sont autant d’étrangers qui ne sont nullement familiarisés avec la culture hébraïque et dont certains refuseront d’ailleurs de croire en ce Dieu - passablement bizarre à leurs yeux - qui se fait nourriture et se donne à manger à ses fidèles. Rebutés par une telle idée, ils répondront à Jésus : « non vraiment, pour nous cette parole est trop dure »

L’analogie de la nourriture

Pour bien comprendre ce que Jésus veut signifier à tous ces hommes en leur donnant à consommer du pain et des poissons, il convient de s’intéresser à la singulière anthropologie du peuple hébreu ; laquelle établissait une analogie entre l’acte physique que fait le corps en mangeant et en assimilant des aliments, et le geste mental que fait l’esprit de l’homme quand il accueille une parole ou une pensée et qu’il s’en nourrit intérieurement ; afin de faire vivre et grandir en lui une foi qui l’accompagnera jusque dans le vie éternelle.

En les mettant en situation d’absorber une nourriture qui vient du ciel et d’en éprouver une guérison intérieure, Jésus met les gens qui l’écoutent en état d’accueillir la Parole de Dieu dans de bonnes dispositions de cœur et sans rien en perdre ; cette Parole qui nourrit l’âme et qu’évoquent par analogie les cinq pains (qui représentent les cinq livres du Pentateuque), et les deux poissons (qui renvoient aux livres des Psaumes et aux Prophètes).

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La Cène

Gioacchino Assereto - 1620

Musée du Louvre

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