Marc 10,1-16
Jésus condamne le divorce : scandale pour les enfants
Commentaire d’Évangile
Repris dans les quatre évangiles ; la stabilité du mariage, c’est à dire de l’alliance entre les époux, est une condition essentielle de la fécondité de l’amour. Aussi en divorçant, les parents risquent-ils de provoquer la chute de leurs enfants et de compromettre leur croissance spirituelle tout au long de leur vie. D’où la sévérité de Jésus vis-à-vis de l’adultère.
Évangile du 6 octobre 2024 : | 27ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B |
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Synopse de cet Évangile : |
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Niveau d’enseignement : | 3ème niveau : Enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres) |
Collier évangélique : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc
chapitre 10, versets 1 à 16
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et Jésus se leva de là et Il alla jusqu’à la limite du Jourdain quand Il croise celle de la limite de la Judée[1] et vinrent alors vers Lui une foule nombreuse et Il se mit à les instruire à nouveau comme à son habitude.
- Et s’approchèrent de Lui des pharisiens[2] pour Le mettre à l’épreuve en ouvrant l’exégèse sur la permission pour un homme d’abandonner sa femme.
- Il leur dit : « que vous a recommandé Moïse ? ».
- Alors eux dirent : « Moïse nous a laissé le mettre en acte mis par écrit ».
- Jésus répliqua et leur dit : « ce fut une recommandation de mise par écrit comme invitation[3] faite à la dureté de votre cœur.
- En effet, depuis le commencement homme et femme Dieu les a faits.
- C’est pour cela qu’un homme aura à quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa femme.
- Et dès lors, ils seront deux en l’unicité d’une seule chair et ils ne sont plus deux mais une seule chair.
- Ce que Dieu a mis sous le même joug, en acte et en parole, que l’homme ne le mette pas à part. »
- Et une fois dans la maison[4], ses disciples l’interrogèrent à nouveau sur cela.
- Et Il leur dit : « adultère pour quiconque parmi les hommes se déliera d’avec sa femme et en épousera une autre.
- Et si une femme se délie de son mari et en épouse un autre : adultère ! »
- S’approchèrent de lui des enfants pour qu’Il les embrasse mais ses disciples s’y opposèrent pour qu’ils ne soient pas embrassés.
- Jésus le voyant fut irrité et Il leur dit : « laissez les enfants venir auprès de Moi et ne leur interdisez pas car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux.
- Amen Amen Je vous le dis, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un enfant[5] n’y entrera pas. »
- Et Il les prit dans ses bras et Il posait sa main sur eux et Il les bénissait.
Commentaire et contexte de cet Évangile
Mauvaise foi des pharisiens
En affirmant que Moïse a permis à l’homme de se séparer de sa femme sous la seule condition de lui fournir un acte de répudiation, les pharisiens manifestent évidemment une insigne hypocrisie. Moïse en effet n’a jamais rien permis de tel et l’acte juridique qu’il a imposé pour cette circonstance particulière visait seulement à limiter les conséquences d’un désordre endémique que la pratique de l’adultère avait introduit au sein du peuple hébreux. Le divorce y était en effet une pratique courante et il fallait prévoir, de la façon la plus équitable possible, les conditions de la séparation ; en empêchant notamment qu’une fois répudiée, la femme ne se voit encore spoliée de ses biens et réduite à la misère par la « dureté de cœur » de son trop puissant mari.
Leur lobby politico-médiatique
Alors qu’Il vient en Israël pour y annoncer une nouvelle torah qui sera une « torah d’amour », Jésus se trouve confronté à une opposition farouche de la part du groupe des pharisiens ; c’est-à-dire de ces théoriciens du droit qui, en jouant sur la force coercitive d’un système tout juridique, ont réussi à s’emparer du pouvoir religieux et politique.
En se mettant d’eux-mêmes à l’écart du peuple d’Israël, ces « intellos » se sont en effet constitués en ce que nous appellerions aujourd’hui une élite auto-proclamée ; et ils exercent sur la société de l’époque un magistère moral qui leur permet de prendre la direction des synagogues et ainsi de dicter leur interprétation de la Loi et leur vision de l’avenir ; tout en imposant aux autres un lourd fardeau d’obligations morales dont ils savent fort bien s’affranchir eux-mêmes, en usant d’arguties et de formalisme. Notamment quand ces obligations concernent la fidélité dans la relation conjugale.
Habile réponse de Jésus
A la question de ces esprits corrompus qui s’y entendent donc à merveille pour contourner la Loi du mariage, Jésus apporte une réponse d’une très grande habileté. Elle appelle en effet un renversement complet de la problématique.
Laissant de côté le juridisme auquel ses interlocuteurs s’accrochent pour pervertir l’esprit de la loi, Jésus fait en effet tourner toute la question de l’adultère et du divorce autour du vécu de la relation amoureuse, tel qu’elle est célébrée dans les « qoubala » de mariage ; c’est-à-dire au cours de ces repas de noce dont le rituel a pour but d’associer deux maisons – celle de l’époux et celle de l’épouse – afin de rendre possible l’avènement d’une nouvelle maison qui sera le foyer de vie des nouveaux époux et dans laquelle la nouvelle torah d’amour pourra être pratiquée dans toute sa pureté, pour assurer la fécondité charnelle et spirituelle de la famille toute entière.
A ce compte, le mariage ne reposera plus sur le seul respect d’une règle juridique, si juste soit-elle, mais sur la fécondité d’un partage amoureux. Il s’agira en somme d’un processus vital qui amalgamera les deux lignées en un seul espace de vie et d’amour ; lequel sera naturellement ouvert aux enfants qui viendront y grandir et assureront leur descendance.
Responsabilité vis-à-vis des enfants
En se terminant par la séquence où Jésus accueille les petits enfants et où on le voit se mettre en colère contre ses disciples qui voudraient les écarter, l’évangile de Marc entend insister sur le fait qu’ils sont les premières victimes du divorce et qu’en se séparant leurs parents prennent un risque énorme ; celui de les faire chuter en empêchant que la Parole de Dieu ne soit accueillie dans la fraîcheur de leur âme et ne les accompagne tout au long de leur vie.
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par Pierre Perrier
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