Jean 13,31-35

Aimez-vous les uns les autres
de cœur à cœur

Évangile du dimanche 18 mai

Pour suivre Jésus-Christ, les hommes devront apprendre à vivre avec leur prochain une relation personnelle qui sera faite de charité et de pardon à l’imitation de Dieu qui place Sa Miséricorde au-dessus de Sa propre Justice et peut ainsi pardonner au bourreau sans faire préjudice à la victime.
Cet amour "les uns les autres" commence par nos plus proches, au cœur de la famille avant d’inonder le Monde.

Données introductives sur Jean 13,31-35

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 13, versets 31 à 35

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

31. ^[1]Quand il^[2] fut sorti, Jésus dit : « maintenant est glorifié le Fils de l’homme et Dieu est glorifié en Lui. »
32. Et si Dieu a été glorifié en Lui, voici aussi que Dieu Le glorifiera en Lui-même et c’est dès maintenant qu’Il Le glorifie.^[3]
33. Mes petits, Je suis encore un peu de temps Moi avec vous ; et vous Me chercherez et, comme Je l’ai dit aux judéens : « où Je vais^[4], vous ne pouvez pas venir pour l’accomplir. » et Moi Je^[5] le redis aussi à vous maintenant.
34. La Recommandation Nouvelle^[6], Moi je vous la redonne : « Aimez-vous un vers un^[7] comme Moi Je vous ai aimés. »
35. En ceci, tous les hommes reconnaitront que vous êtes Mes disciples si l’amour sera en vous : « l’un unique auprès de l’autre unique. »

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Commentaire et contexte de cet Évangile

À lire ce texte, on ne peut pas ne pas admirer à la fois son caractère elliptique et la densité de son contenu. Après la dernière Cène - au cours de laquelle Il a institué le Mystère de Sa Sainte Eucharistie - Jésus donne en effet deux enseignements qui, pour être très brefs, n’en constituent pas moins deux forts piliers de la foi chrétienne.
Le premier de ces enseignements porte sur cette circulation d’amour, en laquelle consiste le Mystère de la Sainte Trinité. L’autre enseignement concerne la « recommandation nouvelle » que le Seigneur donne à ses disciples avant de remonter vers Son Père : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés ».

Jean les rassemble au sein d’un même récitatif, afin qu’ils s’y fassent écho et qu’ils se servent respectivement de modèle. L’amour divin devra en effet inspirer à l’homme un amour authentique pour son prochain ; et en retour, l’amour du prochain devra lui servir de propédeutique pour s’initier à l’amour d’un Dieu qui n’est Lui-même qu’Amour.

La Trinité comme modèle de circulation d’amour

La « gloire » à laquelle Jésus fait allusion et que l’évangile nous montre, transitant à la fois du Père vers le Fils et du Fils vers le Père, n’est évidemment rien d’autre que la Gloire de Dieu Lui-même. C’est une Gloire incomparable qu’on pourrait définir comme un Amour porté à son absolue plénitude.
Et c’est de la circulation de cet Amour - qui « procède à la fois du Père et du Fils » - que l’homme devra s’inspirer pour aimer son prochain ; pour l’aimer de toute la pureté de son cœur, et surtout en l’acceptant tel qu’il est, avec ses péchés et avec la part incompressible de mystère et d’ombre qu’il porte en lui.

Il lui faudra en somme l’aimer dans toute la plénitude de son être ; en acceptant qu’il ne soit qu’un homme pécheur, et en évitant l’écueil qui consisterait à le configurer à un type humain idéal et désincarné ; comme c’est le cas avec le légalisme du Coran et les idéologies des Lumières.

Le Christianisme n’est pas un simple humanisme

Ce que les disciples de Jésus devront apprendre à aimer, ce n’est ni l’homme « théorique » de Nietzsche, ni le genre humain en général, ni surtout l’homme légal de la déclaration des droits de l’homme. Le Christianisme ne peut en aucune façon être mis sur le même plan que ces théories généreuses qui écrivent le mot Homme avec un grand H et en font la justification suprême de toutes leurs idéologies démocratiques, mais qui ne se privent pas à l’occasion, et « pour le plus grand bien de l’humanité », d’envoyer des hommes de chair et de sang à la guillotine ou au goulag.

Ce n’est pas avec un homme abstrait que Jésus nous demande de nouer une relation fraternelle, mais avec un homme particulier et unique. C’est-à-dire avec un homme pécheur que nous devons rejoindre réellement ; comme nous devons Le rejoindre Lui-même dans les saintes espèces de l’Eucharistie où Il est réellement et charnellement présent.

L’amour d’un père pour son fils unique

Les bourreaux qui Le crucifient, les larrons qui partagent Son supplice, Jésus les aime sans limite et sans réserve et surtout Il leur pardonne, sans leur tenir compte des crimes qu’ils ont commis. Il n’est qu’amour et Il ne saurait faire autrement.
Ainsi Dieu peut-Il aimer tous les hommes, et leur accorder Son Pardon ; à la façon d’un père qui aime son fils unique, sans avoir à tenir compte des récriminations et des cris de vengeance que d’autres enfants seraient en droit de faire entendre^[1].

Cet amour de père pour un fils unique est en somme ce qui permet à Jésus de pardonner au bon larron^[2], sans faire pour autant préjudice à ceux qui en ont été les victimes et sans les priver de la moindre parcelle de Son Amour ; d’un Amour de Miséricorde qu’Il met au-dessus de Sa propre Justice.

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