La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Jean 6,51-58

Accepter l’Eucharistie comme le don par Dieu d’un Pain vivifiant

Commentaire d’Évangile

Dans son chapitre 6 Jean développe toute une doctrine sur l’Eucharistie, et il aborde pour cela le problème crucial de l’analogie ; c’est-à-dire qu’il donne la clé d’un mode de pensée qui, pour évoquer les réalités du monde "d’en-haut", ne se contente pas d’expliquer des apparences, mais il vise au contraire à les appréhender en elles-mêmes et pour ainsi dire à les rendre présentes. L’analogie se place dans la réalité et elle n’a rien à voir avec le langage des symboles.

Après avoir promis la vie éternelle à ceux qui croient en Lui, et par une succession de simples analogies, Jésus nous donne de comprendre le mystère de l’Eucharistie.

Données relatives à Jean 6,51-58 :
Évangile du 18 août 2024 :

20ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Niveau d’enseignement : 3ème niveau : Enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres)
Collier évangélique :
  • Collier eucharistique (Pain de Vie)

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 6, versets 51 à 58

Note de lecture : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, cette traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Moi Je[1] suis le pain vivant qui descend vraiment des cieux. Si un homme se met à manger de ce pain il sera vivant jusqu’à l’Éternité et ce pain vient [est signe] pour cela. Mon Corps est là pour que les hommes s’approchent de Ma Face selon la vie que je suis en train de donner au Monde. »
  2. Les judéens se mirent à argumenter[2] les uns avec les autres et ils disaient : « comment Celui-ci pourrait-Il nous donner son Corps à manger ? »
  3. Jésus leur dit « Amen Amen je vous le dit. Si vous ne mangez pas le Corps du Fils de l’homme[3] et ne buvez pas son Sang vous n’aurez pas les vies en ce qui vous tient debout actifs (qnomé)[4].
  4. Ainsi celui qui mange de mon Corps et boit de mon Sang a les vies qui mènent à l’Eternité
    et je le remettrai debout au dernier Jour.[5]
  5. Car mon Corps est véritablement une nourriture et mon Sang est véritablement une boisson.
  6. Celui qui mange de Mon Corps et boit mon Sang
    se met d’aplomb en Moi et Moi en lui.
  7. Ce sera comparable à mon envoi quand le Père m’a donné vie [humaine].
    Ainsi Moi en vous Je vis par ce que le Père agit.
  8. Ce Pain qui descend du Ciel
    Ce n’est pas comme fut la manne décomptée[6] qu’ont mangé vos pères et ils sont morts[7]
    Celui qui le mange ce Pain vivra jusqu’à l’Eternité »[8]

Commentaire et contexte de cet Évangile

L’insistance avec laquelle Jésus déclare qu’Il est Lui-Même la nourriture qui est descendue du Ciel indique clairement qu’on ne doit pas considérer le pain et le vin eucharistiques comme de simples symboles grâce auxquels, en associant les réalités d’ordre spirituel avec des concepts abstraits (ou avec des images concrètes), on pourrait se faire une idée satisfaisante de la nature divine de l’Eucharistie.
Dans les mains du prêtre, ces humbles espèces qui sont à la fois un don de Dieu et "le produit du travail des hommes", sont appelés à devenir réellement et substantiellement le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et c’est précisément ce qu’une pensée fonctionnant sur le mode de l’analogie permet de mieux faire concevoir.

Manger les riches dons de l’enSeigneur pour les faire sien

Le geste mental que fait l’homme quand il reçoit et assimile un enseignement d’ordre spirituel ne diffère pas, dans son schéma de fonctionnement, de celui que fait son corps lorsqu’il mange et ingère les aliments qui nourriront sa vie charnelle. C’est là une donnée anthropologique essentielle qui a été révélée par les travaux que l’ethnologue Marcel Jousse a consacrés à ce qu’il appelait la "manducation de la Parole". Ainsi, on "rumine" ce qu’on a écouté pour l’assimiler profondément.

Pour les hommes de la Bible, l’activité qui consiste à manger des aliments pour en nourrir son corps est le meilleur modèle auquel on puisse se référer pour se représenter l’accueil de la Parole de Dieu par une âme, ainsi que les mécanismes qui permettent à sa vie spirituelle de s’en nourrir. Ici l’acquisition de la connaissance consiste - selon le schéma joussien - à "manger" l’enseignement" et à "manger l’enseigneur".
Evidemment cette nourriture, dont l’enseigneur Jésus dit qu’elle est son propre Corps et qu’elle est de nature à faire entrer tous les hommes qui la consommeront dans la vie éternelle, est une réalité difficile à comprendre et il convient pour cela d’en détailler la nature avec soin, étape par étape. C’est le fonctionnement de tout apprentissage.
Concernant la nature du Pain eucharistique, deux points sont à noter dans le chapitre 6 de Saint Jean.
D’une part ce pain diffère de la manne. Celle-ci en effet ne nourrissait que le corps de l’homme et elle n’a pu sauver Moïse et les Hébreux que pour le temps de leur vie terrestre. D’autre part, cette manne n’est pas non plus comparable aux pains des deux multiplications ; lesquels pains ont été offerts par les mains de Jésus et pour ainsi dire créés en Lui, mais sans pour autant être identifiables avec Sa Personne.

L’Eucharistie est une voie qui fait grandir vers la vie éternelle

Sanctifiées par la présence divine de Jésus, les Saintes Espèces constituent une nourriture mystérieuse, à la fois matérielle et spirituelle ; de sorte qu’on peut considérer comme des "superpositions d’états"[1] les relations qui unissent, d’une part, le pain et le Corps de Jésus et, d’autre part, le vin et son Précieux Sang.
L’analogie que l’évangile établit de cette façon entre les espèces eucharistiques et la Personne du Christ n’est donc pas du tout de l’ordre de la symbolique. Elle établit plutôt une relation d’équivalence. Investis par Dieu et marqués de son empreinte sacrée, le pain et le vin sont en effet, réellement et substantiellement, le corps et le Sang de Jésus-Christ ; bien que ce soit évidemment sous des formes tout à fait différentes ; et notamment sous une forme "vivifiante" susceptible d’ouvrir aux fidèles rachetés par le Sacrifice de la Croix, les portes de la vie éternelle.
Ainsi, sanctifié par l’empreinte de Dieu et donné aux hommes en guise de nourriture spirituelle, le pain de l’Eucharistie est-il de nature à renouveler en l’homme une sacralité que la somme des péchés a détruite et à lui faire partager la vie avec Dieu. C’est là d’ailleurs le point important de cet évangile. On remarque en effet que, dépassant la considération de la mort terrestre et de la vie au Shéol[2], il est totalement tourné vers la promesse d’une vie éternelle dont le mystère de l’Eucharistie est la clé.
Ce Corps du Christ qui ouvre les portes du Ciel, c’est le prêtre, en sa qualité de successeur des prêtres ordonnés par les évêques successeurs des apôtres, qui le donnera aux fidèles. Il le fera au cours d’une cérémonie singulière appelée "qourbana"[3] ; mot dont la racine araméenne - q r b - évoque l’idée de s’approcher au plus prés de cette nourriture sacrée, de la toucher et surtout de la manger pour se l’assimiler et en nourrir sa vie.

Le sang assure l’unité de notre corps, de notre communauté et de l’Eglise avec le Christ

Pour que l’Eucharistie introduise pleinement les croyants (et la communauté ecclésiale qu’ils forment) dans le shéol puis dans la vie éternelle, il faut qu’y intervienne un autre élément que le texte de Jean ne manque pas d’évoquer. Il s’agit du vin.
Toujours sur le mode de l’analogie, cette boisson est en effet un équivalent du Sang Précieux du Christ. Elle le rend présent sur l’autel, réellement et substantiellement. Consacrée par les mains du prêtre, elle unira spirituellement les croyants en une même Eglise et ainsi elle leur fera partager le même vie spirituelle ; de la même façon qu’en circulant dans le corps charnel, le sang constitue en un seul organisme et maintient dans une même vie les cellules qui le composent et qui sans lui ne pourraient que dépérir. Dans l’Eucharistie ce n’est pas seulement un corps défunt que Jésus nous donne en nourriture, c’est un corps qui ressuscite et qui vit ; et qui communiquera sa vie de ressuscité à ceux qui en mangeront.

L’incompréhension des hérétiques

Cela fait sans doute de l’Eucharistie le mystère le plus essentiel de la foi chrétienne. Celui dont l’incompréhension a inspiré les plus graves hérésies ; celle des Musulmans qui ont rejeté l’idée de Trinité, et celle des Protestants dont la pensée se limite à notre capacité de compréhension symbolique, loin de toutes les richesses spirituelles apportées dans l’Eucharistie.

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Frontispice d’un Missale Romanum édité par Friedrich Pustet

Vers 1910

œuvre de Max Schmalzl

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Pierre Perrier

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