Matthieu 1,18-24

Joseph accueille la Nativité dans le silence de son cœur

Évangile du dimanche 21 décembre

Savoir faire silence et se déposséder pour que sa volonté puisse s’accorder à la Volonté de Dieu, telle fut la grande vertu de Joseph, le père de Jésus.

Données introductives sur Matthieu 1,18-24

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu
chapitre 1, versets 18 à 24

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

18. La génération^[1] de Jésus le Christ se fit alors que Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant qu’ils aient célébré leur mariage et qu’ils puissent habiter ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit de Sainteté.
19. Mais Joseph, par son engagement et en responsabilité, ne voulant pas l’exposer à être déshonorée eut l’intention de disparaitre secrètement.
20. Alors quand il eut organisé ces choses, un ange du Seigneur se rendit visible à lui en songe et lui dit : "Joseph, fils de David, n’aie pas peur de prendre Marie pour être ta femme, car Celui qu’elle porte vient de l’Esprit de Sainteté.
21. Ainsi elle va enfanter un Fils, et tu auras à l’appeler par son nom, Jésus : Celui qui va agir pour rendre Vie à son peuple en l’éloignant de ses péchés."
22. Or, tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur Dieu avait annoncé par le prophète, puis mis par écrit^[2], en disant :
23. "Voici, la vierge sera enceinte et elle enfantera un fils qu’on surnommera Emmanuel, ce qui signifie : Dieu avec nous."^[3]
24. Alors quand Joseph se fut levé de son songe, il fit comme l’ange du Seigneur Dieu lui avait recommandé et il ne suivit pas pour sa femme sa décision [celle que sa propre sagesse lui conseillait].

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Le vœu de naziréat

C’est donc dans une situation pour le moins embarrassante que Marie et Joseph se retrouvent ; situation que l’on ne saurait pleinement comprendre si l’on ignore le vœu de naziréat par lequel ils se sont engagés l’un vis-à-vis de l’autre. C’est un vœu qui les oblige à vivre dans la chasteté et que, conformément aux préceptes du Livre des Nombres (chap. 30), ils ont solennisé en présence du Grand Prêtre, le jour même de leurs fiançailles.
Très répandue dans le monde juif de l’époque, cette pratique avait pour but de faire advenir le Messie au sein du peuple de Dieu. Elle consistait en la pratique de ce singulier sacrifice que l’on offrait à Dieu soit pour la vie tout entière, soit pour une durée déterminée. La rupture de ce vœu étant évidemment considérée comme la chose la plus grave qui fût.
Joseph par cette promesse avait fait le choix de laisser à son demi-frère Alphée la possibilité d’accomplir, dans la descendance de David et au sein de la famille royale de Judée, cette « génération du Messie » dont aujourd’hui encore rêvent toutes les familles juives respectueuses de la Torah.

Le salut du monde annoncé dans l’intimité d’une union conjugale

"Complémenté" par l’évangile de Luc (l’évangéliste le plus proche de la mémoire de Marie), cet évangile de Matthieu (l’évangéliste le plus au fait des coutumes hébraïques) dégage un très émouvant parfum de vérité. Il dépeint avec une grande finesse psychologique les sentiments intimes que Marie et Joseph ont dû éprouver à ce moment si critique de leur existence où Dieu s’est rendu présent dans l’intimité de leur ménage.

On y devine les troubles qui ont dû être les leurs au début d’une union conjugale dont ils ne pouvaient prévoir que les implications allaient être aussi décisives et grandioses pour la suite de l’histoire humaine. Héritiers respectifs des deux royaumes du nord et du sud, le mariage des deux tourtereaux ne laissait-il pas espérer la restauration prochaine du trône de David, et surtout n’allait-il pas avoir pour conséquence l’Incarnation du Verbe de Dieu dans le Monde et le salut de l’humanité tout entière ?

La maturation du silence

De retour de chez sa cousine Elisabeth, Marie n’a rien dit à Joseph de ce qui la concernait elle-même conformément au livre de Tobie (12,11). Elle est restée muette, aussi bien sur la visite de l’Ange Gabriel que sur sa grossesse. Elle lui a seulement parlé de Jean Baptiste ; en lui communiquant sans doute le cantique que Zacharie avait composé pour célébrer sa naissance, et en lui rapportant les circonstances dans lesquelles - ayant retrouvé miraculeusement l’usage de la parole - ce vieillard avait prononcé le nom de son fils et fait état de sa vocation de « précurseur ».

Joseph a bien vu pour sa part que Marie était enceinte mais il ne lui pose aucune question et fait seulement le choix de garder le silence et de se séparer d’elle aussi secrètement que possible, afin de lui éviter une répudiation aux conséquences possiblement dramatiques.

L’annonce de l’ange et la nouvelle vocation de Joseph

Et c’est seulement quand l’ange vient lui dire ; « Joseph, fils de David, n’aie pas peur de prendre Marie pour être ta femme, car Celui qu’elle porte vient de l’Esprit Saint » (Mt. 1,20) qu’il prend conscience de l’identité de Celui qui va naître et de la vocation singulière qui sera la sienne. Une vocation qui consistera essentiellement à faire silence, afin que le projet de Dieu puisse s’accomplir.

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