La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 3,1-6

Avec Jean-Baptiste, c’est le Verbe Incarné qui entre dans l’Histoire

Commentaire d’Évangile

Jean le Baptiste qui a été « le dernier prophète d’Israël » met un terme au cycle de l’Ancien Testament. Significativement sa prédication commence et s’achève au gué de Betharaba ; à l’endroit même où Josué fit entrer le Peuple Elu en Terre promise.

Données relatives à Luc 3,1-6 :
Évangile du 8 décembre 2024 :

2ème Dimanche de l’Avent - Année C

Synopse de cet Évangile :
  • Marc 1,2-6
  • Matthieu 3,1-5
  • Jean 1,23
Niveau d’enseignement : 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Collier évangélique :
  • Collier de Jean-Baptiste à Jésus

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 3, versets 1 à 6

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Alors que l’on était dans la quinzième année du règne de Tibère César et que Ponce Pilate était son préfet de Judée et que les frères Hérode Antipas, Philippe et Lysanias étaient respectivement tétrarques de la Galilée, de l’Iturée et de la Trachonitide, et de l’Abilène.[1]
  2. On était sous la grande prêtrise d’Anne [le miséricordieux] puis de Caïphe quand La Parole de Dieu entra en Jean [Dieu a miséricorde], Fils de Zacharie, dans le désert.
  3. Et il vint dans toute la région entourant le Jourdain où il prêchait un baptême de repentance pour la rémission des péchés.
  4. Ainsi qu’il est écrit dans leur mise par écrit, les paroles du prophète Isaïe disent :
    « Voix qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur Dieu et aplanissez le sol pour notre Dieu.
  5. Toutes les ornières seront comblées et toutes les buttes et collines aplanies
  6. et toute chair verra la vie qui vient de Dieu ».

Commentaire et contexte de cet Évangile

Le dernier prophète de la terre d’Israël

Ce que veut montrer Luc à travers cette page d’évangile, c’est que l’enseignement de Jésus va s’inscrire dans le droit fil de la prédication de son cousin Jean. Il sera donc cohérent avec les enseignements du « dernier des prophètes d’Israël » ; c’est-à-dire de cet énergumène dont la voix résonne comme un tonnerre dans tout le désert de Judée ; appelant le Peuple que Dieu s’est choisi à se repentir et à refonder sa foi par un respect confiant de la torah, des prophètes et des psaumes[1].

Cet attachement de Jean à la tradition hébraïque, le récit de Luc le suggère par deux faits complémentaires.
Le premier fait c’est que l’épisode a pour cadre géographique les seuls territoires où les douze tribus se sont installées. Il s’agit des petits Royaumes qui ont été dévolus à Antipas, à Philippe et à Lisanias ; et bien sûr de la ville de Jérusalem où la puissance romaine a installé Hérode sur le trône mais sans cesser pour autant de la gouverner directement et d’une main de fer, depuis leur capitale administrative qui est à Césarée de la mer.
Le deuxième fait, c’est que pour dater l’évènement, Luc ne le réfère pas seulement au règne de l’empereur Tibère, mais qu’il le situe également par rapport au calendrier liturgique juif ; en précisant que la prédication de celui qui sera bientôt « le Baptiste » a eu lieu à l’époque où Anne occupait la charge de Grand Prêtre.

L’annonce que fait Jean n’est nullement l’importation d’une quelconque idéologie philosophique ! Elle est totalement et exclusivement enracinée dans la foi du peuple juif, dans ses traditions et dans sa culture.

Jean organise une célébration et un nouveau rituel

Il est important de voir que Jean ne donne pas seulement un enseignement qui serait un simple commentaire rabbinique de l’Ecriture. Mais qu’il organise une nouvelle célébration ; en instituant un nouveau rituel qui fait référence au moment où, après quarante ans de tribulations et de purification dans le désert, Josué et le peuple élu vont enfin entrer dans la Terre Promise.
Pour les Juifs, la traversée du Jourdain a sans doute été le moment le plus décisif de leur histoire ; celui où Dieu a tenu sa Parole, en entrant avec eux sur cette terre qu’Il avait promise à leurs pères ; avec à leur tête ce Josué dont il faut noter au passage que son nom est, à une variante dialectale près, le même que Jésus et qu’il suggère l’idée de « faire son entrée quelque part », « d’introduire ».

Cet évènement, qui est l’aboutissement de l’Exode, les Juifs ont coutume de le célébrer au cours d’un pèlerinage qui les mène à Jérusalem et qui commence par une traversée du Jourdain. Ils avaient franchi le fleuve à cet endroit grâce à un gué qu’ils avaient aménagé dans son lit ; en alignant douze grosses pierres (une par tribu) dont ils s’étaient ensuite servi pour construire un autel qui fut « le premier » sur le sol de la Terre promise.

Un cheminement qui purifie

Le rituel consiste ensuite en un parcours qui, des confins de l’empire parthe mène les fidèles jusqu’à Jérusalem, en leur faisant traverser la fin du désert de Judée. Cette déambulation commence à l’endroit même où Josué avait passé le Jourdain.
C’est là que le fidèle doit pratiquer un rituel de pardon qui, outre les prières, comporte une déambulation que l’on termine au Temple, pieds nus et en chantant « le cantique des montées ». Elle emprunte un chemin que l’on considère comme une voie sacrée et qui est l’objet d’un entretien constant. Surtout quand Jérusalem doit accueillir un nouveau roi et qu’il faut « préparer ses chemins » et « aplanir le sol sous ses pieds ».

Jean-Baptiste descendant des Grands Prêtres

Si Jean et Jésus peuvent ainsi organiser de nouvelles célébrations et instituer de nouveaux rituels, c’est qu’ils appartiennent l’un comme l’autre à la famille des chefs des prêtres. Tant par Elizabeth que par Anne[2], Jean le baptiste est en effet un lévite, issu d’une prestigieuse lignée de Grands Prêtres. Et il en est de même pour son très proche cousin Jésus qui, comme Josué et Moïse, est un lévite descendant d’Abraham.[3].

Concernant l’ascendance royale de Jésus, voir Marc 6,1-6 et notre commentaire ainsi que Luc 1,69.

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La Prédication de saint Jean Baptiste

Giovanni Battista Gaulli
1600 / 1700 (XVIIe siècle)

Musée du Louvre


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