Luc 11,1-13
Le Notre Père : la prière de Jésus
Évangile du dimanche 27 juillet
par Pierre Perrier, académicien
Il n’est pas du tout indifférent qu’à la fin de cet évangile où Il enseigne la bonne façon de s’adresser à Dieu, Jésus s’attarde sur deux exemples dont l’objet est d’encourager les croyants dans leur cheminement de foi, et de leur faire comprendre l’extraordinaire efficacité qu’ils peuvent attendre de leurs prières.
Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :
La traduction du verset 11,4 a été l’objet d’une ambiguïté tenace. Le latin, traduit par la formule "ne nous laissez pas succomber à la tentation", pouvait laisser penser que Dieu Lui-même nous envoyait la tentation afin de nous éprouver. Après Vatican II, le grec, traduit par la formule "ne nous conduit pas à entrer en tentation", faisait plutôt référence à une protection apportée par Dieu lorsque nous sommes tentés. Suite aux protestations des Églises de l’Orient, la Conférence des évêques de France a proposé en 2017 une formule prenant mieux en compte le texte grec : "ne nous laisse pas entrer en tentation".
S’appuyant sur l’araméen, la formule que nous proposons ci-après voudrait exprimer l’idée que nous demandons à Dieu de ne pas nous abandonner à la tentation au moment où elle s’empare de nous. Pour le dire autrement, qu’Il ne nous laisse pas nous débrouiller seuls avec le Tentateur !
Données introductives sur Luc 11,1-13
Évangile du dimanche 27 juillet 2025 : | 17e dimanche du Temps Ordinaire |
---|---|
Synopse de cet évangile : | Matthieu 6,9-13 & 7,7-11 |
Complément d'information : | Marie Mère de l’Église page 319 |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : | Collier central |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 11, versets 1 à 13
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- [1]Et ce fut quand Il priait en un de ses premiers lieux et qu’Il eut fini, alors un de ses premiers disciples lui dit : « Notre Seigneur apprends-nous à prier comme Jean aussi l’enseignait à ses disciples. »
- Jésus leur dit : « Quand vous priez, dites comme ceci :[2]
Notre Père qui êtes au Cieux, que soit sanctifié Votre Nom, que vienne Votre Royaume, que soit faite Votre Volonté, comme il en est dans les Cieux que cela soit aussi sur Terre[3]. - Donnez-nous le pain dont nous avons besoin chaque jour,
- et aussi laissez tomber de nous nos péchés comme nous laissons tomber ceux de nos débiteurs, et ne nous abandonnez pas quand nous sommes "entrant en tentation" mais délivrez-nous de ce qui vient du Mauvais. »
- Et Il leur dit : « Lequel d’entre vous aurait un ami et irait chez lui en pleine nuit et lui dirait : "Prête-moi trois pains desséchés[4]
- parce qu’un proche est venu chez moi et je n’ai rien à lui proposer."
- Et que de l’intérieur son ami lui dirait en réponse : "Ne me dérange pas : les portes sont fermées, mon épouse et mes enfants reposent avec moi dans le lit et je ne peux plus me relever et te les donner." »
- Moi Je vous dis que, parce qu’il est son ami, il se lèvera en colère mais lui donnera tout ce dont il a besoin.
- Et Moi Je vous le redis : « Demandez et il vous sera donné ! Cherchez et vous trouverez ! Cognez [à la porte] et il vous sera ouvert !
- Car tous ceux qui demandent reçoivent et ceux qui cherchent trouvent et à celui qui cognera il lui sera finalement ouvert.
- Car quel père parmi vous, si son propre fils lui demandait du pain, lui enverrait follement une pierre ? Et si c’était du poisson, lui enverrait follement un serpent au lieu d’un poisson ?
- Et s’il demandait un œuf lui donnerait follement un scorpion ?[5]
- et si vous, en qui il y a du mauvais, vous savez faire un bon cadeau en vue de faire advenir pour vos enfants un bien, combien plus grand encore votre Père des Cieux donnera-t-il un esprit de sainteté à ceux qui le Lui demandent ?
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Commentaire et contexte de cet Évangile
Demandez et on vous donnera
Les disciples devront sans cesse avoir présente à leur esprit la promesse exorbitante, mais pourtant explicite, que le Seigneur leur a faite ; une promesse qui ne doit pas être considérée comme une exagération oratoire ou comme une simple clause de style, mais demande au contraire à être prise au pied de la lettre ; comme un engagement formel de la part du Tout Puissant : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, Il vous l’accordera » Jean 14,13.[1]
Dieu pourvoit à tout
En prononçant une pareille sentence, c’est toute la crédibilité de son enseignement que Jésus met dans la balance ; et cela induit évidemment, du côté de ses disciples, l’exigence d’une foi sans limite et d’un total abandon.
Ceux qui désormais marcheront à la suite du Messie, Fils de Dieu, devront accorder une confiance absolue à la Providence, et à l’amour paternel de ce Dieu de l’Univers qui, dans sa bonté infinie et sa prévoyance, ne leur donnera à manger ni des serpents ni des pierres, mais seulement les bonnes choses dont, mieux que quiconque, Il sait que ses enfants ont besoin. Tel est le sens des deux paraboles qui accompagnent le Notre Père.
Dieu ne nous reprochera pas une excessive insistance dans nos prières
À l’instar de cet homme sans-gêne qui réveille son voisin et lui demande un service au beau milieu de la nuit, les croyants ne devront même pas craindre de déranger le Très-Haut. Le plus grand bonheur de Dieu serait de pouvoir exaucer leurs prières et c’est sans aucune espèce d’impatience qu’Il supportera leur obstination. Ils pourront même se montrer exagérément pressants dans leur manière de lui formuler leurs requêtes ; à la manière de ces juifs de l’Ancien Testament qui allaient jusqu’à adresser de véhéments reproches à Yahvé, lorsqu’ils estimaient leur récompense au-dessous de leur mérite et de leurs espérances !
Ni la dureté du combat spirituel, ni la profondeur angoissante des « nuits de l’esprit », ni les tribulations apparemment insurmontables de la vie terrestre ne sauraient résister à la force d’une prière dite dans l’humilité et la confiance ; et capable à ce titre d’ouvrir le cœur de l’homme à la vie en Dieu. C’est là une affaire dans laquelle Jésus a engagé Sa Propre Parole ; et cela dit assez l’efficacité que le croyant est en droit d’attendre des craintives oraisons qu’il fait monter vers son Père Céleste. Si faibles que soient nos prières, Dieu les entend.
Une prière en phase avec tout l’enseignement de Jésus
Donnée à la demande de l’un des apôtres, la prière du « Notre Père » est destinée aux 12, puis aux 72 pour être finalement transmise à l’ensemble du peuple de Dieu. C’est dire qu’elle a dû accompagner dans leurs tribulations les disciples à qui Jésus a confié la mission d’annoncer le Royaume à Israël puis à toutes les nations de la Terre.
Une prière comme chemin de sanctification
Il faut voir que, malgré sa brièveté et l’apparente banalité de sa formulation, le Notre Père propose une transformation radicale, non seulement de l’idée de miséricorde mais aussi et surtout de la relation que la créature est appelée à entretenir avec son Créateur.
Quand les hommes font monter leurs prières vers le Ciel et qu’ils demandent à Dieu de leur faire miséricorde, c’est toujours en fonction d’une certaine idée qu’ils s’en font. Ce sont leurs pensées à eux qu’ils espèrent faire monter vers le Très-Haut, afin qu’Il les agrée et les sanctifie.
La prière dont Jésus propose le modèle à ses disciples fonctionne d’une manière différente - et on pourrait même dire opposée. Ici, c’est Dieu Lui-même qui prend l’initiative, en envoyant Son Fils Unique dans le monde, afin qu’Il propose à chacune de ses créatures d’accueillir Sa Divine Miséricorde ; une Miséricorde qui règne déjà dans Son Royaume Céleste et qui est bien différente de tout ce que les hommes peuvent concevoir par eux-mêmes et désirer dans la faiblesse de leur amour.
À la prière des hommes qui monte vers le Ciel à force d’incantations, le Notre Père substitue une autre forme de prière qui, elle, descend du Ciel pour que l’homme puisse l’accueillir et la laisser grandir dans le fond de son cœur ; de la même façon que la Vierge Marie accueillit le messager céleste, en lui disant ces mots qui peuvent être considérés comme la clé de toute vie spirituelle authentique : « Que tout se passe en moi selon votre Parole. »
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