Luc 5,1-11

La première pêche miraculeuse de Jésus appelle à la mission

À partir de la première pêche miraculeuse, Jésus commence à organiser son Église en vue de la mission. Il y appelle ses premiers disciples qui vont bientôt former le groupe des Douze.

Données introductives sur Luc 5,1-11

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 5, versets 1 à 11

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

1. ^[1]Ce fut alors que l’on se pressait en foule vers Lui pour entendre la Parole de Dieu et alors qu’Il se tenait debout près du lac, au Jardin du Roi^[2],
2. et Il vit deux barques laissées là à l’entrée côté lac de ce Jardin et les pécheurs qui en étaient descendus avaient étalés leurs filets et les nettoyaient.
3. Et l’une d’elles était à Simon^[3]. Et Jésus y monta et s’assit en disant : « Eloigne-toi un peu en mer hors du rivage ». Et s’étant assis, Il donnait son enseignement à partir de la barque pour la foule.
4. Et quand Il se tut après les avoir fait répéter Il dit à Simon, « Emmène-nous en eau profonde et jetez vos filets pour pêcher ».
5. Simon répondit et Lui dit : « Rabbi cela a été fait durant la nuit entière et nous n’avions rien pris, mais en suivant ta Parole, je vais jeter le filet ».
6. Et l’ayant jeté ils eurent une belle collecte de beaucoup de poissons et qui fit déchirer leur filet.^[4]
7. Et ils firent signe à leurs compagnons de l’autre bateau, « aidez-nous », et quand ils vinrent ils remplirent les deux barques au point d’être comme complètement noyés par une pluie [de poissons].
8. Alors, quand Simon-Pierre vit cela, il vint se mettre aux genoux de Jésus et Lui dit « éloigne-toi de moi car je suis un homme pêcheur ».
9. Car la crainte l’avait sidéré, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la pêche qu’ils avaient pêchée.
10. Et ce fut tout pareil pour Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui étaient des associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon : « n’aies pas peur, à partir de maintenant ce sont des fils d’homme que tu pêcheras pour leur donner la vie ».
11. Et ils ramenèrent les barques à terre et, laissant tout, ils allèrent à Sa suite.

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Dans le « jardin du Roi »

L’année 27 marque le début de la vie publique de Jésus. Après son premier miracle dans le cadre familial de Cana, après la première prédication qu’Il donne en tant que rabbi dans le Temple de Jérusalem, après son installation à Capharnaüm et la guérison du paralytique, le Seigneur va opérer un miracle spectaculaire qui marquera une étape déterminante dans l’Annonce de la Bonne Nouvelle. Désormais, celle-ci va en effet se faire « en église » ; c’est-à-dire avec le concours actif des apôtres que Jésus appelle les uns après les autres et qu’Il ne va pas cesser de former et d’organiser en vue de leur mission.
Ce miracle s’adresse à un petit auditoire exclusivement composé d’enfants d’Israël. Humbles comme les bergers de la crèche, ils sont venus là pour écouter les paroles de ce jeune et déjà célèbre rabbi, mais aussi et peut-être surtout dans l’espoir de trouver auprès de Lui un peu de soulagement à leurs infirmités et à leurs misères.

Un coin de paradis

L’endroit que Jésus a choisi pour être le théâtre de cet évènement majeur qu’est la constitution du groupe des Douze, se trouve au bord du lac de Tibériade. Il s’agit d’une petite plaine dont le nom - Guénnésar - signifie « jardin du Roi ». Avec ses arbres, ses fleurs et surtout les sept ruisseaux qui l’arrosent, l’endroit a des allures de paradis terrestre. Amarrées au rivage, deux barques de pêcheur y évoquent la tranquillité de la vie quotidienne, avec ses temps de labeur sur le lac et ses moments de repos dans la quiétude des maisons.

Depuis la barque de Simon-Pierre

Aux quatre premiers disciples qu’Il a appelés, Jésus va montrer de quelle manière ils pourront se livrer ensemble à un travail d’église.

Pour profiter de l’effet de conservation du son sur une surface fraiche et rendre ses paroles plus audibles, Jésus a pris place dans l’une de ces embarcations, dont il est très important de remarquer qu’elle appartient à Simon. C’est en effet très intentionnellement à ce disciple-là que Jésus donne ses ordres. Sa prédication achevée, Il lui demande tour à tour « d’aller au large », de « lancer ses filets » et surtout de diriger la manœuvre de ses trois compagnons : d’André qui est son frère et partage sa barque ; de Jacques et de Jean, les deux fils de Zébédée, qui sont ses associés. Il préfigure ainsi les missions « deux par deux » qui seront de règle pour l’évangélisation, et la place éminente qu’Il va bientôt confier à Simon dans la gouvernance de son Église.

Des poissons… et des hommes

Le miracle, c’est que Simon trouve des poissons à l’endroit où Jésus lui demande de jeter ses filets ; et où en bon professionnel de la pêche, il sait pertinemment qu’il ne peut pas y en avoir. C’est là un prodige ; mais un prodige qu’il convient évidemment de prendre comme un enseignement par analogie. De la même manière qu’elle peut faire surgir une multitude de poissons dans une mer vide, la Parole de Jésus est de nature à faire surgir de l’amour dans les cœurs les plus endurcis, de l’humanité chez des hommes qui semblent en être totalement dépourvus.
C’est près de ce lieu que chacun des Douze va se voir attribuer une mission particulière, avec les dons qui lui permettront de l’accomplir. Après quoi ils graviront la montagne jusqu’à un grand replat d’où l’on peut voir le Thabor au-dessus du lac de Génésareth, et le mont Garizim au-delà des montagnes de Sion ; un panorama immense et sillonné par de grandes routes qui partent vers les 12 tribus d’Israël. C’est sur ce replat de la montagne que les foules se réuniront bientôt pour écouter l’enseignent de base que Jésus y donnera et que chaque disciple devra apprendre à mémoriser et à transmettre aux autres, de cœur à cœur.

D’une pêche miraculeuse à l’autre

A l’issue de cette pêche miraculeuse Pierre se retrouve donc à la tête d’une équipe et devant des routes qui vont désormais s’ouvrir toutes grandes à l’évangélisation. Et il est important de noter que cette pêche miraculeuse, qui marque les débuts modestes de l’Église missionnaire, trouve un écho dans une autre pêche miraculeuse que Jean relate dans son évangile (Jean 21,1-24) et qui aura lieu au lendemain de la Résurrection.
Ce deuxième récit montre les disciples comptant les poissons de toutes sortes qu’ils ont pris dans leurs filets et arrivant à un total de 153 ; c’est-à-dire à un nombre hautement symbolique que l’on appelle « la gloire de 17 ».^[1]
Ainsi est-il fait discrètement allusion aux colliers thématiques qui constituent le trésor mémoriel et le matériel pédagogique de la première Église ; à ces savants colliers qui conservent et organisent les textes fixés oralement et qui sont eux-mêmes au nombre de 17.
Alors que la première pêche miraculeuse évoquait les débuts de l’évangélisation dans le cadre restreint du peuple juif, la deuxième pêche miraculeuse évoquera le déploiement à venir d’une Église dont les trésors de sagesse augmenteront au même rythme que le nombre de ses fidèles ; c’est-à-dire sur un mode exponentiel et de façon miraculeuse.

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