Jean 16,12-15

Une Parole pour parler de Dieu

Évangile du dimanche 15 juin

On ne doit pas aborder l’enseignement que Jésus donne dans cet évangile comme on prendrait connaissance d’un corpus d’idées philosophiques ou morales. Il concerne l’insondable Mystère de la Personne Divine et ne saurait donc s’adresser à la seule faculté intellective de l’esprit humain.

Données introductives sur Jean 16,12-15

Évangile du dimanche 15 juin 2025 :	Sainte Trinité - Année C
Synopse de cet évangile :	Jean 14,25-26
Niveau d’enseignement :	Niveau supérieur : révélations de Dieu aux mystiques
Colliers évangéliques :	Filet de Jean : collier (L6) de la lumière de la Vérité Filet de Jean : collier (C5) du Fils unique du Père
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023) et Marie Mère de l’Église (2025).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 16, versets 12 à 15

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

J’aurai à nouveau beaucoup de paroles à vous faire réciter [par cœur] mais vous ne pouvez pas les porter toutes^[1] dès aujourd’hui.
Mais quand viendra l’Esprit de Vérité, Il vous inspirera comment agir dans la cohérence de la Vérité, car Il ne retiendra pas du foyer de Sa gorge ce qu’il a reçu du Père mais vous transmettra ce qui est préparé pour vous embraser^[2].
Il Me rendra gloire car Il recevra ce qui vient de Moi et vous l’annoncera.
Tout ce que J’ai à faire et dire est à attribuer à Mon Père car J’ai manifesté^[3] ce pour quoi mon Père m’a envoyé.

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Garder la Parole et en recueillir les fruits

Ce sont des « Paroles de Vie » que ce passage nous livre et, à ce titre, il porte beaucoup plus loin que ne saurait le faire la raison humaine ; laquelle raison est toujours limitée dans ses capacités de compréhension et désespérément réductrice par rapport au sens de la Parole.
Si Jésus les prononce, c’est pour qu’elles affectent dans la totalité de leur être ceux qui voudront bien les accueillir ; et en particulier ceux qui, pour avoir suivi l’école des rabbis et des lévites, seront capables de « les garder » dans leur cœur, en les méditant et en les ruminant pour leur faire donner une abondance de fruits insoupçonnés.

Une anthropologie pour ouvrir à la vie spirituelle

Comme on le sait, Jean n’a jugé opportun, ni de décrire les détails de la Cène, ni de rapporter les mots que le Seigneur a prononcés en instituant la Sainte Eucharistie. Ce sont là des données concrètes que les synoptiques nous ont conservées par ailleurs, avec une grande fidélité.

En revanche, « l’apôtre que Jésus aimait » a transmis avec le plus grand soin les enseignements que le Maître a donnés à ses disciples, à différents moments de sa vie publique, au sujet de ce dogme central de la foi chrétienne qu’est le Mystère de la Sainte-Trinité^[1]. Parmi les Douze, Il était en effet chargé de transmettre avec fidélité l’enseignement supérieur de Jésus, ce qui l’a amené à former les disciples à une vie spirituelle profonde et à devenir un guide en matière d’expérience mystique.
Sa préoccupation majeure a donc été de faire entrer ses disciples dans une authentique démarche spirituelle ; et pour cela de les initier à un fonctionnement mental très particulier, propre à rendre possible une expérience qui excède de beaucoup les capacités ordinaires de la raison.

On peut dire en somme que, dans sa brièveté, l’évangile sur lequel il nous est donné de méditer aujourd’hui, propose à la fois une initiation mystique de haut niveau et une leçon très concrète d’anthropologie destinée à rendre les hommes conscients des gestes mentaux qui conditionneront le succès de cette démarche ; une démarche qui doit élever l’homme comme au-dessus de lui-même, pour le faire participer à la vie divine.

Cohérence d’un système

À prendre les Paroles de Jésus telles que Jean nous les rapporte, la Trinité nous apparait comme un système dynamique et cohérent. Il procède de ce que Marguerite Hoppenot appelait « l’implacable logique de l’Amour » ; c’est-à-dire de cette singulière logique qui est de nature à inspirer la cohérence que nous devons mettre dans notre foi et dans tous les aspects de notre vie humaine ; dans nos sentiments et dans nos pensées, aussi bien que dans nos actions.

Le mode opératoire de cette dynamique d’Amour, Jésus le décrit Lui-Même dans un petit scénario qui met en scène, non seulement le Père, le Fils et cet Esprit de Vérité qui procède de leur échange d’Amour, mais aussi l’homme lui-même ; cet homme faible et pécheur, mais qui est pourtant appelé, par la grâce de son Divin Rédempteur, à s’immiscer dans la procession de l’Esprit-Saint et à devenir ainsi participant de la vie même de Dieu.

Dans le foyer de la gorge

La circulation d’Amour qui descend du Père pour aller vers le Fils et qui, avec le Fils, remonte vers le Père en élevant avec Lui les hommes qui auront su accueillir et garder en eux la Parole de Jésus, telle est la représentation dynamique dont le croyant devra s’aider pour entrer dans le mystère trinitaire ; dans ce mystère auquel il devra configurer sa vie toute entière, en le méditant avec obstination et en le portant, pour suivre le mot-à-mot du texte araméen, « dans le foyer de sa gorge ». Cette belle expression fait référence à une conception de la culture biblique qui compare l’âme à une gorge – la néfesh – et qui en fait une sorte de connecteur entre l’extériorité de la vie matérielle et l’intériorité de cette vie spirituelle où l’Amour divin se déploie dans le Mystère de la Sainte Trinité.

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Pierre Perrier