Luc 4,14-21
Les royautés de la Terre et le Royaume de Dieu
Évangile du dimanche 26 janvier
Venu pour annoncer le Royaume de Dieu, Jésus se heurte chez les siens à une incompréhension qui ne va pas tarder à se transformer en amertume, puis en une franche hostilité. Le Roi qu’attendent les habitants de Nazareth n’est pas « le Roi du ciel » mais un roi comme tous les rois ; un roi de la terre dont ils attendent avant tout ordre social et prospérité matérielle.
Évangile du dimanche 26 janvier 2025 Seconde partie : |
3ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C |
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Synopse de cet Évangile : |
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Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 4, versets 14 à 21
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et Jésus reprit la route vers la Galilée plein de la puissance de l’Esprit[1] et le bruit s’en répandit dans toute la région,
- et Il enseignait dans leurs synagogues et toutes les bouches lui rendaient gloire.
- Et Il vint à Nazareth là où Il avait grandi et entra selon la coutume dans la synagogue le jour du sabbat, et Il se tint prêt debout pour faire la lecture.
- et Lui fut donné le rouleau du prophète Isaïe et Jésus ouvrit le rouleau et trouva le passage où il est mis par écrit :
- « L’Esprit du Seigneur Dieu est en Moi et voici pourquoi Celui-ci M’a oint : pour annoncer la bonne Nouvelle aux pauvres et annoncer la guérison à ceux qui ont le cœur endurci
- et annoncer la rémission aux captifs et rendre la vue aux aveugles pour libérer ceux qui sont brisés et annoncer une année de grâce du Seigneur puis le temps de la séparation [vers Dieu] ».[2]
- Et Il referma le rouleau et le donna au lévite et Il alla s’asseoir. Alors tous les yeux de ceux qui étaient dans la synagogue étaient rivés sur lui.
- Et Il commença à leur faire répéter entre eux : « Aujourd’hui s’est accomplie pour vous cette Ecriture parvenue à vos oreilles »
Commentaire et contexte de cet Évangile
Un léger malaise
En faisant la lecture dans la synagogue de Nazareth, et en y commentant le livre d’Isaïe, Jésus participe à une activité liturgique dont saint Luc précise qu’elle devait Lui être familière. Depuis Sa barmitsva qu’Il a accomplie au Temple de Jérusalem, Il joue en effet un rôle actif dans la vie de sa communauté et Il n’a sans doute jamais manqué une occasion de venir s’occuper « des affaires de son Père ».
Pourtant, en cette année 27, les choses se présentent d’une façon un peu inhabituelle. À lire le texte de Luc, on devine en effet qu’une certaine ambiguïté s’est insinuée entre Lui et son auditoire. Heureux qu’il se passe enfin quelque chose d’important dans leur village, les Nazaréens l’ont certes accueilli avec une vive satisfaction et ils sont maintenant suspendus à ses lèvres. Mais les paroles qu’ils y guettent sont celles qu’ils ont envie d’entendre et elles sont bien loin de refléter le Royaume dont Jésus vient leur annoncer l’avènement.
Un rabbi hors norme et qui fait des miracles
Pour comprendre la raison de ce malentendu sous-jacent, il convient de s’intéresser aux évènements qui se sont succédés pendant l’année écoulée.
A l’issue de Son baptême qui a eu lieu à la fin de l’année 26, Jésus est remonté vers Bethsaïde et Il a commencé à réunir autour de Lui un premier groupe de disciples.
Conformément aux usages du rabbinat, il en a choisi six ; nombre réputé idéal pour former un auditoire de haut niveau, capable de suivre un enseignement approfondi. Ce petit cénacle Lui a permis de se faire reconnaitre comme un véritable Maître, habilité à enseigner sur le parvis du Temple, à prendre part aux controverses publiques et surtout à former ses propres disciples.
Il a d’abord appelé à Lui quatre pécheurs de la mer de Galilée : Pierre et son frère André ; Jean et son frère Jacques. Puis sont venus se joindre à eux, en apportant chacun ses compétences particulières, Philippe qui exerce le métier de commerçant et Barthélémy qui est Juge dans la tribu de Naïm.
C’est en leur compagnie qu’Il est venu à Cana où on l’a vu changer l’eau en vin ; puis à Capharnaum où il a également opéré d’extraordinaires prodiges qu’on se raconte maintenant dans tous les villages de la Galilée ; et particulièrement à Nazareth, cette « ville des princes » dans laquelle Il a passé ses années de jeunesse et dont aucun habitant n’ignore son ascendance doublement royale : par Joseph, Il est l’héritier légitime du royaume de Judas, et par Marie, sa mère, de celui du Nord. Tous les Nazaréens caressent secrètement l’espoir qu’une prochaine restauration de la dynastie davidienne pourra s’opérer en la personne.
La prophétie qui va s’accomplir
C’est ainsi du moins qu’ils se plaisent à interpréter la phrase qui conclut le texte de Luc et que Jésus tire du livre d’Isaïe : « Aujourd’hui s’est accomplie pour vous cette Ecriture parvenue à vos oreilles »
Dans leur naïveté, les habitants de Nazareth imaginent que cet accomplissement sera la restauration politique d’un royaume de la terre et qu’elle assurera la prospérité matérielle d’Israël.
Aussi leur dépit sera-t-il grand quand ils comprendront que Jésus ne veut nullement qu’on l’enlève pour faire de Lui un roi comme les autres. Et l’on comprend le mauvais accueil que lui réserveront les siens quand Il reviendra prêcher dans sa chère patrie.
Accéder à la première partie (Luc 1,1-4) de la liturgie de ce dimanche.
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par Pierre Perrier
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