Luc 2,41-52
Jésus au Temple : un adolescent enseigne les docteurs
Évangile du dimanche 29 décembre
Le pèlerinage que la Saint Famille fait à Jérusalem après l’année de ses 12 ans, est l’occasion pour Jésus de faire sa bar-mitsvah. Cet examen de passage à l’âge adulte le place sous la direction de son père. Mais il prend aussi, grâce à Hillel, un autre sens que Marie et Joseph ne peuvent pas comprendre immédiatement.
Évangile du 29 décembre 2024 : | La Sainte Famille - Année C |
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Synopse de cet Évangile : | dans aucun autre évangile |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 2, versets 41 à 52
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et tous les ans venait pour eux le temps d’aller à Jérusalem dans la célébration de la Pâques.[1]
- Et vint ce temps là où, quand Il eut passé ses douze ans, ils montèrent à Jérusalem pour faire selon le rituel.
- Et quand furent accomplis les jours, ils partirent eux [seuls] alors que l’enfant Jésus était resté libre dans Jérusalem et Joseph et ses proches n’y pensèrent pas.
- Mais, supposant qu’il était parmi eux, ils firent un voyage d’une journée puis le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances.
- Et ils ne le trouvèrent pas, et ils retournèrent dans Jérusalem, et ils le cherchèrent.
- Et après trois jours ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des enseignants, les écoutant et leur posant des questions.
- Tous ceux d’entre eux qui l’entendaient s’étonnaient de sa sagesse et de son ouverture sur les points les plus brûlants.
- Et quand les siens l’ont vu ils furent étonnés eux aussi et sa mère lui dit : « mon fils as-tu pris en compte ce que tu nous as ainsi fait ? Voici que ton père et moi te cherchions angoissés. »
- Il leur dit : « où donc m’avez-vous cherché ? Ne saviez-vous pas que J’avais à être dans la maison de mon Père tourné vers ce qui lui appartient ? »[2]
- Sur le moment, eux ne comprirent pas ces phrases qu’Il leur avait dites.
- Et Il redescendit et alla à Nazareth avec eux et Il leur était soumis et sa mère composa la tradition de ce qu’Il avait fait.
- Et Jésus grandissait en stature et sagesse et en grâce devant Dieu et devant les enfants des hommes.
Commentaire et contexte de cet Évangile
Jésus fait sa bar-mitsvah, tel un « Parcours sup »
A douze ans, et malgré les menaces qu’Hérode fait encore peser sur sa vie, Jésus vient à Jérusalem en compagnie de Marie et de Joseph. Bien que le texte de Luc ne le dise pas de façon explicite, on peut penser qu’il profite de cette occasion pour effectuer sa bar-mitsvah ; cet examen qui constitue un événement majeur dans le cursus de formation d’un jeune Juif.
Cette cérémonie qui comporte une vérification des connaissances et des règles hébraïques, lui fait en effet franchir une étape. Elle lui permettra ensuite de suivre un cursus approfondi et de dépasser rapidement le niveau d’étude des "malpané"[1]. Grâce à l’enseignement reçu de sa Mère Il a en effet appris, depuis longtemps, à raisonner à la manière des rabbis.[2]
Sous l’autorité de son père
Jusqu’à l’âge de la bar-mitsvah, la formation des garçons est assurée en priorité par les femmes, à l’intérieur des maisons. Désormais, ils seront placés sous l’autorité des hommes et considérés comme des adultes. Ainsi Jésus pourra-t-il aller et venir à sa guise, et se montrer à Jérusalem sans être accompagné ; quitte à prendre le risque de se faire reconnaitre par les sbires du pouvoir qui ne cessent de pourchasser les héritiers de David. Il pourra surtout prendre la décision de poursuivre des études à un haut niveau ; en essayant de se faire accepter comme disciple dans l’entourage d’un rabbi en renom, capable de le guider dans son parcours et de valider ses enseignements.
Un docteur assis parmi les docteurs
Néanmoins Jésus n’est pas un jeune Juif comme les autres et le récit de Luc nous rapporte une circonstance qui paraît pour le moins inhabituelle ; aussi bien aux yeux de Joseph qui a désormais la responsabilité directe de son fils, qu’à ceux de Marie qui a reçu au Temple une éducation de très haut niveau et qui en connait donc fort bien les usages.
Il est important de bien comprendre la raison de leur étonnement quand ils retrouvent leur Fils : « assis au milieu des enseignants, les écoutant et leur posant des questions »
Selon la coutume en effet, et en bonne logique, Jésus devrait être debout devant ces vénérables docteurs et c’est eux qui - tenant le rôle d’examinateurs - devraient lui poser des questions et évaluer la qualité de ses réponses ! Il est en effet tout à fait invraisemblable que, du haut de ses douze ans, Jésus puisse ainsi jouer un rôle de maître qui le place à égalité avec les rabbis chevronnés et sûrs d’eux-mêmes qui composent son auditoire. C’est une situation qui met le monde à l’envers et qui appelle une explication.
Le naci Hillel
Pour qu’un gamin de cet âge ait pu en imposer à un aréopage aussi impressionnant, il a évidemment fallu que, pendant les trois jours qu’a duré le pèlerinage, il se passe quelque chose de singulier. Quelque chose que le texte de Luc ne rapporte pas de façon claire mais que l’on peut très logiquement déduire.
Il a fallu que les qualités de Jésus et sa clairvoyance dans l’interprétation des Ecritures soient reconnues et légitimées par quelqu’un dont l’autorité ne puisse pas être mise en doute. C’est-à-dire qu’un éminent rabbi le reconnaisse comme son disciple et lui impose les mains afin de le promouvoir Lui-Même au rang de rabbi d’Israël et de lui permettre de prendre avec autorité la parole dans les débats. Et le seul personnage qui, dans la Jérusalem de l’époque, puisse remplir de telles conditions n’est autre qu’Hillel, qui est « le Naci »[3] et a autorité pour régler les questions de croyance ; Hillel qui a été le « Addi »[4] de la Sainte Vierge lorsqu’elle a suivi sa formation au Temple et qui, avec Siméon et Zacharie, a reçu l’inspiration d’arranger son mariage avec Joseph. On peut penser que dans les propos de Jésus, Hillel a pu reconnaître l’enseignement qu’il avait lui-même donné à Marie...
Jésus fait un jeu de mot
C’est en ayant ces données à l’esprit que l’on peut comprendre ce qui se joue derrière les propos que Marie échange avec son Fils. Elle n’est pas du tout au courant de ce qui s’est passé entre Lui et Hillel et ne fait aucunement allusion à sa curieuse présence au milieu des docteurs de la Loi. Ce qu’elle a en tête c’est seulement le pèlerinage et cette bar-mitsvah qui fait passer son enfant sous la direction directe de son père. Quand elle dit « Vois, ton père et moi te cherchions angoissés », ce n’est pas pour rien qu’elle nomme Joseph en premier. Elle fait allusion à son nouveau rôle.
Quant à la réponse de Jésus il faut comprendre qu’Il doit la donner sourire aux lèvres et avec une légère pointe d’humour que sur le coup, ses parents ne peuvent évidemment pas comprendre. Maintenant qu’il a passé sa bar-mitsvah, il doit bien être aux affaires de son père … mais de quel Père s’agit-il au juste ?
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par Pierre Perrier
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