Luc 3,15-22

Le baptême de Jésus, le Messie, par Jean le Baptiste

Commentaire d’Évangile

Quand il parle de la venue du Messie, Jean-Baptiste ne fait pas seulement allusion à l’avènement d’un homme providentiel. Il annonce un « jugement de feu » que tout fidèle va pouvoir éprouver dans l’intimité de son cœur et qui lui ouvrira les portes du Royaume.

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 3, versets 15 à 22

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

15. Ce fut alors le temps^[1] où tout le peuple se mit à espérer en leurs cœurs que, le temps du Messie étant arrivé, Jean pouvait être ce Messie-là.
16. Jean en réponse aux questions [sur Celui qu’annonçaient les prophètes] disait : « voici que moi je vous baptise dans l’eau alors qu’un plus puissant que moi va venir dont je ne suis pas digne de délier les sandales, Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
17. Voici qu’est dans sa main le van pour nettoyer son aire, rassembler le blé dans son grenier mais Il brûlera la balle dans un feu qui ne s’éteint pas. »
18. Alors Jean se mit à enseigner aussi un ensemble de nombreuses autres choses et à annoncer au peuple des nouvelles à venir.
19. Sur le tétrarque Hérode quand il prit Hérodiade la femme de son frère et fait d’autres choses mauvaises ;
20. Il [Hérode] allait ajouter à tout cela de mettre Jean en prison et enchainé.^[2][3]
21. En ce temps là où tout le peuple se plongeait [dans l’eau du gué du Jourdain], Jésus aussi s’y plongea et au moment où Il priait, le ciel s’ouvrit.
22. Et L’Esprit de Sainteté entra en Lui en consanguinité de chair sous la forme d’une colombe et une voix se fit entendre venant du Ciel qui disait : « Tu es Mon Fils bien-aimé car en Toi se fait Ma Volonté ».

Commentaire et contexte de cet Évangile

Qui est le Messie ?

Dès la naissance de Jean, une folle espérance s’est emparée du peuple juif ; et pendant des années elle s’est transmise de bouche à bouche et de cœur à cœur dans toutes les montagnes de la Judée. Et maintenant cette même espérance attire quantité de fidèles qui désirent se faire baptiser dans le gué de Betharaba ; à l’endroit même où, après quarante ans de purification dans le désert, Josué et le peuple de Dieu ont franchi la rivière et sont entrés en Terre Promise.
La surprenante prédication qu’y fait alors le fils de Zacharie et d’Elisabeth, a rappelé à tout le monde l’étrange prophétie qui a été faite à son sujet, lorsqu’il est venu au monde ; une prophétie qu’en bons descendants de la tribu de Lévi, ses parents ont reçue comme une promesse :

« et toi petit enfant tu seras appelé prophète du Très-Haut, tu marcheras devant le Seigneur pour Lui préparer le chemin » Luc 1,76.

À écouter l’énergumène dont la voix résonne sur les bords du Jourdain, à considérer l’autorité avec laquelle il ose dénoncer l’adultère d’Hérode ou ajouter un nouveau rituel à la tradition religieuse, on sent bien qu’il y a en lui une puissance mystérieuse ; une force qui le dépasse et qui ne peut venir que du Ciel. À tous ceux qui écoutent ses paroles, elle donne le sentiment qu’avec ce jeune prophète le temps du Messie est bel et bien arrivé et que la Promesse de sa venue va enfin pouvoir s’accomplir.
Rien d’étonnant donc à ce que, dans cette foule qui, comme toutes les foules, ne demande qu’à ajouter foi aux prophéties, beaucoup se demandent si le Messie tant attendu n’est pas tout simplement ce mangeur de sauterelles qu’ils connaissent tous très bien et qui leur promet le salut en les baptisant avec de l’eau.

Jean annonce un jugement par le feu

En leur disant explicitement qu’il n’est pas le Messie, Jean lève évidemment toute ambiguïté. Il ne revendique que d’être le « précurseur » de « Celui qui doit venir » et dont il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Mais il faut voir qu’il dit cela pour annoncer l’avènement d’un jugement nouveau que le Messie va inspirer aux hommes ; autrement dit le développement d’une exigence morale plus radicale qui dépassera tout ce qu’on peut imaginer et appellera les croyants à un engagement plus profond dans la pureté de l’amour.
Le baptême de l’eau que Jean a institué est certes par lui-même un véritable trésor. Il suppose une pratique du pardon et du repentir et à ce titre il peut bien obtenir le salut des pêcheurs et instiller dans leur âme une réconfortante fraîcheur. Jésus va pourtant lui en substituer un autre qui sera beaucoup plus exigeant et d’une toute autre nature. Ce sera un baptême « de feu » dont Jean compare l’effet à celui d’une brûlure intérieure ; c’est-à-dire d’une blessure d’amour qui sera susceptible de guérir l’âme humaine en profondeur, en la délivrant de toutes traces de concupiscence, et de toutes les souillures du péché.

Le souffle de l’Esprit

Il faut s’arrêter sur la belle métaphore de ce « van » dont Dieu va se servir pour « nettoyer son aire ». Le texte de Luc l’utilise pour faire comprendre quelle sera la nature de ce jugement, et aussi le degré d’exigence morale qu’il appelle de la part du croyant. Un fois le blé fauché et rassemblé on le dépose sur une aire que l’on a préalablement nettoyée avec le plus grand soin. Puis on se sert d’un van afin de récupérer les graines et de chasser toutes les salissures qui risqueraient de contaminer la récolte ; laissant enfin le vent achever la besogne en chassant jusqu’aux plus insignifiantes poussières. Vent que l’araméen désigne significativement par le mot « rouah » ; lequel mot désigne également « Le souffle de l’Esprit ».

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