Jean 2,1-11
Les noces de Cana

Le fait que Jésus opère son premier miracle à la demande de sa mère et au cours d’un mariage, n’est pas du tout indifférent. Il dit toute la place que cette institution doit avoir dans l’annonce de la Bonne Nouvelle et le rôle singulier que Marie va jouer dans l’histoire du Salut.
Est-il en effet meilleure analogie pour évoquer le Royaume de Dieu, que l’image d’une famille fondée sur un échange d’amour entre deux époux ; ou sur ce lien fécond qui unit une mère et son fils ?
Données introductives sur Jean 2,1-11
Évangile du dimanche 19 janvier 2025 : | 2e dimanche du Temps Ordinaire - Année C |
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Synopse de cet évangile : | dans aucun autre évangile |
Complément d'information : | Marie Mère de l’Église pages 400 et 522 |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Colliers évangéliques : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 2, versets 1 à 11
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et pour le troisième jour furent célébrées des noces à Cana, un chef-lieu de Galilée, et la mère de Jésus était là.[1]
- Jésus et ses disciples[2] furent invités aux noces.
- Et le vin se mit à manquer et sa mère le dit à Jésus : « ils n’ont plus de vin ! »
- Jésus lui dit : « en quoi Moi et toi "Femme" sommes-nous concernés ? mon heure n’est pas encore venue. »
- Sa mère dit à ceux qui étaient en charge du service selon le rituel[3] : « paroles et gestes qu’Il vous dira de faire, faites-les ! »
- Or il y avait là des bassins en pierre, six, qui avaient été installés pour le rite de purification des judéens. Chacun mesurant deux fois deux mains sur trois de haut.[4]
- Jésus leur dit : « remplissez d’eau les bassins ». Et ils les remplirent à ras bord.
- Il leur dit : « puisez maintenant et portez au maître du banquet ». Et ils lui portèrent.[5]
- Et quand le maître du banquet eut gouté cette eau qui était du vin et ne sachant pas d’où cela venait, alors que le savaient ces serviteurs sacrés qui avaient puisé l’eau, il appela l’époux.
- Et il lui dit : « tout le monde sert d’abord le bon vin et quand on est grisé alors on sert le moins bon mais toi tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ! »[6]
- Ce fut le tout premier miracle que fit Jésus[7]. Ce fut à Cana en Galilée, ainsi fut manifesté Sa Gloire et ses disciples eurent foi en Lui.
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Commentaire et contexte de cet Évangile
Le commencement des signes que donne « rabbi Yeshoua »
Jésus est désormais un rabbi dont la voix va commencer à se faire entendre. Aussi est-ce en compagnie de ses disciples qu’Il vient à Cana. Conformément à l’usage, ils sont au nombre de 6. Quatre sont de simples pécheurs du Lac de Tibériade (Pierre et son frère André, Jacques et son frère Jean) ; un autre s’appelle Philippe et exerce la profession de commerçant. Quant au dernier qui est Nathanaël[1], il est le président du tribunal de la tribu d’Issachar dont Cana est le chef-lieu.
En répondant à l’invitation qui lui a été faite, Jésus a en tête tout le programme de sa journée. Il l’a sans doute commencée par un enseignement approfondi qu’Il a donné à ses seuls disciples. Après la noce, Il prévoit d’aller célébrer la Pâque avec eux, à Jérusalem où son titre de rabbi l’autorisera désormais à enseigner publiquement au Temple.
Analogie mariage / Royaume
En Orient la célébration d’un mariage n’est pas seulement la fête des deux mariés ; c’est aussi et peut-être surtout la fête de deux familles qui s’unissent. On y partage la joie d’assister à la naissance d’une nouvelle maison qui tiendra autant d’un lignage que de l’autre. La coutume est alors de faire devant les jeunes époux des rondes d’hommes et des rondes de femmes ; sortes de farandoles dans lesquelles les garçons et les filles des deux lignées se mélangent pour saluer l’avènement de la nouvelle famille qui vient de naître.
Si Jésus veut entamer sa vie publique par la célébration d’un mariage, c’est pour bien faire comprendre à ses disciples la nature féconde du Royaume qu’Il vient instaurer ; de ce Royaume des Cieux qui vivra de sa vie-même ; c’est-à-dire du « Précieux Sang » qui donnera corps à l’Église pour le Vie spirituelle des hommes et que symbolise le vin nouveau qui coule des urnes de pierre.
« Femme ! »
A Cana, Jésus n’est qu’un invité parmi d’autres, et s’Il est bien le cousin de l’un des nouveaux mariés, Il n’est en aucune façon responsable de l’approvisionnement en vin. C’est à un plus proche parent du marié de s’en charger. Ainsi la demande que lui adresse Marie, et l’insistance dont elle fait preuve en la circonstance, ont-elles de quoi étonner. Pour en saisir la signification, il faut se pencher sur la réponse que Jésus lui fait, en se demandant pourquoi Il emploie une expression qui à première vue peut sembler un peu cavalière, et à l’air de la rabrouer : « femme que me veux-tu ? ». C’est une expression qu’Il n’utilisera qu’un seule autre fois dans tout l’Évangile ; quand, sur le point de mourir, Il confiera le « disciple préféré » à sa mère, en prononçant ces mots : « Femme, voici ton fils ».
Le choix de ce mot est évidemment une allusion à la genèse et il faut bien comprendre qu’elle désigne Marie comme la « Nouvelle Ève » ; celle qui va réparer ce que la première a détruit. A la tentation que la femme de la genèse fit subir à Adam et qui a amené la chute de tout le genre humain, fait ainsi écho la douce sollicitation que Marie adresse à son Fils et qui va apporter le salut à tous les hommes.
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par Pierre Perrier
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19 janvier , par Erik
Bonjour Monsieur,
Comme à chaque commentaire de l’évangile dominical, Pierre Perrier apporte de précieux commentaires et précisions.
A propos des noces de Cana, deux questions surgissent :
- que Philippe soit un commerçant et Nathanaël un président de tribunal vient-il d’un texte apocryphe, ou de traditions orientales ou chaldéennes ?
- pourquoi les bassins sont-ils destinés aux purifications des Judéens alors que Cana est en Galilée ?
D’avance merci. Bien cordialement.
Erik
19 janvier , par Pierre Perrier
Bonsoir Monsieur,
Philippe est un surnom grec, employé par les commerçants hébreux pour faciliter les interactions avec les acheteurs grecs réticents aux prénoms hébraïques en raison de leurs récurrences ; les surnoms grecs des hébreux sont des outils de communication commerciale. En effet, Philippe vit à Bethsaïda, petite ville de pêcheurs à la frontière de la Décapole. Cette zone tampon peuplée de Grecs, fut fondée par Alexandre qui, après avoir dirigé l’empire parthe, en fut chassé, laissant néanmoins cet héritage culturel et linguistique.
Au contraire, Nathanaël a un surnom araméen signifiant qu’il est un puits de science juridique : Bar Toulmaï, fils de la jarre, « fils de la bibliothèque ». Il est gros propriétaire terrien. Son surnom loue sa bonne mémoire des Écritures, et l’on peut rapprocher ces indices pour l’identifier comme juge de sa tribu dont le chef-lieu est Cana : la fonction de juge du tribunal est en effet de tenir à jour les jugements qui y ont été rendus et les arguments employés pour rendre justice selon le Tanak (la Torah, les prophètes, les livres hagiographes), d’où la nécessité d’une profonde connaissance des Écritures et d’une excellente mémoire.
La précision sur la taille des jarres - leur dimensions permettant de laver les deux mains, à l’image de nos lavabos modernes - et leur nombre correspondent aux exigences du rituel religieux de purification des mains avant d’entrer dans la synagogue ou de participer à un repas important. Ce rituel de propreté est imposé par les pharisiens du temps de Shammaï (d’où leur nom de Jarre des judéens), à partir des règles simples du Lévitique. Alors que les Galiléens percevaient ces multiples prescriptions comme contraignantes, les pharisiens y voyaient un moyen de légitimer leur autorité et leur place de dirigeant des communautés, supplantant le rôle traditionnel des Lévites, source de nos diacres, que Jésus veut rétablir.