Marc 9,30-37
Du plus grand aux plus petits, la résurrection passe par une spiritualité d’enfant
Commentaire d’Évangile
Accepter, malgré ses richesses, d’être le plus petit des serviteurs et accueillir la Parole de Dieu avec l’humilité de cœur d’un enfant (d’âge de raison et non, selon la traduction trop courante, d’un petit enfant) , c’est à la fois « la petite voie » que propose Sainte Thérèse et le chemin assuré de la résurrection.
Évangile du 22 septembre 2024 : | 25ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B |
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Synopse de cet Évangile : |
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Niveau d’enseignement : | 3ème niveau : Enseignements de Jésus aux apôtres (pour les prêtres) |
Colliers évangéliques : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc
chapitre 9, versets 30 à 37
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et quand ils partirent de là, ils traversèrent la Galilée et Il ne voulut pas que quelqu’un Le reconnaisse.[1]
- Car Il les faisait apprendre [ceci] en leur disant :
« quant au Fils de l’homme, Il sera livré aux mains des hommes...
et ils Le tueront... Il se relèvera le troisième jour. » - Mais ils ne comprenaient pas ce qu’Il disait et ils avaient peur de l’interroger.
- Et une fois rendus à Capharnaüm et quand ils furent rentrés à la maison [de Pierre]
Ils les interrogea : « de quoi disputiez-vous sur la route, entre vous ? » - Mais ils gardaient le silence car sur la route ils disputaient entre eux de qui était parmi eux le plus proche [de l’enseignement] du Maître[2].
- Alors Jésus s’assit et Il appela[3] les Douze et Il leur dit :
« Celui qui veut être le premier qu’il soit le dernier des hommes
et le serviteur de tous les hommes » - Et Il prit un enfant et le fit se tenir debout au milieu.
Puis Il le serra dans ses bras[4] et Il leur dit : - « Tous ceux qui recevront en Mon Nom comme Moi avec cet enfant, c’est Moi qu’ils reçoivent.[5]
Et pour celui qui Me reçoit, ce n’est pas Moi qu’il reçoit mais Celui qui M’a envoyé. »
Commentaire et contexte de cet Évangile
De "l’esprit d’enfant" à la résurrection
Dans cette scène charmante où s’exprime toute l’affectueuse attention qu’Il porte à ses disciples, Jésus révèle un nouvel aspect essentiel de son enseignement ; une exigence qui est de nature à transformer radicalement la vie spirituelle et morale des hommes de son temps. Il s’agit de la nécessité pour le croyant de renouer avec l’ « esprit d’un enfant qui veut grandir » et dont il est dit qu’il est seul capable d’ouvrir aux hommes les portes du Royaume des Cieux.
C’est une révélation à la fois si capitale et si nouvelle que, pour en signifier l’importance, le texte de Marc n’hésite pas à la mettre en parallèle avec l’annonce de la Passion et de la Résurrection ; laquelle annonce est exprimée dans les premières lignes du texte, quand le Seigneur déclare :
« quant au Fils de l’homme, Il sera livré aux mains des hommes... et ils Le tueront... Il se relèvera le troisième Jour »
Un peu comme leur Maître est revenu à la vie, les disciples devront donc désormais apprendre à quitter leur mortifère mentalité d’adulte et à retrouver la fraîcheur et la naïveté de leur cœur d’enfant ; en débarrassant leur esprit de ses pesanteurs savantes. C’est grâce à cette résurrection du cœur qu’ils pourront accueillir la Bonne Nouvelle.
... Les premiers et les deniers...
Et pour cela, ils devront apprendre à occuper la place du dernier des serviteurs - du plus petit - en renonçant à l’esprit hiérarchique qui les anime peut-être déjà insidieusement et qui n’est pas sans exposer leur foi aux dangers que constituent l’orgueil de l’homme de pouvoir et l’esprit de suffisance que la science inspire trop souvent aux savants.
Certes Jésus ne les réprimande pas. Que pourrait-Il d’ailleurs leur reprocher ? Quoi de plus légitime de la part de ces 12 disciples que ce zèle qui les met en compétition pour apprendre à mieux mémoriser la Parole de leur Maître, et pour savoir l’enseigner à la foule avec la plus grande fidélité possible ? Et quoi de plus normal aussi de la part de ceux que le Seigneur a appelés en premier, que de briguer des postes à responsabilité où leurs capacités seront - leur semble-t-il - le plus utiles ? Chercher sa juste place au sein de l’institution ecclésiale, dont le Seigneur est en train de jeter les bases, ne saurait être considéré comme un péché ; et d’autres maîtres que Jésus pourraient bien y trouver leur compte, et louer une pareille émulation.
La « petite voie » de Thérèse
Or, s’Il ne leur fait aucun reproche, Jésus va quand même déranger profondément ses disciples dans le confort de cette situation trop humaine. Car la révélation qu’Il veut leur faire à travers ce court dialogue, est loin de correspondre à la mentalité que les douze partagent avec les hommes de leur temps.
Aussi est-ce avec une admirable finesse psychologique que le texte de Marc parvient à évoquer l’échange si subtil et si tendre par lequel Jésus parvient à éveiller leur conscience à une exigence morale et spirituelle toute nouvelle pour eux. A lire ces lignes, on L’imagine observant ses disciples ; portant aux lèvres un sourire plein d’indulgence et de tendresse, et s’amusant à susciter leur confusion en leur posant une question dont Il connait très bien la réponse :
– « de quoi disputiez-vous sur la route, entre vous ? » –
Question ironique mais qui a pour effet d’ouvrir doucement leur esprit et de leur révéler une double attente qu’ ils portent déjà inconsciemment inscrite dans le fond de leur cœur ; d’une part le désir de se mettre au service de ceux qui souffrent en pratiquant un véritable esprit de charité ; et d’autre part le désir de savoir accueillir la Bonne Nouvelle - la souartha - en ouvrant son cœur et son esprit à la façon d’un écolier attentif et docile qui laisse les paroles pénétrer en lui, sans y mêler d’autres savoirs reçus du monde, ni d’autres préoccupations que l’amour.
C’est la quête de cet esprit d’enfance qui anima toute la vie spirituelle de la « petite Thérèse » et l’entraina sur sa fameuse « petite voie ». Et c’est cet esprit que Jésus a passionnément voulu retrouver dans le cœur des hommes adultes qui venaient à Lui et prétendaient devenir ses disciples ; au point de les mettre en garde, avec une sévérité inhabituelle de sa part, contre cette terrible « géhenne de feu » qui attend ceux dont l’inconduite risquerait de faire trébucher et de faire perdre la foi à l’un de « ces petits » qui croient en Lui.
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par Pierre Perrier
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