La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 12,49-53

Jésus n’apporte pas le consensus, Il invite au discernement

Évangile du dimanche 17 août

par , académicien

Jésus n’a rien d’un agitateur politique qui ameute les foules et galvanise la fureur de ses partisans. C’est dans le cœur des tout-petits et des plus humbles qu’Il entend poser les bases de son Royaume ; d’un Royaume dont la construction ne se fera pas par la force de la volonté mais procédera d’un travail de Miséricorde qui éteindra les conflits et les haines, en rendant chacun bienveillant à l’égard de l’autre et attentif à ses misères.

Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :

Si les uns s’opposent aux autres c’est avant tout parce qu’il y a désordre. Les blessures et souffrances ne sont-elles pas le résultat de dysfonctionnements liés à une place inadéquate de chacun ? Le discernement que Jésus nous invite à faire consiste à reconnaitre, en humilité, notre place... et Sa place dans nos relations.

Données introductives sur Luc 12,49-53

Évangile du dimanche 17 août 2025 :

20e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :

Matthieu 10,34-36

Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Collier évangélique : Collier des diacres

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023) et Marie Mère de l’Église (2025).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 12, versets 49 à 53

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. [1]Ce Feu, Je suis venu pour L’allumer sur Terre et Moi Je voudrais que sa Flamme soit déjà brûlante.[2]
  2. Ce Baptême[3] dans lequel J’ai à être complètement plongé, Moi Je suis tout impatient que sa réalisation soit aboutie.
  3. Pensez-vous que Je sois venu apporter la "Shaïna"[4] sur terre ? Moi Je vous dis que non, mais plutôt l’usage du discernement[5].
  4. En effet à partir de maintenant, il y aura le discernement des places entre cinq hommes[6] dans une seule maison : trois contre deux et deux contre trois.[7]
  5. Les places seront discernées entre le père vis-à-vis du fils, le fils vis-à-vis du père, la mère vis-à-vis de la fille, la fille vis-à-vis de la mère, la belle-mère vis-à-vis de sa belle-fille et la belle-fille vis-à-vis de sa belle-mère.

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Évangéliser en commençant par le bas

Le projet de Jésus pour édifier son Église, c’est une évangélisation qui s’opère à partir du bas de la société. Elle doit prendre racine au sein même de la famille et dans le cœur de chacun de ses membres ; en particulier des plus petits.
Or, il faut voir que cette référence à la famille, dans un évangile dont les éléments sont essentiellement tirés du collier des diacres, peut paraître un peu en décalage par rapport à ce que l’on sait de l’organisation des premières missions d’évangélisation.

Leur organisation était essentiellement dévolue aux femmes. Libérées de la charge des malades grâce aux très nombreuses guérisons opérées par Jésus, elles pouvaient en effet assurer non seulement la catéchèse sous leur toit mais aussi les relations entre maisons voisines.
Les diacres, quant à eux, étaient chargés de faire converger ces petites églises, afin d’organiser d’une façon plus large l’ensemble de la communauté des croyants. Ils les faisaient participer à un enseignement collectif de la Parole et les réunissaient régulièrement autour de la liturgie festive des qoubalé[1] ; toutes activités qui étaient de nature à tisser des liens de solidarité sur toute l’étendue de la terre d’Israël, aussi bien entre les personnes qu’entre leurs maisons.
C’est dire que la visée du texte qui nous occupe ici dépasse très largement le thème de la vie domestique. Elle concerne cette grande « famille de familles » qu’était le peuple juif ; lui-même préfiguration de ce qu’allait bientôt devenir l’Église.

Éviter la fausse paix des "consensus"

Les conflits, les ressentiments et les haines qui déchirent la collectivité et troublent les qoubalé, c’est donc aux familles elles-mêmes qu’incombe leur règlement à la source. Les diacres pourront bien sûr prodiguer des encouragements et des conseils, mais ils n’en seront aucunement les responsables. Les membres de la maison et de la parentèle devront trouver en eux-mêmes le courage de mettre leurs différends sur la table, afin de pouvoir se parler avec franchise et se livrer ensemble à un travail de repentance et de miséricorde mutuelles. C’est-à-dire à un difficile exercice dont Jésus donne le principe en une phrase qui, dans sa concision, laisse entendre tous les risques qu’il comporte.

Le Maître fait en effet à ses disciples cette déclaration qui n’a pas dû manquer de les interpeller : « Pensez-vous que Je sois venu apporter la "Shaïna" sur terre ? Moi Je vous dis que non, mais plutôt l’usage du discernement. »

Dans la bouche de Celui qu’on appelle le « Prince de la Paix », une telle formule a évidemment quelque chose d’assez déroutant et il convient de bien en préciser le sens, avant qu’il ne soit dévoyé par des interprétations idéologiques et ne serve de justification à la sanglante dialectique de quelques révolutionnaires, toujours prompts à instrumentaliser les violences qui agitent le corps social jusqu’à son plus bas niveau.

Ce sens, on ne saurait le comprendre pleinement sans se reporter au texte araméen d’origine ; et en particulier au mot « shaïna » ܕ݁ܫܲܝܢܵܐ habituellement traduit par le terme « paix ». En effet, ce que désigne ce vocable, ce n’est pas du tout, comme on pourrait le croire, un état de quiétude et de sérénité[2]. C’est plutôt une dynamique qui a pour effet d’apaiser les conflits ; mais qui le fait en canalisant les haines contre un adversaire commun. Il s’agit en somme d’une paix artificielle qui n’a de réalité que d’apparence ; une fausse paix et une paix de consensus qui laisse les haines, les ressentiments et les rancunes sournoisement tapis dans le secret des cœurs ; là où ils ne peuvent que s’envenimer à force d’être ressassés.[3]

Racine des conflits et Baptême de feu

À cette fausse paix de consensus, Jésus demande donc qu’on substitue une paix véritable ; celle qui procède d’un discernement, en araméen « palgoutha » ܦ݁ܵܠܓ݁ܘܿܬ݂ܵܐ, honnête et difficile obligeant chacun à s’interroger avec sincérité sur la véritable source de ses inimitiés ; et aussi sur les rancunes qui peuvent dresser les uns contre les autres tous les membres de sa propre famille.

Lorsque sont évoquées les oppositions qui dressent : « les pères contre les fils », « les fils contre les pères » ; « les mères contre les filles, les filles contre les mères » ; et peut-être surtout « les belles-mères contre les belles-filles » et les « belles-filles contre les belles-mères »... ne s’agit-il pas de prendre en compte les réelles souffrances et blessures présentes dans chaque cellule familiale ?

En tous les cas, ces conflits gangrènent la vie domestique dans son intimité la plus profonde et, à les laisser prospérer, ne peuvent que saper par le bas l’Eglise tout entière ; des conflits auxquels Jésus demande qu’on mette un terme de la façon la plus radicale, comme Il le fit Lui-même, par le feu de Son Amour qui lui fit offrir Son Sang pour la rémission de Ses propres bourreaux et la consolation de beaucoup.

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