La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Jean 18,33-37

Jésus ouvre Pilate sur la Vérité et sur le Royaume

Évangile du dimanche 24 novembre

Pour nous préparer à accueillir la Bonne Nouvelle, Jésus montre à Pilate qu’il existe un Royaume des cieux au-delà de tous les royaumes de la terre et au-delà de toutes les pensées humaines, un Esprit Créateur qui est donné par le Père.

Données relatives à Jean 18,33-37 :
Évangile du 24 novembre 2024 :

Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers - Année B

Synopse de cet Évangile :
  • Luc 23,3
  • Marc 15,2
  • Matthieu 27,11
Niveau d’enseignement : 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Collier évangélique :
  • Colliers de la Passion

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 18, versets 33 à 37

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Alors Pilate rentre dans le Prétoire, et appelle Jésus et lui dit : « Es-tu celui que les judéens désignent comme leur roi ?[1] »
  2. Jésus lui dit : « Cela vient-il de toi-même ou bien d’autres le disent-ils à mon sujet ? »
  3. Pilate lui dit : « Moi je ne suis pas judéen, toi tu es enfant de ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi comme l’ayant-dit. »
  4. Jésus lui dit : « mon Royaume, celui qui est mien, n’est pas de ce monde-ci, mais d’un monde où mes serviteurs sacrés[2] auraient combattus pour que je ne sois pas maintenant livré aux judéens alors que le monde qui est le mien n’est pas d’ici. »
  5. Pilate lui dit : « Quel sorte de roi es-tu ? »
    Jésus lui dit : « Tu l’as dit je suis roi, et pour l’être ainsi je suis venu au monde pour témoigner sur la Vérité en sorte que tous ceux qui sont dans cette Vérité, entendent ma voix. »

Commentaire et contexte de cet Évangile

Quid est Veritas ?

« Qu’est-ce que la vérité ? », Jean 18,38. Cette question que Pilate posera à Jésus est lourde de conséquences philosophiques, et elle est restée justement célèbre. On peut dire en effet, qu’à travers elle, l’Evangile renouvelle totalement le problème de la connaissance, en l’ouvrant sur une dimension vraiment spirituelle.

Ce verset 38, qui suit l’évangile du jour, est celui-ci :

  1. Pilate lui dit : « quelle est cette Vérité ? »
    Puis ayant dit ceci, il sortit à nouveau auprès des Judéens et leur dit :
    « moi je n’ai pas trouvé en lui un seul motif de condamnation »

Dans le dialogue que rapporte cet évangile de Marc, elle renvoie en effet à deux conceptions qui se concurrencent dans l’esprit des hommes de l’Antiquité : l’une qui se rattache à la rationalité philosophique des Grecs ; l’autre qui procède de la tradition hébraïque.

Image d'illustration

Qu’est-ce que la vérité ?

Le Christ et Pilate

par Nikolaï Gay - 1890

Pour bien saisir l’enjeu de cette différence, il convient de comparer les termes de vocabulaire qui sont employés, d’une part dans les textes araméens d’origine et d’autre part dans leurs traductions en latin.
Pour exprimer l’idée de vérité, cette dernière langue ne dispose que d’un seul vocable « veritas ». Il renvoie à un mode de connaissance qui consiste en une simple adéquation de la pensée humaine avec son objet.
Au contraire, l’araméen dispose de deux termes bien distincts ; lesquels termes appellent des gestes mentaux de nature très différente et que l’esprit doit articuler l’un à l’autre afin d’obtenir une appréhension du réel qui ne consistera pas seulement en son décalque. Elle sera à la fois beaucoup plus complexe sémantiquement et spirituellement beaucoup plus riche.

La pédagogie attentive de Jésus

Or ce qui est important à remarquer dans ce passage de Marc, c’est que, s’adressant à Pilate, Jésus n’emploie pas ce deuxième mot mais bien le premier : « shrara ». Ce qui peut étonner, car on s’attendrait plutôt à ce qu’Il préfère le terme le plus chargé spirituellement.
Ce choix signifie que le Maître fait un effort de pédagogie pour se mettre au diapason de son interlocuteur ; pour penser à sa façon et lui tenir un langage qu’il soit capable de comprendre. Le Procurateur est sans doute un homme cultivé, et son « quid est Véritas » nous le montre même un peu comme un philosophe, mais ses raisonnements n’en sont pas moins ceux d’un administrateur de l’Empire romain. Et en tant que tel, il n’est nullement préparé à entrer dans la déconcertante logique de la Bible et dans les subtilités spirituelles qui caractérisent ce bizarre peuple juif dont l’Empereur lui a confié la gouvernance.
En bon pédagogue, Jésus procède donc avec lui de la façon la plus progressive. Avant que de lui annoncer la venue d’un « Royaume qui n’est pas de ce monde » et d’ouvrir son esprit à une autre réalité mentale, commandant un autre niveau de la vérité, Il commence par adopter son langage et par lui parler d’une réalité qu’il connait bien ; celle des royaumes de la terre. Et c’est seulement dans une deuxième étape, et en procédant par analogie, qu’Il pourra lui découvrir les choses du ciel.

La duplicité des prêtres

Il faut remarquer au passage que cette démarche attentive et délicate de Jésus n’est pas du tout celle qu’adoptent les prêtres qui veulent le faire condamner. S’ils ne se font pas faute de parler le langage de l’occupant, d’appuyer leurs arguments sur la logique du droit romain, voire même de flatter les valeurs de la culture païenne (morale, sagesse, vertu…), la véritable raison qui leur fait vouloir la mort de Jésus, est d’ordre religieux et ils la tiennent cachée. C’est au nom de César qu’ils veulent qu’on le fasse périr. Et sans doute sont-ils très contents que les lois de l’Empire ne leur permettent pas de faire eux-mêmes la besogne. Avec cet incirconcis de Pilate, ils ne veulent avoir à partager ni Vérité divine ni Royaume des Cieux.

Les deux niveaux de vérité et les deux royaumes

Venu pour sauver l’humanité toute entière, Jésus voudrait au contraire ouvrir les portes du Royaume à tous les hommes ; même à ceux qui auront le plus contribué à sa Passion.
Ainsi prépare-t-Il l’esprit et le cœur de Pilate aux réalités célestes en usant d’une analogie qui ne peut pas laisser indifférent un homme tel que lui ; c’est-à-dire un homme de pouvoir, conscient de ce que sont les hommes et les sociétés humaines.
C’est une très subtile analogie qui met en écho les deux royaumes dont parle le texte de Marc (ceux de la terre et celui du ciel) et les deux niveaux de vérité que la langue araméenne exprime à travers l’association de deux vocables différents : shrara et quoudsha.

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Le Christ devant Pilate

Mihaly Munkacsy
circa 1881

Musée d’Orsay


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