Jean 6,37-40
Être embrassé par le Fils pour vivre de l’amour du Père
Évangile du dimanche 2 novembre
par Pierre Perrier, académicien
Contrairement aux « valeurs » dont se gargarisent les idéologies modernes, l’amour que Jésus est venu semer dans le monde n’appelle ni ces débauches de bons sentiments, ni ces déclamations vertueuses dont les médias assaillent continuellement nos esprits. Aussi convient-il, pour en comprendre la véritable et subtile nature, d’oublier un peu notre mentalité d’homme moderne et de nous intéresser aux modes de pensée des premiers chrétiens.
Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :
Le chrétien n’est pas le "bon sauvage" de Jean-Jacques Rousseau. Pour lui, l’amour est un choix volontaire et difficile.
Données introductives sur Jean 6,37-40
| Évangile du dimanche 2 novembre 2025 : | Commémoration de tous les fidèles défunts |
|---|---|
| Synopse de cet évangile : | dans aucun autre évangile |
| Complément d'information : | Marie Mère de l’Église pages 294, 296 et 297 |
| Niveaux d’enseignement : |
1er niveau : catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) Niveau supérieur : révélations de Dieu aux mystiques |
| Collier évangélique : | Collier eucharistique (Pain de Vie) |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
|
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean
chapitre 6, versets 37 à 40
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Tous ceux que Me donne mon Père viendront auprès de Moi, et celui qui vient à Moi, ne l’embrasserai-Je pas ?[1]
- Je suis descendu du Ciel, non pas pour faire Ma volonté, mais pour faire la Volonté de Celui qui M’a envoyé.
- Or elle est bien Sienne, cette volonté de Celui qui M’envoie : que de tous ceux qui M’ont été donnés, Je n’en perde aucun et les ressuscite [tous] au Dernier Jour.
- Car cette Volonté, qui est celle de Mon Père, est que tous ceux qui voient le Fils et croient en Lui auront en eux la continuité des vies conscientes éternellement[2] et que Moi j’aurai à les ressusciter au Dernier Jour.
Revecez Etphata par email
grâce à notre lettre :
Commentaire et contexte de cet Évangile
Un amour à caractère familial
Ce qui fonde chez les premiers chrétiens la notion d’amour n’a en effet rien à voir avec les effusions sentimentales et les « idées généreuses » que nous avons coutume de coller derrière ce mot. En terre d’Israël, l’amour correspond à une notion très particulière à laquelle la langue araméenne a donné un nom : « raham ». Ce terme évoque la relation charnelle qu’une mère entretient avec son enfant mais il appartient aussi au champ lexical de la famille. Il renvoie surtout à un état d’esprit et à des comportements relationnels qui visent à rendre les membres d’une même parentèle solidaires les uns des autres, en leur inspirant un très fort esprit de dévouement réciproque et de compassion mutuelle.
Ni amour-sentiment, ni connivence d’ordre intellectuel, le « raham » a pour modèle la relation filiale et donc « familiale » que Jésus entretient avec Son Père au sein de la Trinité ; une relation que le Sauveur nous propose non seulement de vivre avec Lui à notre tour, mais encore de reproduire dans les relations que nous devons entretenir avec nos frères, nos sœurs et toute la tribu de nos parents et alliés.
Embrasser, un geste qui engage
Au-delà de son ouverture sur la vie spirituelle, cet amour a une dimension quasi charnelle qui s’exprime tout naturellement à travers un geste familier : le geste d’embrasser. Très pratiqué chez les hommes de la Bible (et encore aujourd’hui dans tout le monde oriental) ce geste très simple et très naturel est considéré par les Hébreux comme le signe tangible de l’amour et de la proximité profonde que Dieu veut partager dans un « cœur à cœur » avec chacun de ses enfants.
Cet amour « familial » qui engage l’homme tout entier, avec sa chair et son esprit, Jésus ne manque d’ailleurs jamais l’occasion de le partager avec ses disciples. C’est ce qu’on observe au cours du dernier repas ; lorsqu’Il presse sur Sa poitrine la tête de saint Jean, « le disciple qu’Il aimait ». C’est ce qu’on voit aussi avec saint Pierre, quand le Seigneur lui montre les autres disciples et lui demande : « M’aimes-tu autant que ceux-là ? » ; et c’est encore ce qu’on voit avec les petits enfants à qui le doux Maître ne manque jamais de manifester Son Amour par quelque caresse.
De cet amour qu’Il partage avec son Père, le Sauveur voudrait que les hommes s’inspirent pour le pratiquer entre eux, à leur tour ; comme le faisait la petite Thérèse, quand, en embrassant son père (qu’elle appelait son « roi ») elle transposait sur lui la relation amoureuse qu’elle entretenait avec Jésus dans le secret de son cœur.
Le geste d’embrasser exprime en somme la configuration qui s’opère entre deux êtres quand ils s’aiment comme peuvent s’aimer des frères ; une configuration qui demande une transparence totale et doit s’opérer avec une absolue confiance... avec cette confiance que Judas l’Iscariote trahira dans la nuit de Gethsémani et qui inspirera à Jésus cette sentence terrible :
« Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’Homme » Luc 22,48
La volonté d’aimer
Cet amour « familial » que Jésus est venu partager avec les hommes se place à un niveau qui ne va de soi ni pour Lui ni pour les hommes. Il est marqué du sceau d’une exigence absolue et n’est de nature à procurer ici-bas ni un bien-être douillet, ni un réconfortant sentiment d’enthousiasme.
Pour avoir part à la vie éternelle, l’homme devra faire preuve d’une volonté qui sera pour lui source d’épreuves. Elle consistera - paradoxalement - à se défaire de sa propre volonté pour se laisser configurer à la Volonté même de Dieu ; en s’abandonnant dans les bras de Son Fils qui Lui-même ne cessera de faire la volonté de Son Père ; en souffrant Sa Passion et en continuant d’aimer ses bourreaux et de souffrir pour eux dans Sa chair.
Jésus accomplit la volonté de Son Père, et Il invite ceux qui veulent s’approcher de Lui à en faire autant. Il ne leur suffira pas de se sentir attirés par Sa bonté et Sa Parole, ou d’adhérer à Ses enseignements. Accomplir la volonté de Dieu requiert de la part de l’homme un travail profond et bien réel. C’est un choix radical qu’il lui faut poser et mettre en pratique et cela commence par une purification de sa relation avec Lui. Une purification, qui passe par une lutte contre le mal et que Jésus propose à tous les hommes pour qu’ils avancent dans la sainteté et soient capables de vivre avec la Sainte Trinité une relation d’amour familial.
Annoncer la Bonne Nouvelle... nous concerne tous
Invitez vos proches à découvrir ce contenu en leur communiquant l'adresse de cette page (copier l'adresse) ou directement grâce à ces liens pour WhatsApp , Facebook , X (Twitter) , LinkedIn et sinon par email. Nous comptons sur vous.
Pierre PerrierRevecez Etphata par email
grâce à notre lettre :
Jésus parle près du trésor
James Tissot 1886-1896
Brooklyn Museum
Pour réagir ou partager cette page, retrouvez-la sur votre écran :
URL courte : https://etphata.org/157
Revenir sur l'Évangile de Dimanche dernier :
Luc 18,9-14 - Qui s'élève sera abaissé et qui s'abaisse sera relevé - Évangile du dimanche 26 octobre
Dieu est Miséricorde : telle est l’annonce centrale de la Bonne Nouvelle. Encore faut-il que les missionnaires sachent en expliquer le sens et que les fidèles apprennent à se laisser interpeller et transformer par Elle, dans le fond de leur cœur. Lire la suite >>
Évangiles avant et après Jean 6,37-40 :
Marie Mère de l'Église
Et moi j'ai vu et je rends témoignage
Un argumentaire raisonné pour un nouveau regard sur l’histoire de l’Église et des évangiles. Ce livre vient à la suite de Marie Mère de Mémoire et propose nombre de références rendant justice à la qualité des textes canoniques dans la langue de Jésus et mettant en évidence l’organisation de l’Église mise en place par Jésus ainsi que le rôle discret mais essentiel de Marie. Lire la suite >>
Église des origines
Les bonnes nouvelles du Vatican
Nous sommes heureux de vous annoncer deux bonnes nouvelles concernant la recherche sur l’Église des origines. D’une part, la sortie par les presses du Vatican des actes du colloque organisé en 2021 sur le thème de l’histoire des premiers siècles de l’Église. Colloque auquel, comme vous le savez, nous avions largement contribué. D’autre part, dans une lettre publiée ce 21 novembre 2024, ... Lire la suite >>
Un message, un commentaire ?
Vous êtes nouveau sur le site : S'inscrire.