La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 10,38-42

Béthanie : le service sacré de Marthe et la bonne part de Marie‑Madeleine

Évangile du dimanche 20 juillet

par , académicien

Une petite perle au contenu très dense.

Bien qu’il ait une forme extrêmement ramassée et ne comporte en fait qu’une seule et unique « perle », cet évangile de Luc exprime à lui tout seul un enseignement central, en même temps qu’un aspect extraordinairement novateur du Christianisme ; autrement dit d’une religion qui ne se contente pas de pratiques ritualisées et de codes de conduite, mais qui ouvre à chaque croyant la possibilité d’une authentique vie spirituelle ; ce qui signifie l’expérience d’un contact direct et surtout d’un échange « de cœur à cœur », entre un Dieu qui se fait « fils d’homme » et un homme qui, tout abonné qu’il soit au péché, est appelé, par grâce et élection divine, à devenir lui-même un enfant de Dieu.

Clin d'œil pour un nouveau regard sur la catéchèse :

À l’attitude de Marthe qui s’active à nettoyer la maison de ses impuretés, fait écho l’attitude de Marie-Madeleine qui laisse la Parole de Jésus nettoyer son âme, la purger des séquelles d’une vie dissolue. Devant Celui qu’elle considère comme le Messie, Marthe accomplit non pas des tâches domestiques, mais un service liturgique de purification rituelle qu’il faut mettre en perspective avec la purification spirituelle que Marie-Madeleine, assise aux pieds du Seigneur, met déjà en pratique. Chacune des deux sœurs prend ainsi sa "bonne part" mais celle de cette dernière est assurément la plus précieuse : ne consiste-t-elle pas à entrer dans une relation de cœur à cœur avec le Fils de Dieu ?

Données introductives sur Luc 10,38-42

Évangile du dimanche 20 juillet 2025 :

16e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :

dans aucun autre évangile

Complément d'information : Marie Mère de l’Église pages 281, 313 et 319
Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Collier évangélique : Collier de la Miséricorde

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 10, versets 38 à 42

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. [1]Et alors qu’ils étaient en chemin, Jésus entra dans un village et une femme, nommée Marthe, Le reçut dans sa maison.
  2. Elle avait une sœur, appelée Marie[2], qui était assise aux pieds de notre Seigneur et écoutait sa Parole.
  3. Or Marthe s’employait à faire un service sacré sur beaucoup de choses et elle survint en Lui disant : « Mon Seigneur n’est-ce rien pour Vous que ma sœur me laisse seule pour faire ce service sacré ? Dites-lui de m’aider. »
  4. Jésus répondit en lui disant : « Marthe, Marthe, tu es en train de préparer et de t’agiter pour beaucoup de choses.
  5. Une seule ici est nécessaire et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas enlevée. »

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Une famille choisie

Le récit que rapporte ici saint Luc met en scène les deux sœurs de ce fameux Lazare pour qui Jésus éprouvait une vive amitié et qu’Il ressuscita (Jean 11,1-45). Des deux sœurs, Marie-Madeleine est la cadette ; de sorte que c’est à Marthe qu’il revient, en sa qualité d’aînée, d’exercer l’autorité à l’intérieur de la maison.

Lazare, Marthe et Marie-Madeleine forment, à eux trois, une famille unie et qui jouit à Jérusalem d’une position sociale des plus distinguées. Le commerce des parfums, qu’ils pratiquent à grande échelle, les a en effet considérablement enrichis ; jusqu’à faire d’eux les plus riches propriétaires fonciers de la Ville Sainte. Une telle fortune fait d’eux de grands notables et les met sans doute en relation avec des personnages haut placés dans la hiérarchie du Temple. Cela leur assure évidemment une position extrêmement privilégiée ; mais une position qui ne les empêchera pas, au moment des premières persécutions, de tout laisser derrière eux pour aller porter la Bonne Nouvelle sur les côtes de Provence ; et pour lancer l’évangélisation d’une province de l’Empire romain appelée à devenir un jour « la Fille aînée de l’Église ».

Le travail sacré de Marthe

On ne peut comprendre ni le sens de l’altercation qui se produit entre les deux sœurs, ni le décalage entre leurs attitudes, si on ne se reporte pas au texte araméen d’origine. En effet, le mot qu’il utilise pour parler du travail auquel Marthe se livre ne désigne nullement, et comme on est spontanément tenté de le croire, une simple tâche ménagère. Il s’agit en réalité d’un travail à caractère religieux qui, lorsqu’il est pratiqué dans le Temple de Jérusalem ou à l’intérieur d’une synagogue, revêt un caractère sacré et s’inscrit dans le déroulement d’une liturgie.
Si Marthe prépare sa maison avec tant d’ardeur, c’est pour y recevoir dignement Celui qui va venir et dont la véritable identité de Fils de Dieu commence à se faire jour dans les esprits et dans les cœurs. Aussi est-ce avec le plus grand soin qu’elle en fait disparaître toutes les traces de poussière, de sang ou de pourriture qui risqueraient de s’y trouver encore et pourraient contaminer les visiteurs, leur faisant contracter une impureté et leur interdisant de ce fait de participer aux célébrations du Temple.

Marthe fait en somme ce que la loi juive commande que l’on fasse lorsqu’on accueille chez soi un lévite, un prêtre ou un prestigieux rabbi ; et elle le fait avec d’autant plus de cœur qu’elle sent bien, avec son intuition de femme, que Jésus est beaucoup plus qu’un Grand-Prêtre ou qu’un quelconque Lévite.
Par son travail sacré et rituel, Marthe fait en somme de sa maison un petit sanctuaire domestique. Et il faut bien comprendre que ce qu’elle reproche à Marie-Madeleine, ce n’est pas du tout d’être paresseuse, mais de ne pas faire à Jésus ce que la tradition commande de faire quand on reçoit dans sa maison un visiteur d’une telle importance.

La meilleure part pour chacun de nous

Evidemment, de son côté, Jésus ne tient rigueur à Marthe ni de son enthousiasme, ni de l’ardeur avec laquelle elle exécute à la lettre ce qui est commandé par les coutumes d’Israël et par une Loi dont Il n’est pas venu retirer un seul « iota ». Il cherche simplement à lui faire comprendre quel nouveau type de relation Il souhaite désormais établir avec chacun de ses disciples : une relation amoureuse dont sa sœur Marie-Madeleine fait déjà l’expérience. Marie-Madeleine a choisi non pas « la bonne part » - ce qui supposerait que celle de Marthe fût mauvaise - mais « la meilleure part » : celle que Jésus veut donner à chacun de ses disciples dont Il veut faire non pas « ses serviteurs » mais « ses amis ».[1]

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Jésus chez Marthe et Marie

Paul Leroy - 1882


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