La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 3,10-18

Jean-Baptiste ouvre le Temps du Messie

Commentaire d’Évangile

En baptisant dans les eaux du Jourdain, Jean-Baptiste renouvelle l’entrée du Peuple Élu en Terre Promise. Cet évènement historique prend désormais une nouvelle dimension qui est spirituelle ; c’est l’annonce du « temps du Messie ».

Données relatives à Luc 3,10-18 :
Évangile du 15 décembre 2024 :

3ème Dimanche de l’Avent - Année C

Synopse de cet Évangile :
  • Marc 1,7-8
  • Matthieu 3,11-12
Niveau d’enseignement : 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Collier évangélique :
  • Collier de Jean-Baptiste à Jésus

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 3, versets 10 à 18

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. Et la foule l’interrogeait et ils disaient : « qu’avons nous à prendre en compte dans ce que nous aurons à faire ? »
  2. Il leur dit en réponse : « qui a deux tuniques en donne une à qui n’en a pas et qu’il agisse de même pour la nourriture »
  3. Et vinrent aussi des percepteurs pour être baptisés et ils lui disaient : « toi qui enseigne, comment agir ? »
  4. Alors il leur dit : « n’exigez pas en paroles ou en actes plus que ce qui vous est imposé »
  5. Des soldats l’interrogeaient et lui disaient : « et pour nous comment aurons nous aussi à agir nous ? »
    Il leur dit : « ne brutalisez personne, et n’accusez personne et contentez-vous de votre salaire »
  6. Ce fut alors le temps[1] où tout le peuple se mit à espérer en leurs cœurs que, le temps du Messie étant arrivé, Jean pouvait être ce Messie-là.
  7. Jean en réponse aux questions [sur Celui qu’annonçaient les prophètes] disait : « voici que moi je vous baptise dans l’eau alors qu’un plus puissant que moi va venir dont je ne suis pas digne de délier les sandales, Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
  8. Voici qu’est dans sa main le van pour nettoyer son aire, rassembler le blé dans son grenier mais Il brûlera la balle dans un feu qui ne s’éteint pas. »
  9. Alors Jean se mit à enseigner aussi un ensemble de nombreuses autres choses et à annoncer au peuple des nouvelles à venir.

Commentaire et contexte de cet Évangile

La prédication de Jean-Baptiste ouvre « le temps du Messie »

Dans cet évangile, Luc rapporte un épisode crucial de l’histoire du salut. Il s’agit du moment où, avec la prédication de Jean le Baptiste, le Peuple Élu voit enfin l’avènement de ce « temps du Messie » qu’il espère depuis si longtemps. Ce sera une mutation radicale qui fera le passage entre l’Ancienne loi et la Nouvelle, et qui affectera en profondeur la mentalité des hommes. C’est ce que le texte de Luc exprime par une sorte d’antinomie qu’il suggère entre, d’une part, les préceptes moraux que Jean prodigue aux collecteurs et aux soldats venus le questionner sur les conditions d’une vie honnête, et d’autre part l’espérance que ceux-ci éprouvent et qui leur fait voir en la personne de Jean-Baptiste un possible Messie. Dieu a fait son œuvre dans le fond des cœurs, et Il a inspiré aux hommes d’Israël une soif nouvelle. Que ne sauraient étancher la morale pointilleuse prêchée par Shammaï[1].

Un nouveau rituel pour la Terre Promise

Pour faire comprendre à ses disciples ce qui est en train de se jouer, Jean se sert d’une métaphore qu’il tire de l’histoire d’Israël. Il institue en effet un nouveau rituel par lequel il fait mémoire du jour béni où Josué et les Hébreux traversèrent le Jourdain et firent leur entrée dans la terre que Dieu avait promise à leurs pères. Il met ainsi en écho le Baptême de repentance et de pardon des péchés qu’il est lui-même en train d’instituer, avec les 40 ans que le peuple a passé dans le désert et la purification qu’a représenté pour lui le franchissement du Jourdain ; ce franchissement qui a été un moment fondateur au cours duquel les 12 tribus ont ménagé un gué dans le lit de la rivière et se sont ensuite servies des pierres utilisées pour dresser le premier autel des sacrifices consacré à Dieu sur le sol même de la Terre Promise.

« Les témoins que Jésus choisit »

Désormais la prédication de Jésus va prendre le relai de celle du Baptiste, et l’Église va pouvoir se constituer sur Sa Parole ; grâce à un mode de transmission dont il faut voir qu’il n’aura rien, ni d’aléatoire, ni d’improvisé. Pour sauver son Peuple, Dieu a en effet un plan bien précis que Jésus va réaliser fidèlement, en suscitant des témoins qu’il choisit avec le plus grand soin afin de pouvoir confier à chacun une mission bien précise.
C’est notamment le cas de deux collecteurs d’impôt qu’Il éveille à la foi et entraine à sa suite en opérant devant eux des guérisons spectaculaires ; ici celle d’un paralytique, là celle d’un aveugle. Au premier, qui s’appelle Lévi, Jésus donne le surnom de Matthieu ; mot qui vient de l’araméen « mathai » et désigne un homme à la parole précise. Habitué à tenir des registres de compte, Lévi-Matthieu saura tenir avec fidélité la chronique des actions de Jésus et consigner « au mot près » la mémoire de ses enseignements. Le deuxième collecteur, c’est Zachée ; celui qui voit Jésus du haut de son sycomore et renonce aussitôt à sa position élevée dans l’administration romaine, pour mettre son sens de l’organisation et sa compétence de gestionnaire au service des pauvres et de leur espérance.

Le partage de la mémoire

Pour garder Son Enseignement, Jésus a Lui-Même inspiré la mise en place de tout un réseau de collecteurs et de transmetteurs. Rompus aux pratiques de la culture orale, ceux-ci ont la capacité de garder avec une absolue fidélité le dépôt d’une mémoire qu’ils fixent en « perles », qu’ils organisent en « colliers » et qu’ils s’empruntent les uns aux autres afin d’enrichir leurs propres trésors d’enseignements et de sagesses. Ainsi la mémoire d’André, qui fut le plus ancien témoin de Jean-Baptiste, a-t-elle été recueillie par Luc et transmise par lui à Marie dont il fut le secrétaire ; et ainsi intégrée dans les deux colliers que la Mère du Sauveur était elle-même en train de composer : le collier de la Passion-Résurrection et le collier de l’Enfance.

Ces sujets sont largement détaillés dans les livres proposés.

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Saint Jean baptisant sur les bords du Jourdain

Nicolas Poussin
1635 / 1637

Musée du Louvre


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