La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Marc 7,31-37

Miracle de Jésus : la guérison de l’homme sourd-muet

Commentaire d’Évangile

Le miracle rapporté ici par Marc a lieu dans la Décapole. C’est une zone tampon entre Romains et Parthes et où l’on parle latin, grec, araméen et même le celte[1] et où il n’est pas rare d’ajouter le geste à la parole pour mieux se faire comprendre. C’est précisément ce que fait Jésus en guérissant le sourd-muet.

Données relatives à Marc 7,31-37 :
Évangile du 8 septembre 2024 :

23ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Synopse de cet Évangile :
  • Jean 6,1-3
  • Matthieu 15,29
Niveau d’enseignement : 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Collier évangélique :
  • Collier eucharistique (Pain de Vie)

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Marc
chapitre 7, versets 31 à 37

Note de lecture : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, cette traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. A nouveau Jésus sortit de la côte de Tyr et de Sidon et vint à la mer de Galilée, cette fois aux marges de la Décapole.
  2. Et on Lui amena un homme sourd et muet et ils Lui demandaient de poser la main sur lui.
  3. Alors Il le tira hors de la foule et Il déboucha de Ses doigts ses oreilles, puis Il cracha [sur Ses doigts] et toucha sa langue.[1]
  4. Et Il leva ses yeux vers le Ciel et poussa un soupir et Il lui dit : « Etphatakh » ce qui veut dire : « toi, sois ouvert »[2]
  5. Et à l’instant même ses oreilles furent ouvertes et il se mit à parler distinctement.[3]
  6. Et Il les prévint de ne parler de cela à personne, mais eux, plus Il les prévenait ainsi et plus ils répandaient la chose.[4]
  7. Ils étaient en effet extrêmement surpris, disant [à tous] : Lui Il fait chaque chose si bien ! Il fait que les sourds entendent et que les muets parlent.[5]

Commentaire et contexte de cet Évangile

Un miracle dans un monde d’oralité

Pour bien comprendre le miracle dont Marc nous rend compte dans cet évangile, il est indispensable de le replacer dans son contexte historique et surtout dans son environnement culturel d’origine ; en tenant bien compte de l’anthropologie très particulière qui, selon la mentalité des Hébreux, doit présider au fonctionnement de la pensée humaine.
Au temps de Jésus, Israël était une société profondément religieuse dans laquelle personne ne doutait qu’un rabbi vraiment inspiré par Dieu exerçât une fonction de prophète et pût réellement guérir un malade en lui imposant les mains.[2]
Mais c’était aussi et surtout une culture de tradition orale dont Marcel Jousse[3] a montré qu’on y pratiquait l’art de « gestuer la parole » ; autrement dit de produire une pensée qui ne consiste pas en une combinatoire de concepts abstraits et de définitions squelettiques, mais qui procède au contraire d’un geste qui engage la totalité du corps ; geste qui permet à l’esprit de s’incarner dans le vivant (d’y prendre chair) et de devenir réellement réalisateur de ce que la parole exprime.

Jésus mime la guérison pour la provoquer

De même qu’une maman qui veut apprendre à son enfant à manger sa bouillie à la cuillère a naturellement le réflexe de lui mimer les gestes qu’il doit faire pour mâcher, pour avaler et pour déglutir ; de même Jésus prépare-t-il la guérison du sourd-muet en reproduisant avec son propre corps les deux fonctions qu’il veut rétablir dans le corps de l’infirme. Il ouvre son oreille malade en y portant ses propres doigts ; et Il remet sa bouche en état de parler, en humectant ses lèvres de la salive qu’il a prélevée sur sa propre langue.
Il se met en somme au diapason du sourd-muet pour mimer avec lui les gestes qui permettront à ses oreilles d’entendre à nouveau la parole et à sa bouche de la proclamer.

Une parole qui s’incarne et produit ce qu’elle énonce

L’efficacité de ces gestes corporels que Jésus communique au malade est évidemment secondée et comme renforcée par celle de sa parole.
Le mot etphata qui signifie « ouvre-toi », et qu’Il prononce en guérissant le sourd-muet, produit en effet un résultat analogue à celui qu’opèrent ses gestes guérisseurs.
Dans sa bouche, les trois syllabes « renforcées » qui le composent - (et) (Pha) (tha) - ne produisent pas seulement une énonciation appuyée de l’ordre qu’Il donne à la chair malade de l’homme qu’Il veut guérir. Elles constituent ce qu’on appelle une parole « performative » ; c’est-à-dire une parole qui agit vraiment, pour réaliser ce qu’elle énonce et l’incarner dans la réalité vivante.

Cette coopération du geste et de la parole qui se manifeste à l’occasion de ce miracle, montre à quel point Jésus fut un maître incomparable et divin dans la pratique de sa langue orale araméenne ; c’est-à-dire d’une langue où les mots prononcés sont enrichis par les enchainements et la rythmique d’une gestuation rituelle qui les explique et les incarne tout à la fois ; et aussi par les fluctuations de sens qu’opèrent les subtiles modulations que les voyelles on coutume d’introduire dans la récitation des textes composés dans des langues consonantiques, comme le sont l’hébreu et l’araméen.

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Jésus guérissant un sourd-muet

Bartholomeus Breenbergh 1625-1650

Source : Musée du Louvre

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