Matthieu 2,1-12
À la taille de l’étoile, les Rois-Mages reconnaissent la divinité de l’Enfant
Ce qui se joue, quand les Mages viennent adorer l’Enfant désigné par l’étoile, c’est la restauration de la dynastie davidienne ; chose dont Hérode ne veut évidemment pas entendre parler. Ce Prince-Messie ne risque-t-il de lui ravir sa couronne ?
Données introductives sur Matthieu 2,1-12
Évangile du Dimanche 5 janvier 2025 : | Épiphanie du Seigneur - Année C |
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Synopse de cet Évangile : | dans aucun autre évangile |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : |
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Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu
chapitre 2, versets 1 à 12
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- En ce temps-là Jésus étant né à Bethléhem de Judée sous le règne du roi Hérode, vinrent à Jérusalem des mages de l’Orient.
- Ils disaient : « Où est-il celui-ci, le roi des Juifs, celui qui est né ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
- Lorsque le roi Hérode entendit cela, il fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
- Et rassemblant tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, il leur demanda : « où devrait naître le Messie ? »
- Eux dirent alors : « à Bethléhem de Judée, car ainsi est-il écrit dans le prophète. »[1] :
- Toi aussi Bethléhem de Judée tu n’es pas la plus petite ville du royaume de Judée car tu es celle dont viendra un roi qui gouvernera mon peuple Israël.
- Et Hérode ensuite appela les mages pour recueillir la déposition sur ce qui leur avait fait découvrir l’étoile et apprendre le décompte sur le moment où elle était apparue.[2]
- Et les envoyant à Bethléem il leur dit : « allez et enquerrez-vous sans tarder sur l’Enfant et, quand vous l’aurez trouvé, revenez me l’expliquer pour que moi aussi j’aille Le vénérer. »
- Ceux-ci après qu’ils aient écouté ce qui venait du Roi s’en allèrent ; et voici que l’étoile qu’ils avaient vu en Orient s’en allait comme en premier devant eux jusqu’à venir se placer au-dessus de l’endroit où était l’Enfant.
- Ainsi quand ils virent l’étoile ils se réjouirent d’une grande joie.
- Et ils entrèrent dans la maison et ils virent l’Enfant avec Marie sa mère et ils se prosternèrent et le vénérèrent ; ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent des cadeaux, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
- Et ayant reçu en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, et par une autre route ils allèrent à leurs terres.[3]
Commentaire et contexte de cet Évangile
Le grand commerce de l’Orient et la course des étoiles
Avec leur marche sous les étoiles et leurs mains chargés de luxueux présents, les rois-mages semblent tout droit sortis d’un conte de fée. Pourtant ils appartiennent bel et bien à l’histoire et on peut inscrire leur visite à Marie et à l’Enfant de la crèche dans un cadre spatio-temporel bien défini ; celui du grand commerce qui se faisait alors, et depuis fort longtemps, entre la vallée de l’Euphrate et la terre d’Israël. Grâce au grand savoir des astronomes et des mathématiciens, les caravaniers pouvaient en effet faire le voyage facilement jusqu’à Jérusalem et Bethléem, en empruntant une route relativement sûre et qui avec le temps était devenue un véritable boulevard.
Les étoiles étaient de bienveillantes compagnes pour ces voyageurs[1]. Elles les aidaient à parcourir sans risque de s’égarer, les étendues inhospitalières qui séparaient la terre d’Israël et les grandes métropoles de l’Empire Parthe ; c’est-à-dire cette immense zone centrale où convergeaient alors les marchands de bijoux et de parfums venus de l’Arabie, de l’Inde et des pays du sud de la Chine. C’est dans l’une de ces caravanes de marchands que les rois-mages vinrent à Bethléem. Et en offrant à l’Enfant-Dieu, « de l’or, de l’encens et de la myrrhe », ils ne firent que lui donner un peu de ce qu’ils transportaient dans leurs bagages.
Des étoiles comme des signes
Or de l’astronomie à l’astrologie, il est facile et tentant de franchir le pas. Aussi les savants de Mésopotamie n’avaient-ils pas tardé à établir des connexions entre le mouvement des étoiles qui peuplent la voûte céleste et la destinée des grands personnages et des empires. Pour les hommes de ce temps-là, « naître sous une bonne étoile » n’avait rien d’une formule en l’air.
Ainsi, les « rois-mages » qui étaient en fait des prêtres de la zone iranienne, avaient-ils pris l’habitude de guetter avec avidité l’apparition de nouvelles étoiles et le passage inattendu des comètes ; toutes manifestations célestes auxquelles ils s’empressaient évidemment de donner un sens prophétique ; essayant de les relier à la vie d’hommes illustres ou à des évènements singuliers qui leur semblaient propres à conditionner la destinée des empires et le sort des habitants de la Terre.
Inquiétude d’Hérode et querelle dynastique
Avec ces facilités de transport et d’échanges, il n’est guère étonnant que la croyance du peuple d’Israël en la venue d’un « Roi-Messie » ait pu échauffer l’imagination des Orientaux et que les « Rois-Mages » de la Mésopotamie aient fait assaut de calculs et de conjectures pour découvrir le lieu de l’Occident où Il allait venir au monde.[2]
La difficulté vint de ce que, ni Hérode, ni les gens de pouvoir qui l’entouraient, n’avaient la moindre envie de voir apparaître un « Roi-Messie » qui risquait de s’emparer de la couronne et de les combattre. Dans la Palestine de l’époque, le problème dynastique était aussi incertain et épineux que le contexte politique était tendu.
Hérode en effet ne tenait sa couronne que du bon vouloir de l’occupant romain, et il vivait d’autant plus dans la crainte que, n’étant pas juif lui-même, il avait toujours l’impression que l’on complotait dans son dos pour l’abattre, et qu’on lui cachait des choses graves relativement à cette fameuse prophétie.
Systématiquement il avait fait mettre à mort tous les héritiers potentiels de la lignée royale ; à commencer par Héli-Joseph, le père de Joseph et grand-père de Jésus. Et il vivait avec la hantise permanente qu’un jour, un prince qui serait l’héritier légitime de David, ne vînt lui ravir le trône sur lequel il était si inconfortablement assis.
Or prince royal et héritier légitime de la lignée davidienne, Jésus l’était Lui-Même à deux titres : comme Fils de Marie, fille de Joachim et d’Anne, c’est à Lui en effet que devait revenir le royaume du nord ; et par Joseph, c’est de la Judée et du royaume du sud qu’Il était tout aussi légitimement le souverain[3]. Il était en somme Celui en qui pouvait se reconstituer l’unité de la dynastie royale d’Israël et le Royaume de Salomon ; comme pourrait un jour se reconstituer l’unité de la dynastie capétienne, si, par une étrange facétie de l’histoire, une dernière descendante de la maison d’Orléans venait un jour épouser l’aîné des Bourbons d’Espagne.
A ce sujet, voir notre commentaire : Nazareth rejette son roi : Jésus est-il le fils d’un charpentier ?
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par Pierre Perrier
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