Luc 6,39-45
Parabole de la paille et de la poutre

L’image d’un aveugle guidant des aveugles et les précipitant dans le fossé est un sévère avertissement que l’évangile de Luc adresse spécifiquement aux diacres. Pour ne pas risquer de compromettre la foi de ceux que l’Église leur a confié, ceux-ci devront se garder avec soin des fausses doctrines et des hérésies qui risqueraient de polluer leur esprit et par contagion, celui de leurs ouailles.
Données introductives sur Luc 6,39-45
Évangile du dimanche 2 mars 2025 : | 8ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C |
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Synopse de cet évangile : | Matthieu 7,3-7 & 10, 3-5 et 24-25 & 15,14 |
Complément d'information : | Marie Mère de l’Église pages 266 et 497 |
Niveau d’enseignement : | 1er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous) |
Collier évangélique : | Collier lévitique (Malpanoutha) |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 6, versets 39 à 45
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- Et Il leur dit une parabole : Celui qui est aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un fossé ?[1]
- Ce n’est pas au disciple d’être plus grand que son maître, mais tout homme, s’il est excellent pourrait être comparable à son maître.
- Alors comment peux-tu voir avec précision un bout de paille dans l’œil de ton frère, alors qu’une écharde de poutre bien visible, n’est pas visible pour ton œil,[2]
- et ensuite, comment es-tu capable de me dire avec insistance : « mon frère, accepte mon aide pour faire tomber ce petit bout qui est dans ton œil », alors que l’écharde de poutre que tu as dans ton œil à toi, tu n’arrives pas à la voir ! Hypocrite[3] ! ne soit pas naïf, c’est un attrape-nigaud, fais donc d’abord ton affaire de l’écharde qui est dans ton œil à toi et tu sauras rendre visible à toi la façon d’ôter le bout de paille hors de l’œil de ton frère !
- Il n’y a pas de bon arbre qui fasse de mauvais fruits ni non plus de mauvais arbre qui fasse de bons fruits.
- Tous les arbres en effet se reconnaissent à partir de leurs fruits, car sur des épineux pas de figues à cueillir ni sur des buissons des raisins.
- Un homme bon de son bon trésor fait sortir de son cœur de bonnes choses, et l’homme mauvais de son trésor mauvais fait sortir de mauvaises choses.
Car c’est de l’abondance du cœur que les lèvres en font la répétition orale.
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Commentaire et contexte de cet Évangile
Un enseignement pour les petits
C’est essentiellement aux diacres que s’adresse l’enseignement de cet évangile. C’est-à-dire à ceux qui auront la charge de transmettre la Bonne Nouvelle parmi les humbles ; avec la lourde responsabilité de donner un fondement solide à leur foi.
Et à ce titre, il n’est nullement étonnant qu’il prenne la forme d’une lumineuse parabole. Plus que les dissertations des philosophes qui se perdent si volontiers dans les nuées de l’intelligence (cf. la pièce d’Aristophane), et plus que les argumentaires des militants politiques qui entrainent les consciences à force de raisonnements sommaires et de slogans lapidaires, ce mode d’expression est en effet de nature à ancrer la Parole de Dieu dans la réalité vivante, et à en rendre ainsi la compréhension lumineuse pour le plus grand nombre.
Ce qui convainc dans l’Évangile, ce ne sont ni les discours théoriques, ni les spéculations abstraites ; mais plutôt les idées simples et claires ; celles qu’on exprime avec des mots de tous les jours et qui touchent avec justesse aux choses de la vie ; celles qui renvoient l’homme aux expériences heureuses ou malheureuses qu’il lui a été donné de faire personnellement au cours de son existence.[1]
Maintes fois Jésus en donne Lui-Même l’exemple ; lorsque, pour atteindre les cœurs et les intelligences de ceux qu’Il veut appeler à sa suite, Il prend soin de n’employer que des images liées à l’humilité de leur quotidien, à leurs travaux, à leurs joies et à leurs peines ; ainsi qu’aux expériences charnelles qu’ils ont pu faire des choses de la vie.
La foi : une expérience douloureuse
C’est évidemment à dessein que le texte de Luc compare les idées tordues et les doctrines pernicieuses dont il faut à tout prix que le diacre se protège, à une écharde qu’il s’agirait d’extraire d’un œil. En choisissant cette douloureuse opération comme métaphore, il suggère en effet une analogie entre cette expérience physique qui fait froid dans le dos rien qu’à y penser, et la souffrance que le maître risque d’infliger à son disciple en le corrigeant de façon trop sévère ; sans y mettre tout le discernement que la charité exige et en exigeant de lui ce qu’il n’attend pas de lui-même.
Suivre Jésus signifie prendre sa croix et cela ne saurait se faire sans douleur. Et c’est ce dont le diacre doit avoir bien conscience, s’il ne veut pas provoquer la chute de celui qu’il a mission de sauver. Sans provoquer l’aveuglement de celui à qui il doit transmettre la Lumière du Christ.
Humilité et Prudence
Aussi est-ce un conseil d‘humilité et de prudence que ce passage de l’évangile de Luc donne aux diacres. A le suivre, ils pourront conduire leurs ouailles sans craindre de leur faire partager leurs aveuglements ; sans risquer de les fourvoyer dans les méandres d’une pensée mondaine ou de les exposer à l’influence des idéologies à la mode.
L’humilité le garantira en particulier contre l’intellectualisme : ce travers qui tend à placer le disciple au dessus de son maître en lui faisant surinterpréter ses enseignements ou en le poussant à y ajouter des éléments qu’il tire de son propre cru et dont il ne maîtrise pas toutes les conséquences.
La prudence quant à elle, consistera à s’en tenir avec fidélité et bon sens à la Malpanoutha[2] qu’ils ont reçue des apôtres ; c’est-à-dire à l’enseignement avéré de l’Église. Laquelle Église propose des niveaux d’enseignement bien distincts, notamment un enseignement élémentaire que les diacres ont mission d’enseigner et un enseignement supérieur auquel ils pourront évidemment accéder en poursuivant un long cursus d’étude qui fera d’eux des malpané[3] ; mais dont ils ne devront pas chercher à enseigner le contenu aux humbles dont ils ont la charge et qui ne sauraient l’assimiler sans danger.
Concernant les commentaires d’évangile que nous vous proposons sur Etphata, nous savons ne pas pouvoir traiter chaque évangile de manière exhaustive. En revanche, nous aimerions vous proposer des documents de qualité.
À ce sujet, nous serions heureux d’avoir de l’aide pour nous relire afin de procéder aux corrections nécessaires : orthographe, ponctuation, etc … Cela les vendredis après-midi par échange d’emails.
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par Pierre Perrier
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Parabole de la paille et de la poutre
Domenico Fetti - circa 1619
Metropolitan Museum of Art - New York

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