Luc 18,1-8
La parabole du juge inique et la patience de la veuve
Évangile du dimanche 19 octobre
par Pierre Perrier, académicien
À travers l’exemple d’une veuve qui obtient justice à force de prières, de supplications et même de menaces, cette parabole de Jésus évoque l’arme la plus puissante que Dieu pourra donner à ceux qui auront su, dans leurs prières, implorer sa grâce avec suffisamment de foi et d’obstination : à savoir cette vertu de patience qui a permis à tant de martyrs de retourner le cœur de leurs bourreaux, en supportant leurs supplices avec une constance et une abnégation exemplaires. C’est une place singulièrement importante qu’occupe cet évangile dans le collier de la Miséricorde.
Données introductives sur Luc 18,1-8
Évangile du dimanche 19 octobre 2025 : | 29e dimanche du Temps Ordinaire |
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Synopse de cet évangile : | Dans aucun autre évangile |
Complément d'information : | Marie Mère de l’Église page 552 |
Collier évangélique : | Collier de la Miséricorde |
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. |
L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 18, versets 1 à 8
Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.
- [1]Alors Il leur dit une parabole de plus pour prier en tous temps et ne pas s’arrêter de le faire.
- « Dans un grand chef-lieu, il y avait alors un juge de haut rang qui ne craignait rien, ni venant de Dieu[2], ni venant des enfants des hommes[3], auxquels il n’accordait pas même son attention.
- Une certaine veuve était alors dans ce chef-lieu et venait auprès de lui en lui disant : "Fais-moi justice de ce qui vient de mon adversaire."
- Pendant très longtemps il ne le voulut pas, puis il se dit en lui-même : "Si venant de Dieu je ne crains rien, ni venant des enfants des hommes,
- néanmoins je vais intervenir parce que cette veuve va encore me fatiguer et à tout moment elle pourrait me saisir et en venir à me blesser." »
- Et notre Seigneur dit : « Entendez bien [en détails] ce qu’a dit le juge inique.
- Dieu n’est-Il donc pas prêt à faire la meilleure aide pour ses élus, eux qui crient jour et nuit, en leur transmettant son Esprit de patience ?
- Moi Je vous dis à vous qu’Il fera pour eux que justice sur Terre leur soit vite rendue mais seront-ils là, eux qui ont la foi, quand le Fils de l’Homme reviendra pour faire Justice ?
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Commentaire et contexte de cet Évangile
L’hypothèse d’un échec de Dieu
« ... mais seront-ils là, eux qui ont la foi, quand le Fils de l’Homme reviendra pour faire Justice ? »
Venant en conclusion de cette page d’évangile, pareille formule peut évidemment avoir quelque chose de passablement angoissant. N’évoque-t-elle pas la possibilité d’un échec final du plan que, dans son amour infini, Dieu a préparé et mis en œuvre pour sauver le genre humain ? Ne laisse-t-elle pas entrevoir une impasse eschatologique propre à nous faire douter de cette participation à la Vie Divine[1] que le Christ est venu apporter à ceux qui mettront leur foi en Lui ?
Certes il ne faut voir dans cette phrase qu’une simple hypothèse que Jésus propose à la réflexion de ses disciples. Elle vise à les rendre conscients de la gravité de ce qui doit se jouer dans le cours de leur existence. Mais nous devons rester intimement persuadés que la victoire du Ressuscité a été acquise une fois pour toutes et qu’elle sauvera de la mort tous ceux qui, ayant mis leur foi en Sa Parole, viendront prendre part à la Communion des saints et aux Noces de l’Agneau.
Un salut qui n’est pas acquis d’avance
Ce que le Seigneur nous rappelle en revanche à travers la dureté de ce propos, c’est que le salut du monde ne se fera ni sans nous ni malgré nous. Qu’il ne procédera pas d’un heureux déterminisme dont les conséquences se développeraient quoi qu’il advienne et grâce à une évolution plus ou moins mécanique qui obligerait la matière et l’esprit à s’accorder dans la teilhardienne perspective d’un prétendu « point Oméga ».[2]
Son salut, l’homme ne le fera pas à son insu. Il l’obtiendra d’abord et surtout par les mérites de Jésus-Christ. Mais aussi à la condition expresse qu’il y coopère lui-même activement, en portant toutes les croix que les aléas de sa vie lui auront donnés en partage, et en persévérant avec obstination dans la prière et la louange.
Une Miséricorde qui sauve les bourreaux aussi bien que les victimes
À la vérité, le risque de perdre la foi n’est pas plus grave quand il menace l’ensemble du genre humain que lorsqu’il concerne tel ou tel individu particulier. Dans cet amour infini qui est la réalité même de Dieu, un seul homme - fût-il le plus humble aux yeux des hommes - ne compte pas moins que l’humanité tout entière. Jésus, d’ailleurs, n’est-Il pas ce Bon Berger qui laisse la totalité de son troupeau pour partir à la recherche d’une seule brebis qui s’est égarée loin de Lui... et qui a pour Lui autant de prix que toutes les autres ensemble ?
Dieu ne saurait établir de hiérarchie entre ceux qu’Il aime. N’étant qu’Amour, Il ne peut en aucune façon « aimer moins ». Et c’est ce qui fait que la perte d’un seul de ses enfants est pour Lui la source d’une douleur sans comparaison ni limite.
L’esprit de patience
L’arme que le Dieu de Miséricorde a donnée à l’homme afin qu’il puisse persévérer dans les épreuves de la vie, c’est l’esprit de patience. Une patience dont il faut voir qu’elle possède une vertu doublement rédemptrice. Non seulement parce qu’elle peut obtenir justice et consolation pour la victime, mais aussi parce qu’elle est de nature à ouvrir les portes du Salut aux « juges iniques » et aux bourreaux ; lesquels se laisseront peut-être toucher par la force intérieure et la tranquillité d’âme de ceux qu’ils persécutent. La crainte que la veuve inspire à ce magistrat qui ignore ses plaintes autant qu’il se moque de la volonté de Dieu, le force à accéder à ses demandes et à lui faire justice. Ne viendra-t-elle pas aussi à bout d’ouvrir une brèche dans son cœur endurci ? Ne l’amènera-t-elle pas à prendre conscience du mal qu’il a fait ? Et à se défaire enfin de son cynisme et de son manque de compassion ?
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The Unjust Judge and the Importunate Widow
John Everett Millais - 1863
The Metropolitan Museum

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