La catéchèse des premiers chrétiens :
un trésor pour la nouvelle évangélisation

Luc 17,5-10

Augmenter sa foi rend le serviteur disponible

Évangile du dimanche 5 octobre

par , académicien

L’enseignement que Luc rapporte dans cet évangile et que Marie a sans doute tressé elle-même à partir des témoignages des fidèles, Jésus le dispense pour répondre à une demande expresse de ses apôtres. Il concerne l’attitude que devront adopter ceux qui recevront la charge de conduire la Mission. Il leur faudra faire preuve d’une disponibilité sans limite et n’attendre aucune récompense sur cette terre.

Données introductives sur Luc 17,5-10

Évangile du dimanche 5 octobre 2025 :

27e dimanche du Temps Ordinaire

Synopse de cet évangile :
  • Marc 11,22
  • Matthieu 17,20 et 21 ;21
Niveau d’enseignement : 2e niveau : enseignements de Jésus aux disciples (pour les diacres)
Colliers évangéliques :
  • Collier de la Miséricorde
  • Collier des diacres
  • Tresse de Pierre

Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles. Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse.
Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023) et Marie Mère de l’Église (2025).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 17, versets 5 à 10

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

  1. [1]Et les apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. »
  2. Et le Seigneur dit : « Si vous aviez la foi [grosse] comme une graine de moutarde, vous diriez à ce mûrier : "Déracine-toi et replante-toi dans la mer", et il vous obéirait.
  3. Mais qui d’entre vous, ayant un serviteur qui fait du labour ou qui fait paître les troupeaux, lui dira quand il revient des champs : "Maintenant, ce que tu as à faire est de t’asseoir."
  4. et ne lui dira-t-il pas : "Prépare mon souper, ceins-toi, et sers-moi jusqu’à ce que j’ai mangé et bu et, après cela, tu mangeras et boiras" ?
  5. Devait-il de la gratitude à ce serviteur pour avoir fait ce qui lui était commandé ? Je pense que non.
  6. De même, vous aussi, lorsque vous avez fait tout ce qui vous était commandé, dites : "Nous avons fait ce que nous devions faire et nous sommes des serviteurs à nouveau disponibles."[2]

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Commentaire et contexte de cet Évangile

Enseignement sur la mission

Dans leur désir de bien faire, les futurs missionnaires de la Bonne Nouvelle craignent en effet que leur foi ne soit pas assez forte et qu’au moment d’en témoigner devant les hommes leurs convictions ne viennent à vaciller. Aussi souhaitent-ils que le Maître leur explique clairement ce que recouvre au juste l’expression « avoir la foi » ; et surtout qu’Il leur apprenne à la faire grandir dans leur cœur et dans leur esprit. Ils veulent être capables de saisir le sens de Ses Paroles dans toute leur cohérence et savoir le transmettre en esprit et en vérité, sans commettre ni oubli ni infidélité.

Une mise en garde contre l’enthousiasme !

À leur question, Jésus répond par une mise en garde qui vise surtout à débarrasser leur esprit d’une idée préconçue et très prégnante. Attention, leur explique-t-Il, la foi n’a rien à voir avec ces émotions psychologiques et ces crises d’enthousiasme frénétique qui sont bonnes à émouvoir le cœur des poètes mais qui ne peuvent que flatter en eux leur goût de la romance. Ça n’a rien à voir non plus avec un paisible état d’âme dont on pourrait jouir et se délecter comme d’une sorte de rente spirituelle. Et c’est encore moins une récompense qu’on pourrait gagner d’un seul coup à la tombola du bonheur et qui serait de nature à vous apporter un repos assuré et durable.

Même si elle est un don que Dieu fait gratuitement à ses créatures et qui leur arrive dessus sans crier gare, la foi est toujours quelque chose qui doit se construire dans l’intimité du cœur, à partir des toutes petites choses de la vie et surtout au prix d’un travail qui doit s’opérer dans le secret des consciences ; d’un travail qui permettra à l’homme de coopérer à une œuvre de salut qui le dépasse infiniment et dont il doit savoir qu’il ne verra jamais l’aboutissement ici-bas.

Une toute petite graine pour bâtir une Église immense

Pour parler non seulement de la foi mais aussi de l’Église (qui doit reposer sur la foi de ses membres), Jésus utilise une double analogie. Il associe en effet deux images qui se font écho et se complètent : d’une part l’image de la graine de moutarde qui évoque la nature de la foi, avec sa croissance qui s’opère dans le cœur et qui peut être puissante ; et d’autre part l’image du mûrier qui renvoie quant à elle à la construction de l’Église.
La disproportion entre une minuscule graine de moutarde et la haute taille de l’arbre qui en procède évoque la croissance vertigineuse et la force que la plus mince expérience de foi peut acquérir dans le cœur d’un homme, quand il s’abandonne vraiment à la volonté de Dieu.

Quant au miracle du mûrier qui va se planter au bord des eaux douces de la mer de Tibériade, il évoque la construction d’une Église qui développera ses enseignements au contact de la vie et qui saura les associer en un tout cohérent et aussi solidement tissé qu’un foulard de soie. Le lecteur n’ignore pas que la soie est extraite du mûrier et de ses vers. Son fil peut être très fin et très long mais il nécessite un travail rigoureux ainsi qu’une extraordinaire patience pour être filé. Le mûrier doit notamment passer la saison de sécheresse les racines dans l’eau - source de vie - pour développer au maximum son feuillage et ses parasites que sont les larves et leurs cocons.

Pas de « pot de fin de chantier »

Cette Église procédera d’un miracle permanent qui la fera triompher à la fin des temps, quand Jésus reviendra sur les nuées et que la Jérusalem Céleste apparaîtra dans le ciel. Mais, au long de son histoire, elle n’en subira pas moins des revers, des éclipses et des persécutions. De sorte qu’elle restera à l’état de chantier jusqu’à la fin des temps et que ses bâtisseurs ne pourront ni prendre du repos ni faire la fête pour se féliciter des succès de leur mission.

Ils seront comme ces ouvriers que le maître de la moisson envoie en ne leur confiant qu’une partie d’un travail infiniment plus vaste et qui ne trouvera son accomplissement qu’au Ciel. Pas question pour eux d’organiser des fêtes pour se réjouir des succès de la mission ; et pas non plus de « pot de fin de chantier » qui donnerait à croire que le travail peut être achevé ici-bas. La récompense promise aux élus sera bien plus qu’une fête mais il faudra pour cela qu’ils attendent d’être au Ciel.

Des serviteurs pas si inutiles que ça

La juste compréhension de cet enseignement a souvent été obérée par des traductions malheureuses. Notamment par celle qui a prévalu le plus souvent et qui enjoint aux missionnaires de se considérer comme des « serviteurs inutiles ». Si elle a le mérite d’exprimer l’humilité avec laquelle les disciples devront transmettre la foi, pareille formule est pour le moins malheureuse et cela pour deux raisons. D’une part parce qu’elle ne rend pas compte de l’urgence qu’il y a de travailler à la mission et à l’édification de l’Église du Christ. D’autre part parce qu’elle présente le grave inconvénient de jeter un doute sur la valeur et sur la nécessité de leur action ; laissant accroire que l’évangélisation pourrait se faire seulement de façon miraculeuse, sans mobiliser la collaboration des apôtres et que l’Amour de Dieu pourrait se passer des hommes.
En disant : « Nous sommes des serviteurs à nouveau disponibles », elle exprime l’exigence d’un engagement incessant des missionnaires.

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