Luc 21,25-.-36

Apocalypse : des signes pour le temps de la fin

Évangile du dimanche 1^er décembre

Pour ouvrir l’esprit des hommes aux mystères de la fin des temps, l’Évangile pratique une subtile mise en forme de la Parole. Pour l’homme moderne ce devrait être une invite à renouveler les procédures de sa pensée et à rompre avec le caractère trop souvent réducteur de ses idéologies.

Données relatives à Luc 21,25-.-36 :
Évangile du 1^er décembre 2024 :	1^er Dimanche de l’Avent - Année C
Synopse de cet Évangile :	Marc 13, 24-27 et 33 Matthieu 24,29-31
Niveau d’enseignement :	1^er niveau : Catéchèse de Jésus aux familles, "dans les maisons" (pour tous)
Collier évangélique :	Colliers apocalyptiques
Note : Le découpage liturgique des évangiles ne révèle pas leur composition en damiers et en colliers de perles ; Rétablir cette connaissance - qui structure l'enseignement donné par Jésus Lui-même - apporterait richesse et facilité d'assimilation à la catéchèse. Consulter Les colliers évangéliques (2003) et La mémoire en damiers (2023).

L'Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc
chapitre 21, versets 25 à 36

Note de traduction : pour des questions de droits d’auteur qui nous empêchent de publier le texte commun, nous vous proposons ici une traduction de l'Évangile depuis la Vulgate latine et la Peshitta araméenne. Bien qu'imparfaite, notre traduction cherche à favoriser la conservation du contexte de ces deux traditions ecclésiales. La pertinence de cette page tient davantage au commentaire proposé à sa suite.

Et il y aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les étoiles, et sur la terre, l’oppression des païens à cause de la confusion, le bruit de la mer et des vagues.
les hommes sont ébranlés et par la peur et par l’incertitude de ce qui s’abattra sur le monde entier et par les armées des cieux qui se mettront en branle.
et alors ils verront le Fils de l’homme venir sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté.
Mais quand ces choses commenceront à arriver, réfléchissez bien^[1], car votre relèvement approche.
... La liturgie n’a pas retenue les cinq versets 29 à 33 qui proposent de réfléchir sur la parabole du figuier. Cette parabole encourage à cueillir les bons fruits de ce qu’on subit. ...
Mais prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent dans la débauche, l’ivresse et les soucis de cette vie, et de vous faire surprendre par ces jours [d’Apocalypse] :
car ce sera comme un filet^[2] tendu sur tous ceux qui habitent la Terre en toutes ses régions.
Veillez donc à chaque instant et prier afin d’avoir la force de traverser sereinement ce qui va advenir et d’être ainsi debout devant le Fils de l’homme.

Commentaire et contexte de cet Évangile

Une alerte dans le ciel

Ce court passage d’évangile comporte essentiellement une mise en garde. Il annonce la soudaineté avec laquelle s’opéreront, et les évènements de la fin des temps, et le retour glorieux du Fils de l’homme ; lorsqu’Il reviendra « sur les nuées du ciel ».
On dirait que tout le souci de Luc est ici de donner l’alerte ; de dire aux hommes (que la mort attend) l’urgence de se préparer pour cet évènement redoutable, en restant constamment éveillé et en prière.
Aussi convient-il, pour comprendre ce qui est vraiment en jeu derrière les scènes grandioses que Luc décrit en seulement quelques traits, de se reporter à d’autres passages de l’Écriture Sainte qui y font allusion ; et de les ruminer de façon systématique, en bon « appreneur » de la tradition orale ; c’est-à-dire en se rendant attentif à une savante pédagogie qui enseigne à composer et à méditer la Parole de Dieu en se servant de ces outils de mémorisation et d’organisation de la pensée que sont les « colliers »^[1].
C’est à cet usage que devraient servir les synopses dont nous prenons toujours soin de donner les références ; afin que le lecteur prenne l’habitude d’une lecture méditative, propre à éveiller des échos entre les textes et à lui inspirer des idées nouvelles.
Pour exemple, cet évangile de Luc a en synopse Marc 13,24-32 : Du bon usage des catastrophes.

« Le collier apocalyptique »

Dans le matériel catéchétique que s’est donné la première église, deux ensembles de textes sont consacrés à l’annonce de ces « temps de la fin ».
D’un côté, c’est un certain nombre de petits textes qui ont été fixés oralement et collectés au sein d’un grand ensemble thématique qu’on appelle le « collier apocalyptique ». Il rassemble les souvenirs de différents disciples et a permis à chacun des évangélistes de compléter sa propre mémoire, en y empruntant des « perles » susceptibles de servir à son projet de catéchèse.
De l’autre côté, c’est « l’Apocalypse » ; livre particulier que Jean a composé à Patmos sous la direction de Marie et à l’intention des mystiques^[2]. Il se caractérise par l’usage d’une très innovante et très complexe méthode de composition « en filet » qui permet une systématique et fructueuse mise en perspective des différentes perles.

De la catéchèse à la liturgie

Chacun des trois synoptiques concourt donc pour sa part à la composition du « collier apocalyptique ». Mais c’est toutefois à l’intérieur de l’évangile de Matthieu que les perles sont organisées avec le plus de rigueur et que le thème des temps de la fin est abordé avec le plus de force. Plus que Luc - dont l’enseignement était orienté vers le monde gréco-romain - et que Marc - qui avait pour mission de transmettre aux prêtres les enseignements de Pierre, Matthieu était en effet attaché à la tradition juive. Le public auquel il avait mission d’annoncer la Bonne Nouvelle était principalement composé de Juifs pieux, observateurs assidus de la loi et très au fait par conséquent des traditions prophétiques d’Israël.
Au nombre de 14, et complémentées par des bouts de textes empruntées à Marc et à Luc, les perles apocalyptiques comprises dans l’évangile de Matthieu forment un ensemble qui est non seulement très complet et très équilibré, mais aussi très approprié aux usages de la liturgie hébraïque. Celle-ci privilégiait en effet les systèmes à base 7 ; nombre auquel la tradition biblique attache une idée de perfection ; de sorte que les 14 perles apocalyptiques présentes chez Matthieu pouvaient fournir des lectures pour deux semaines consécutives d’enseignement à la Synagogue.^[3]

Les filets de saint Jean

Il faut remarquer qu’en rédigeant le texte de l’Apocalypse, Jean a un projet assez différent de Matthieu. Il ne s’attache pas seulement à décrire la fin des temps et les évènements qui en seront les signes annonciateurs. Il y propose une histoire de l’Église qui se déploie depuis les années 30 jusqu’à la victoire de la « Femme revêtue de soleil » et jusqu’au Retour glorieux du Christ apparaissant sur les nuées du ciel. C’est une chronologie dont les anges qui guide son cheminement lui font découvrir les péripéties dramatiques et dont il structure le récit grâce à cette fameuse composition en filet ; mode de composition dont il se servira d’ailleurs pour conférer à l’ensemble de son évangile un caractère étonnement polyphonique.^[4]

Annoncer la Bonne Nouvelle ... nous concerne tous

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par Pierre Perrier

le 23 novembre 2024

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Image d'illustration — Le Jugement dernier

Hans Memling (circa 1433–1494)

Musée national de Gdańsk

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