Le projet d’un nouveau regard
Le site etphata.org se propose de mettre en perspective les avancées de la science moderne (qui promettent de bouleverser notre vision du monde et nos modes de pensée) et les connaissances qui ont été récemment acquises sur les sources des textes évangéliques et la vie de l’Église dans le milieu judéo-chrétien du premier siècle, ou plutôt hébréo-chrétien.
Pareille mise en perspective pourra bien sûr étonner, tant les disciplines concernées semblent différentes. Mais elle ne manquera pas d’inspirer aux lecteurs de nouvelles interrogations et « un nouveau regard », tant sur les mystères de l’univers que sur les trésors de sagesse contenus dans les Saintes Écritures.
Dans le domaine des sciences
Les découvertes dont il s’agit ont commencé au début du siècle passé et elles se sont considérablement multipliées au cours de ces dernières décennies. Elles concernent toutes les disciplines de la recherche : aussi bien dans les « sciences dures » (physique, mathématiques, chimie, biologie …) que dans le domaine des « sciences de l’homme » (ethnologie, anthropologie, psychologie, neurosciences …) :
Aujourd’hui, elles semblent de nature à faire litière de la mentalité scientiste et des préjugés matérialistes qui encombrent encore l’esprit de beaucoup de chercheurs. Peut-être éveilleront-elles chez certains d’entre eux une nouvelle curiosité pour l’étude de la Parole de Dieu ?
Nombre de ces découvertes obligeront en tous cas les hommes du XXI e siècle à renouveler en profondeur les modalités de leur vie mentale et les opérations de leur pensée. On pense à ces révolutions épistémologiques majeures que sont la mécanique quantique, l’idée « d’incomplétude » dans l’arithmétique de Gödel, la théorie de Laplane sur « la pensée sans langage » et sur les « états de conscience vide » ; sans oublier les EMI (états de mort imminente) qui sont aujourd’hui considérés avec de plus en plus de sérieux par le monde de la recherche.
En ce qui concerne les origines du Christianisme
Elles ont donné lieu aux recherches et aux découvertes souvent spectaculaires d’une pléiade de chercheurs. Amorcés au milieu du siècle dernier par le père Marcel Jousse – grand spécialiste de l’oralité et fondateur de l’anthropologie du geste - ces travaux ont été poursuivis et ont vu leur champ considérablement élargi grâce aux recherches que Pierre Perrier et ses disciples ont consacrées aux pratiques de compositions et de transmission des textes qui étaient en usage au temps de Jésus. Ces recherches ont permis de faire des découvertes spectaculaires (comme par exemple la fondation de l’Eglise de Chine par l’apôtre Thomas), et de corriger quantité d’idées fausses et de préjugés qui ont longtemps obéré la crédibilité des textes sacrés. Elles ont notamment montré que, contrairement à la thèse habituellement reçue, les évangiles n’ont pas été rédigés en grec et à une époque tardive, mais que leur fixation s’est faite dès le premier siècle, dans la langue araméenne que parlait Jésus et surtout grâce à une savante pratique de l’oralité que les Hébreux avaient héritée de la plus vieille civilisation du monde ; celle de la Mésopotamie.
En faisant redécouvrir la richesse de cette tradition orale, et en en renouvelant la pratique, le PNR pourra mettre à la disposition de la Nouvelle Evangélisation un mode de catéchèse que Jésus a lui-même enseigné à ses disciples ; une catéchèse qui s’adresse prioritairement aux petits et doit se faire au sein des familles ; en apprenant les textes « par cœur » et en se les transmettant « de cœur à cœur ».
La création du « Projet Nouveau Regard » PNR
La création du PNR répond à un souhait du pape Jean-Paul II.
Au cours de son premier voyage en France, le Saint Père avait observé avec beaucoup d’inquiétude les nouvelles idéologies qui étaient en train de voir le jour dans les « cénacles parisiens ». Et c’est pour s’opposer à ce danger qu’il confia au cardinal Poupard le soin de créer un nouveau dicastère spécifiquement dédié à la culture. Parallèlement, il formula le vœu que soit créé un organisme permanent dont le rôle serait à la fois de tenir le Vatican informé du développement des nouveaux périls idéologiques et de fournir à l’Eglise les armes nécessaires pour y faire face sur le plan des idées.
Il s’agissait en somme d’encourager et de diffuser des travaux de toutes natures susceptibles de remettre en cause la « doxa matérialiste » qui semble avoir définitivement évacué la religion des débats intellectuels.
A ce jour, la mise en place de cette structure a donné lieu à deux colloques importants, propres à lui conférer une certaine visibilité. Le premier, de dimension internationale, a été organisé et financé par le Vatican en 2021. Il a porté sur la fixation des évangiles et les modalités de transmission de la Parole dans l’Eglise des origines.
Le second colloque s’est tenu à Saint-Maximin en 2023. Résolument pluridisciplinaire, il a donné lieu à des interventions relevant des domaines les plus variés ; que ce soit dans les sciences dures ou dans les sciences de l’homme.
Cinq domaines qui appellent un « Nouveaux regards »
Les contenus du site etphata.org se développeront autour de cinq grands thèmes sur lesquels les découvertes de la science et les études récentes consacrées à l’église primitive semblent pouvoir se faire écho et peut-être s’éclairer et s’enrichir réciproquement. Ce sont cinq thèmes qui appellent aujourd’hui un renouvèlement du regard.
1. Un nouveau regard sur la Matière
Notre compréhension du monde matériel a été largement transformée par une série de découvertes spectaculaires ; notamment la relativité, le théorème d’incomplétude de Gödel et surtout la mécanique quantique dont Bernard d’Espagnat a pu dire qu’elle « nous obligerait à remettre en cause les fondements ontologiques sur lesquels la pensée occidentale s’est construite depuis 2000 ans ». Désormais, il nous faudra abandonner les présupposés déterministes et mécanistes qui ont longtemps dominé pour nous représenter le monde matériel sous la forme d’un « champ de possibles » parcouru par un faisceau de mystérieuses informations. Une vision déroutante mais qui pourrait fort bien se révéler cohérente avec la moderne théorie de « l’intelligence design », et plus encore avec la croyance en la divine gouvernance de l’univers par le Verbe d’un Dieu Créateur.
2. Nouveau regard sur le cerveau humain
Le notions de « pensée sans langage » et de « conscience vide » (que Dominique Laplane a introduites dans le domaine des neurosciences), mais aussi les expériences de mort imminente (EMI) sont autant de découvertes qui ne manqueront pas de modifier en profondeur notre connaissance du cerveau humain et de son fonctionnement ; une connaissance qui pourrait bien trouver de précieux modèles, aussi bien dans le témoignage des mystiques de tous les temps, que dans ces savants procédés de mémorisation et de transmission de la Parole qui caractérisaient la culture de « style orale » du peuple hébreu.
3. Un nouveau regard sur les idéologies
Héritière de l’esprit des Lumières, de la dialectique hégelienne et d’un darwinisme encore considéré par beaucoup comme un dogme indépassable et fondateur de la modernité, l’intelligentsia occidentale est viscéralement attachée à une vision déterministe de la réalité ; mais à une vision qui, aujourd’hui, est mise à mal par la pensée scientifique moderne ; laquelle privilégie la notion d’indétermination et préfère penser le monde en termes de « probabilités ». C’est là une évolution qui ne saurait manquer de faire bouger les lignes, dans le champ des idéologies et de la réflexion philosophique.
4. Nouveau regard sur la religion
De même que les découvertes des sciences dures sont en train de changer notre vision du monde matériel, les connaissances acquises dans le domaine de l’anthropologie sont de nature à renouveler notre compréhension des anciennes liturgies religieuses et de toutes ces étranges croyances populaires dont la mentalité scientiste et les aprioris rationalistes nous ont fait oublier le sens. C’est notamment le cas avec les travaux de Marcel Jousse dont les théories sur « l’anthropologie du geste » et sur « la manducation de la parole », permettent de porter un nouveau regard sur le mystère de l’Eucharistie et d’en approfondir le sens.
5. Un nouveau regard sur l’écrit et la parole
En montrant que les évangiles n’ont pas été écrits en grec mais fixés en langue araméenne et selon les pratiques d’une riche culture de style oral, les travaux de Pierre Perrier n’ont pas seulement ouvert la voie à une nouvelle critique scripturaire. Ils débouchent sur une réflexion beaucoup plus vaste qui est d’ordre anthropologique et porte sur la manière de concevoir les mécanismes de la pensée. Soumise aux contraintes de l’écrit, la pensée des Grecs reste volontiers linéaire et discursive. Elle est liée à une logique de démonstration. Grâce aux « colliers » et aux « damiers » qui lui servent à composer les textes, la culture hébraïque fonctionne au contraire selon un mode plus global qui privilégie une logique de méditation et une pensée « plurielle ». Née à l’aube de la civilisation, cette manière de gérer la vie de l’esprit ne représente-t-elle pas, pour les hommes d’aujourd’hui, un trésor inestimable, propre à servir de modèle au grand reformatage de la pensée qu’appellent les évolutions de la science moderne ?
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Pierre Perrier
Dimanche 2 Juin 2024
Ancien Directeur des études avancées de Dassault Aviation, Chercheur au CNRS, Fondateur de l’Académie des Technologies, Membre de l’Académie des Sciences, Membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace (EU), Membre du National Academy of Technology (US), Président du Projet Nouveau Regard et de L’Évangile au Cœur.
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23 juin , par Michelle Marie
Je suis ravie de connaître votre projet, qui m’a été présenté par Alain et Brigitte Monestier. Cela vient éclairer de nombreux « phénomènes » dans ma pratique de la psychothérapie existentielle (issue de la phénoménologie), enracinée dans une « anthropologie chrétienne ».
Psychothérapeute, de foi catholique, pratiquante assidue, je ne me retrouve pas, toutefois, dans la manière dont l’institution catholique enseigne la Parole, la « morale » qui en découle et le rapport au corps. De même que, je suis très interrogative sur la manière de présenter et vivre le vis à vis homme/femme dans l’Eglise, ainsi que la façon d’enseigner « la résurrection et la vie » !
Découvrant vos travaux et redécouvrant, à travers vous et grâce aux livres d’Alain Monestier, ceux de Marcel Jousse, il me semble que nous avons des réflexions qui convergent.
22 juillet , par coué
Je cherche à connaître la réalité historique du Christ. Ce que je découvre sur ce site, déjà très riche, est un début de réponse. Mais peut on inclure le fait religieux dans la réalité scientifique ? Les travaux de Pierre Perrier semblent fondamentaux et fascinants pour avancer sur ce point..
2 août , par Pierre Perrier
Science et histoire
La question est à remettre d’aplomb dans l’autre sens : peut-on, dans la présentation médiatique actuelle des sciences, mettre la démarche scientifique occidentale trop matérialiste compatible de la réalité globale humaine y compris en réalité historique.
En logique mathématique cette science unique médiatisée est binaire, vrai ou faux : ou bien je trouve le modèle causale expliquant en descendant ou montant les valeurs mesurables jusqu’aux plus petites limites (les particules) ou les plus grandes d’un univers (unique où je suis contenu) ; dans mon projet scientifique explicatif du mouvement en quatre dimensions, l’explication des mouvements de tout jusqu’aux particules élémentaires et à tout l’univers ... ou bien il me manque quelque chose d’inaccessible du Tout mathématique (en cette approche binaire logique), et ceci est particulièrement dommageable pour une histoire d’une réalité comprenant des hommes et pour les sociétés humaines.
La logique des philosophes modernes gère un espace de mots décrivant des concepts pris dans ce monde dit "réel" des hommes est également en butée sur l’usage exclusif de la logique binaire excluant les gros mots non validés conceptuellement. Or l’approche de Socrate est mésopotamienne ou indienne ou chinoise mais pas binaire car elle réserve comme toute sagesse humaine en tous les temps et lieux au divin une place explicative en logique ternaire ou quaternaire avec la démonstration négative et c’est la seule logique mathématique complète.
L’occident athée reste le seul espace borné a priori en logique binaire. Et c’est suffisant pour la technologie dérivée de cette science restreinte mais les usages humains de la technologie binaire sont clairement inhumain et sans éthique. hélas ...
3 novembre , par Cardinal Louis Raphaël Sako
Cher Professeur Perrier,
Je Vous remercie de ce trésor : Vous êtes un Père de l’Église des premiers siècles ; près des sources de Vie.
Des mots parlant et édifiant ; fidèles à la Bible :
Que le Seigneur Vous bénisse.
Louis Raphaël Card. Sako